Type de document

États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature

Année de publication

2012

Langue

Français

Résumé

Nous avons entrepris la présente revue afin de mieux comprendre le risque de cancer associé aux travaux effectués dans les chantiers maritimes. Notre évaluation des causes de cancer chez les travailleurs qui exécutent ces travaux visait à orienter les personnes chargées de déterminer le montant des indemnités à verser en cas de maladie professionnelle. Nous avons à cette fin revu toute la littérature actuellement disponible et pertinente à l'évaluation du risque de cancer chez les travailleurs des chantiers maritimes. Un recensement des principaux types d'exposition aux agents cancérogènes connus présents dans les chantiers maritimes fournit un point de départ à cette revue, car il permet de déterminer le rôle potentiel des risques connus. La revue est principalement axée sur les études épidémiologiques réalisées auprès de travailleurs des chantiers maritimes afin de dégager des tendances reproductibles en ce qui concerne l'incidence du cancer et la mortalité par cancer, et ce, dans le but d'établir d'éventuels liens avec des risques connus. La revue tient également compte de la classification de plusieurs métiers exercés dans les chantiers maritimes (p. ex. peintre) qui ne sont pas nécessairement associés à un risque excédentaire chez les travailleurs des chantiers maritimes, mais que des organismes internationaux tels que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classent parmi ceux qui présentent un risque de cancer, sans toutefois préciser l'agent étiologique.

La revue prend en considération les risques actuels de cancer qui, en raison d'une période de latence de 5 à 40 ans entre la première exposition et le diagnostic de cancer, sont principalement fondés sur des expositions survenues entre 1930 et 1990. Il importe donc de souligner que les expositions et, par conséquent, les risques que nous évaluons peuvent relever de situations qui ne sont plus pertinentes pour la génération actuelle de travailleurs des chantiers maritimes, puisque des procédures plus strictes ont depuis été mises en place pour réduire au minimum les expositions dangereuses. Pour cette raison, toute conclusion relative aux taux de cancer liés à un métier donné pourrait ne pas être pertinente pour les groupes de travailleurs embauchés plus récemment, même si les risques peuvent toujours être présents.

Nous avons répertorié divers risques de cancer pouvant avoir un lien avec les chantiers maritimes, et nous avons tenté de déterminer si les risques de cancer associés à différents types d'exposition dans les chantiers maritimes présentaient un potentiel cancérogène pour les travailleurs de ces chantiers. Nous avons tenu compte de toutes les données disponibles sur les travailleurs des chantiers maritimes atteints d'un cancer pour tirer des conclusions sur l'importance des facteurs associés à un risque de cancer. En nous fondant sur cette revue, nous présentons, dans le tableau suivant, un résumé des cancers pour lesquels des études révèlent un lien avec l'exposition professionnelle dans les chantiers maritimes.

Il s'avère impossible de réaliser une évaluation quantitative approfondie des risques en raison du manque de données sur les expositions effectives, les antécédents de travail et les facteurs de confusion potentiels, comme l'usage du tabac. La revue présente néanmoins une évaluation sommaire de l'importance de chaque risque cerné. Pour diverses raisons, il est peu probable que bon nombre des études menées auprès de travailleurs des chantiers maritimes aient détecté tous les risques excédentaires de cancer.

(Le tableau est disponible dans le fichier)

Compte tenu des études épidémiologiques réalisées auprès de travailleurs des chantiers maritimes et d'autres groupes professionnels, la revue a permis de déterminer que l'exposition à l'amiante était la principale source de risque excédentaire de cancer chez les travailleurs des chantiers maritimes. Ce type d'exposition a entraîné des taux élevés de mésothéliome, de cancer du poumon et de cancer du larynx dans l'ensemble des travailleurs des chantiers maritimes. Les niveaux les plus élevés d'exposition à l'amiante et, par conséquent, le risque le plus élevé de cancer ont été relevés dans les chantiers maritimes avant le milieu des années 1970.

Les soudeurs et les peintres travaillant dans les chantiers maritimes présentaient des risques additionnels ou concurrents de cancer du poumon. En raison du manque de données sur les expositions en cause, le rôle de l'amiante et du tabagisme n'a pas été complètement élucidé chez ces groupes de travailleurs, bien que les études examinées révèlent invariablement l'existence d'un risque excédentaire de cancer. Les travailleurs du bois de toutes les industries sont exposés à un risque particulier de cancer de la bouche et du nez et de cancer nasopharyngien, et l'on ne s'attend pas à ce que ceux des chantiers maritimes fassent exception à la règle. Une étude a confirmé le risque auquel sont exposés les travailleurs des chantiers maritimes, mais le manque de données sur l'exposition rend impossible toute quantification de ce risque. De même, bien que les travailleurs du métal (machinistes) soient exposés à un risque reconnu de cancer de la peau découlant de l'exposition à certains fluides de coupe (FC), la mesure selon laquelle ce type d'exposition concerne les tôliers des chantiers maritimes demeure inconnue. Il a été démontré que le mélanome oculaire est lié à l'exposition au rayonnement ultraviolet chez les soudeurs et, par conséquent, bien qu'aucune incidence n'ait été relevée dans les études réalisées auprès de travailleurs des chantiers maritimes, il n'en constitue pas moins un risque professionnel pour les soudeurs qui travaillent dans ces chantiers. Les travailleurs qui exécutent des tâches nécessitant l'utilisation du rayonnement ionisant pour la construction ou la réparation de navires à propulsion nucléaire ainsi que les radiographes industriels peuvent être exposés à un risque additionnel particulier de leucémie, proportionnel au niveau d'exposition.

Nous avons, dans le plan initial de la revue, recensé 15 catégories professionnelles, et le tableau suivant résume les risques probables de cancer pour chacune de ces catégories ainsi que pour d'autres métiers recensés durant le processus de revue. Lorsqu'aucun risque particulier n'a été cerné pour un métier donné, les risques généraux associés aux travaux effectués dans les chantiers maritimes ont été pris en considération. L'huile minérale à laquelle sont exposés les graisseurs, les mécaniciens-monteurs de machines, les mécaniciens d'entretien et certains tôliers peut présenter un risque accru de cancer de la peau – cette information est indiquée ci-dessous – bien qu'aucun risque excédentaire de ce cancer n'ait été relevé chez les travailleurs des chantiers maritimes.

(Le tableau est disponible dans le fichier)

En ce qui concerne tous les cancers mentionnés ci-dessus, le risque tend à augmenter avec la durée de l'emploi et, dans de nombreux cas, le risque est plus élevé chez les personnes qui ont travaillé dans les chantiers maritimes avant 1980, alors que les pratiques d'hygiène étaient moins rigoureuses. La période de latence entre l'exposition et le diagnostic de cancer varie de 5 à 40 ans selon le type de cancer.

Abstract

The current review was initiated to better understand the cancer risk associated with working in shipyards. Our goal in assessing the causes of cancer among these workers was to guide those responsible for determining compensation for occupationally-related disease. With this objective all currently available literature, relevant to assessment of cancer risk among shipyard workers has been reviewed. A review of the main exposures to known carcinogens in shipyards gives one starting point for the review by identifying the potential contribution of known hazards. The review concentrates on epidemiological studies of shipyard workers aimed at identifying reproducible patterns of cancer incidence and mortality with an objective of understanding any associations with known hazards. The review also takes account of the classification of several shipyard occupations (e.g. Painter) not necessarily associated with excess risk among shipyard workers but with occupational exposure classified as carcinogenic by international bodies such as the International Agency for Research on Cancer (IARC), without specifying the causative agent.

The review considers today's cancer risks, which, due to a latency period of 5 to 40 years between first exposure and cancer diagnosis, are primarily based on exposures that occurred between 1930 and 1990. It is therefore important to note that the exposures and thus the risks that we evaluate may reflect circumstances no longer relevant to the current generation of shipyard workers, where stricter procedures are in place to minimise harmful exposures. For this reason any conclusion concerning cancer rates related to occupation may not be relevant to groups more recently employed, even though the hazards may still be present.

A range of cancer hazards relevant to shipyards have been considered and those showing an association with shipyard exposures were reviewed as a potential source of cancer risk for shipyard workers. All available data on cancer in shipyard workers are taken into account in concluding on the importance of those factors associated with a risk of cancer. From this review those cancers for which there is evidence of an association with occupational exposure in shipyards are summarised in the following table.

A refined quantitative evaluation of risks is not possible due to lack of data on actual exposures, employment history and potentially confounding factors such as smoking habit. Nonetheless the review includes a crude ranking of the importance of each risk identified. Many of the studies conducted in shipyard workers are, for various reasons, unlikely to detect all excess cancer risks.

(The table is available in the file)

The review concludes from epidemiologic studies of shipyard workers and other occupational groups that the main source of excess cancer risk among shipyard workers is asbestos exposure. This results in elevated rates of mesothelioma and cancer of lung and larynx for all shipyard workers. The highest levels of exposure to asbestos, and thus the highest cancer risk, occurred in shipyards before the mid-1970s.

There are some additional or competing risks for lung cancer for those shipyard workers employed as welders and painters. Due to lack of available data on relevant exposures the role of asbestos and smoking has not been fully resolved for those groups, however the evidence for some excess of cancer is consistently present in the studies reviewed. A specific risk of oro-nasal and naso-pharyngeal cancer exists for wood-workers in all industries and shipyards would not be expected to be an exception. The risk has been demonstrated for shipyard workers in one study but lack of data on exposure makes any quantification of risk impossible. Similarly, metal workers (machinists) have an acknowledged risk of skin cancer, derived from exposure to some metal-working fluids, however the degree to which these exposures are relevant to shipyards is unknown. Ocular melanoma has been demonstrated to be related to UVR exposure in welders and thus although no incidence was detected in all the studies of shipyard workers it nevertheless represents an occupational risk for welders working in shipyards. A specific additional risk of leukaemia, proportionate to the level of exposure, may be present for those working with ionizing radiation in building and repairing nuclear-powered ships or working as industrial radiographers.

In the original plan of the review 15 occupational categories were identified and the following table summarises the likely cancer risks for each of those, plus other occupations identified during the review process. Where no specific risks were identified for a particular occupation the general risks of shipyard working are relevant. Mineral oil exposure of greasers, engine fitters, maintenance mechanics and some sheet-metal workers may carry an added risk of skin cancer and this is noted below, although no excess of such cancer was seen among shipyard workers.

(The table is available in the file)

For all of the cancers described above the risk tends to increase with duration of employment and in many cases the risk is higher amongst those who were working in shipyards before 1980 when industrial hygiene practices were less stringent. The lag period between exposure and cancer diagnosis varies according to cancer type between 5 and 40 years.

ISBN

9782896315949

Mots-clés

Chantier naval, Shipyard, Cancer, Évaluation de l'exposition, Exposure evaluation, Réparation-accidents et maladies, Work compensation, Observation de longue durée, Long-term study, Relation profession-maladie, Occupation-disease relation, Soudage et coupage, Welding and cutting, Application de peintures et vernis, Painting, Cancer du poumon, Lung cancer, Mésothéliome, Mesothelioma, Cancer du larynx, Laryngeal cancer, Champ magnétique, Magnetic field, Rayonnement ultraviolet, Ultraviolet radiation, Fluide de coupe, Cutting fluid, Étiologie, Aetiology, Amiante, Asbestos, CAS 1332214, Cancer de la peau, Skin cancer, Cancer des fosses nasales, Nasal cancer, Cancer de la vessie, Bladder cancer, Québec

Numéro de projet IRSST

n/a

Numéro de publication IRSST

R-727

Partager

COinS