Type de document

États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature

Année de publication

1995

Langue

Français

Résumé

L'intérêt que l'IRSST porte au transfert de connaissances tient à ce que les résultats de recherche qu'il produit soient appliqués à l'amélioration de la santé et de la sécurité des travailleurs et à la réadaptation des travailleurs victimes de lésions professionnelles. Les connaissances ainsi générées doivent finalement donner lieu à des changements dans les milieux de travail: améliorations de l'environnement physique, modifications des pratiques organisationnelles et changements dans les comportements.

Le rapport présente les résultats d'une revue de la littérature sur le transfert de connaissances, à partir d'une recherche documentaire effectuée dans plusieurs bases de données et provenant de plusieurs disciplines. L'efficacité des interventions en matière de transfert de connaissances dépend de plusieurs facteurs qui sont regroupés sous quatre grands thèmes: la relation chercheurusager, les agents de liaison, le processus de transfert et le modèle utilisé.

La littérature parle abondamment de la relation chercheur-usager, présentée le plus souvent comme une distance culturelle entre le chercheur et le citoyen ou l'intervenant, et propose quelques voies de rapprochement entre ces systèmes. Compte tenu de la distance observée entre la recherche et la pratique et de la relative imperméabilité des frontières des systèmes sociaux organisés, le rôle central joué par les agents de liaison, ces acteurs qui agissent à l'interface des systèmes, a été largement reconnu. Il s'agit d'individus qui ont l'avantage d'être en contact aussi bien avec les chercheurs que les utilisateurs de la connaissance.

Dans certains cas, on parle d'agents de liaison spécialisés dont le rôle formel consiste à établir des liens entre les chercheurs et les usagers potentiels. Au niveau institutionnel, des organismes publics et parapublics, des sociétés savantes et des associations professionnelles favorisent l'accès aux connaissances disponibles et l'interaction entre les intervenants d'un même champ d'intérêt.

À la frontière de l'organisation, on a aussi identifié le rôle de portier. Ce rôle, qui peut être formel ou informel à l'intérieur des systèmes, est l'un de ceux qui ont le plus été traités dans la littérature sur le transfert de connaissances et de technologies. Le rôle de portier se situe donc aux limites de l'organisation pour tamiser l'information jugée pertinente et interagir avec les agents de liaison externes.

Le processus de transfert de connaissances comporte plusieurs éléments qui peuvent favoriser la mise en disponibilité des connaissances et leur appropriation par les ceux qui en ont besoin. La première étape du processus, celle de la création, consiste à générer des connaissances pertinentes pour mieux comprendre ou agir sur le réel. C'est le stade de la recherche, de l'invention, de l'innovation. L'importance de la participation des usagers éventuels à la création de la connaissance a maintes fois été signalée: les connaissances ont plus de chances d'être transférées si les usagers potentiels sont associés à leur conception d'une façon ou d'une autre, le plus tôt possible dans le processus.

La connaissance disponible doit être traitée pour être adaptée à des clientèles variées et à des applications particulières. Cette phase de transformation consiste à réorganiser la connaissance pour la rendre plus accessible, pour en faciliter la diffusion et le transfert; la recherche est utile dans la mesure où elle est traduite dans le langage de ceux qui sont susceptibles de l'utiliser.

Le succès de la diffusion des connaissances repose sur les caractéristiques de l'innovation, les canaux de communications utilisés (mass-médias et communications interpersonnelles), l'accessibilité de l'information en temps opportun pour influencer une décision, le système social sur lequel on doit agir pour favoriser la diffusion de l'innovation.

Si la diffusion constitue la dernière étape grâce à laquelle la connaissance est rendue accessible aux destinataires, la réception est la première étape du processus qui conduit à son utilisation éventuelle par les usagers. Tous les efforts de conception, d'adaptation et de dissémination sont inutiles si les personnes auxquelles la connaissance et l'innovation sont destinées ne sont pas réceptives à l'information qui leur est transmise. L'attention est beaucoup plus facile à obtenir lorsqu'un besoin est ressenti par les destinataires et qu'ils sont activement à la recherche de connaissances ou d'innovations pour répondre à un besoin perçu comme pressant.

Les variables affectant l'adoption organisationnelle d'une innovation ont surtout été traitées dans la littérature sur la diffusion de l'innovation; ce sont les caractéristiques de l'organisation destinataire, la capacité de traitement de l'information, la compétitivité du secteur industriel, l'interaction entre le fournisseur et l'usager.

Le concept d'utilisation de la connaissance est généralement employé pour décrire les applications qui découlent des résultats de la recherche en sciences sociales. L'utilisation de la connaissance requiert des changements aux niveaux individuels et organisationnels qui peuvent être difficiles à réaliser tant sur le plan technique que sur le plan psychologique à cause de la menace que représentent de nouveaux programmes. En ce qui concerne l'utilisation des résultats de recherche à des fins de conception de politiques, la littérature consultée démontre que, malgré toutes les bonnes intentions, la recherche est peu ou pas utilisée dans l'élaboration des politiques, même si elle est financée à cette fin; par ailleurs, elle peut contribuer de plusieurs autres façons à la prise de décision.

Enfin, après avoir décrit quelques modèles, les auteurs proposent de recadrer le transfert de connaissances en portant une attention plus grande sur le réseau d'acteurs impliqués dans le processus de création, diffusion et utilisation de la connaissance plutôt que sur le processus luimême. Plutôt que de considérer la connaissance comme un objet qui passe d'un système à l'autre, elle est présentée comme le produit de l'interaction des acteurs membres de systèmes sociaux reliés en réseaux plus ou moins formalisés. Ces interactions se réalisent dans un contexte historique, politique, social et culturel qui conditionne en partie la forme que prendra la connaissance. La mise en réseau des systèmes ne peut se réaliser que dans la mesure ou des problématiques communes réussissent à rejoindre les préoccupations et les intérêts des différents groupes concernés et que les connaissances produites par les membres du réseau compensent pour les coûts impliqués par la participation.

Mots-clés

Diffusion de l'information, Information dissemination, Information scientifique et technique, Scientific and technical information

Numéro de projet IRSST

0094-0010

Numéro de publication IRSST

R-099

Partager

COinS