Type de document
États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature
Année de publication
2025
Langue
Français
Résumé
L’exposition aux solvants organiques est une préoccupation majeure en santé et en sécurité du travail. Selon CAREX Canada, 22 000 travailleuses et travailleurs canadiens étaient exposés en 2016 au dichlorométhane (DCM), incluant 5 600 travailleuses et travailleurs québécois. Le DCM est notamment utilisé comme solvant dans les décapants à peinture et les dégraissants, comme milieu réactionnel dans la synthèse de produits pharmaceutiques et de pesticides et comme solvant pour l’extraction de substances organiques. En plus de ses effets irritants et cancérogènes, le DCM peut être responsable d’une carboxyhémoglobinémie par production endogène de monoxyde de carbone lors de sa transformation métabolique. La toxicité du DCM a mené à son interdiction dans l’Union européenne dans les décapants à peinture depuis 2012 et de nouvelles réglementations se mettent en place aux États-Unis afin d’interdire ou de limiter son utilisation. Au Canada, le DCM est inscrit sur la Liste critique des ingrédients des cosmétiques de Santé Canada et son usage est interdit dans les cosmétiques en aérosols. Ces mesures forcent les entreprises à travailler au remplacement du DCM dans de nombreuses applications.
C’est dans cette optique qu’une revue de littérature critique a été effectuée afin d’identifier les options de rechange au DCM. Pour ce faire, une recherche exhaustive a été réaliséedans 1) des bases de données bibliographiques; 2) des banques de données factuelles; 3) des rapports d’études de cas et 4) des fiches de substitution par utilisation. Une consultation de quatre banques de données d’exposition professionnelle a aussi été complétée afin de cibler les milieux de travail les plus préoccupants au regard de l’exposition au DCM. Deux outils d’analyse comparative ont permis d’évaluer les options de remplacement du DCM. Il s’agit du rapport de danger de vapeur (indice « Vapour Hazard Ratio » ou VHR), indiquant le potentiel de surexposition de différentes options de remplacement, ainsi que du système P2OASys (Pollution Prevention Option Analysis System) produit par le Toxics Use Reduction Institute (TURI) et permettant d’attribuer une cote aux produits chimiques selon différents critères (notamment en environnement, santé et sécurité). Finalement, les différents solvants de remplacement identifiés ont été analysés en regard du programme Safer Choice de l’U.S. EPA qui vise à informer sur le degré de vertitude des substances.
Les secteurs de la réparation des avions et automobiles (fuselage et carrosserie), de la production de produits chimiques organiques industriels et de produits du plastique (incluant les produits en mousse plastique), de la fabrication et de la réparation des structures de bois (rembourrage, matelas et sommiers, mobiliers de bureau, bâtiments publics et mobiliers connexes, cloisons, luminaires, armoires de cuisine), mais aussi ceux de la fabrication d’ascenseurs et d’escaliers mobiles sont propices à engendrer des situations de surexposition.
Dix-sept solvants de remplacement ont été identifiés avec à la fois un VHR ≤ 1000 et une cote P2OASys ≤ 6. Parmi ces solvants, on souligne les esters d’acides dicarboxyliques (DBE), le carbonate de propylène, le d-limonène, le lactate d’éthyle, les acétates, le diméthylsulfoxyde (DMSO), le méthylal (diméthoxyméthane), l’alcool benzylique (AB), l’isopropanol, et certains éthers de glycol. Les DBE, le lactate d’éthyle, l’isopropanol et l’acétate de propyle sont aussi des produits recommandés par le programme Safer Choice. D’autres substances présentant des enjeux plus importants en hygiène du travail, le N,N-Diméthylformamide (DMF) et la N-méthyl-2-pyrrolidone (NMP), apparaissent aussi comme des options de remplacement au DCM.
Toutes ces options de remplacement ne sont pas sans danger pour les travailleuses et travailleurs, et tout projet de remplacement du DCM devrait se faire selon une démarche organisée et systématique, soit la démarche en 9 étapes proposée par Gérin et Bégin (2002).
Abstract
Exposure to organic solvents is a major occupational health and safety concern. According to CAREX Canada, approximately 22,000 Canadians were exposed to dichloromethane (DCM) in the workplace in 2016, among them 5,600 Québecers. DCM is notably used as a solvent in paint removers and degreasers and in the extraction of organic compounds. It is also used as the reaction medium in the manufacture of pharmaceuticals and pesticides. DCM is irritating and carcinogenic, and it can also cause carboxyhemoglobinemia through endogenous carbon monoxide (CO) production during its metabolic transformation. Because of its toxicity, DCM has been banned in paint strippers in the European Union since 2012, and new regulations are being introduced in the United States to ban or limit its use. In Canada, DCM is included on Health Canada’s Cosmetic Ingredient Hotlist and its use is prohibited in aerosol products. These measures are forcing businesses to make efforts to replace DCM in a variety of applications.
With this in mind, a critical literature review was undertaken to identify alternatives to DCM. An exhaustive search was conducted in 1) bibliographic databases; 2) factual databases; 3) case study reports; and 4) substitution selection guides (fiches de substitution par utilisation). In addition, four occupational exposure databases were consulted to target workplaces where the risk of DCM exposure is greatest. Two comparative analysis tools were used to assess possible DCM replacement options: the vapour hazard ratio (VHR), which indicates the risk of overexposure with the different replacement options; and the Pollution Prevention Option Analysis System (P2OASys), developed by the Toxics Use Reduction Institute (TURI) to score chemicals according to environmental as well as health and safety criteria. Lastly, the alternative solvents identified were evaluated under the U.S. EPA Safer Choice program, developed to help in finding the safest products for human health and the environment.
Industries where overexposure is likely to occur include aircraft and automotive repair (fuselage and car body); industrial organic chemicals and plastic products production (including manufacture of plastic foam products); wood structure fabrication and repair (upholstery, mattresses and bedsprings, office furniture, public buildings and related furniture, partitions, lighting fixtures and kitchen cabinets); and the manufacture of elevators and mobile stairs.
Seventeen alternative solvents with a VHR ≤ 1000 and a P2OASys score of ≤ 6 were identified. These include dibasic esters (DBE), propylene carbonate, D-limonene, ethyl lactate, acetates, dimethyl sulfoxide (DMSO), methylal (dimethoxymethane), benzyl alcohol (BA), isopropanol and certain glycol ethers. DBEs, ethyl lactate, isopropanol and propyl acetate are also recommended by the Safer Choice program. Also listed as replacement options for DCM are other substances presenting more substantial occupational health issues: N,N-dimethylformamide (DMF) and N-methyl-2-pyrrolidone (NMP).
None of these DCM alternatives are without occupational risks, and an organized and systematic approach, like the nine-step method suggested by Gérin and Bégin (2002), is required in any DCM substitution project.
ISBN
9782897973216 (PDF)
Mots-clés
Chlorure de méthylène, Dichloromethane, Methylene chloride, CAS 75092, Remplacement, Substitution, Solvant organique, Organic solvent, Limitation de l'exposition, Limitation of exposure, Recommandation, Directive, Organisation de la prévention dans l'entreprise, Plant safety and health organisation, Revue de littérature
Numéro de projet IRSST
2019-0046
Numéro de publication IRSST
R-1207-fr
Citation recommandée
Couture, C., Lavoué, J., Sarazin, P., Valois, I. et Debia, M. (2025). Substitution du dichlorométhane (Rapport n° R-1207-fr). IRSST. https://doi.org/10.70010/CHWB3364