Type de document

États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature

Année de publication

2012

Langue

Anglais

Résumé

Le talc est largement utilisé dans différents milieux de travail, notamment dans les secteurs de la céramique, des peintures (peinture antirouille), des composés à joint pour gypse, des cosmétiques, du plastique et du caoutchouc. Puisque certains talcs peuvent contenir des amphiboles dont la trémolite, possiblement sous la morphologie asbestiforme (ou fibreuse) et non asbestiforme (fragments de clivage), il est important d'en connaître la provenance et la composition afin de mettre en place des stratégies de surveillance de l'exposition et des moyens de prévention adéquats pour les travailleurs et autres utilisateurs.

Plusieurs définitions et applications du terme amiante sont utilisées pour classifier les amphiboles, que ce soit dans les études sur les effets sur la santé, en surveillance de l'exposition ou à des fins réglementaires. Compte tenu des différents avis et études contradictoires sur le plan des définitions, des méthodes d'analyse, de la réglementation, et sur les effets sur la santé de la trémolite non asbestiforme, la CSST a demandé à l'IRSST de réaliser un bilan de la littérature portant sur la trémolite, présente dans le talc et la vermiculite, afin de clarifier les impacts sur la santé et la sécurité des travailleurs et de faciliter la mise en oeuvre des moyens de prévention dans le contexte québécois. Ce rapport couvre la synthèse des résultats obtenus pour la trémolite présente dans le talc. La vermiculite et ses constituants feront l'objet d'une autre étude.

L'objectif principal de cette étude est de produire un bilan et une synthèse des connaissances sur le talc trémolitique en relation avec les différentes morphologies, asbestiforme (amiante) et non asbestiforme (fragments de clivage), et en fonction des paramètres suivants :

  • La métrologie (définitions, caractérisation des matériaux, échantillonnage et exposition);
  • La réglementation (normes et les critères réglementaires appliqués dans les différents pays);
  • Les données épidémiologiques sur les effets sanitaires.

Depuis le début des années 1990, plusieurs études se sont intéressées aux particules minérales allongées (PMAs) générées à partir du broyage et de la fracture de minéraux amphiboles non asbestiformes, définies comme les fragments de clivage. Plus particulièrement, les études ont porté sur la trémolite, contenue naturellement dans certains gisements de talc et de vermiculite, minerais qui sont utilisés dans différents produits de consommation. L'information est toutefois encore limitée sur les expositions et les effets sur la santé de ces PMAs.

Les experts, les analystes, les chercheurs et les scientifiques gouvernementaux n'ont pas réalisé de consensus sur la définition ou la différenciation des amphiboles asbestiformes et non asbestiformes (fragments de clivage). Si la distinction entre fragments de clivage et fibres asbestiformes est claire théoriquement, elle est plutôt obscure du point de vue analytique. L'utilisation de méthodes d'analyse complémentaires telles que la microscopie optique à contraste de phase, la microscopie électronique à balayage, la microscopie électronique à transmission avec la diffraction électronique en aire sélectionnée (MET) ou la microscopie électronique à transmission analytique (META : MET couplé à la spectrométrie de rayons X en dispersion d'énergie), permettrait de confirmer la présence de fibres d'amiante dans un minerai ou un matériau et, plus spécifiquement, de déterminer la concentration dans l'air de fibres, de fibres de trémolite asbestiforme, de fragments de clivage de trémolite et de fibres de talc, s'il y avait consensus sur les critères de différenciation à être utilisés.

La plupart des études décrivant des effets sur la santé reliés à l'exposition au talc contiennent peu d'information sur la caractérisation du talc impliqué. Même si les méthodes d'analyse permettaient hors de tout doute de caractériser la présence d'amphiboles et de quantifier la partie asbestiforme et la partie non asbestiforme, il reste qu'il est peu probable que les études de toxicologie puissent être réalisées sur des produits complètement purs, car les talcs sont généralement un mélange de différents minéraux en concentration variable. Toutefois, ces informations seraient précieuses en épidémiologie pour tenter de mieux établir les relations dose/réponse.

L'exposition à la poussière de talc est associée à des maladies respiratoires telles que les NMRD2, surtout des pneumoconioses, et au cancer du poumon, en présence d'autres agents cancérogènes. En effet, la poussière du minerai de talc peut causer la silicose, la talcose et des pneumoconioses mixtes, mais la part de causalité entre le talc, le quartz et les autres agents silicotiques n'est pas discernable.

Les travailleurs des moulins ne présentent pas d'augmentation de risque significatif de cancer du poumon, mais les mineurs pourraient montrer des tendances ou des augmentations significatives de risque en présence d'autres cancérogènes comme le radon, le quartz ou l'amiante. L'utilisation de la concentration pondérale (poussière ou poussière respirable), comme métriques d'exposition, est un mauvais prédicteur de la concentration en fibres ou en particules minérales allongées. Il s'ensuit une possibilité de mauvaises classifications des cas qui compliquent l'établissement d'une relation dose/réponse.

La possibilité de mésothéliomes liés à l'exposition à la poussière de talc demeure un sujet controversé. Les mésothéliomes présentent des difficultés de diagnostic et de reconnaissance de la causalité. Dans l'état actuel des connaissances, il n'y a pas de preuve qui permet de relier le mésothéliome et l'exposition au talc ne contenant pas d'amiante ou de fibre asbestiforme.

À partir des résultats que nous fournissent les études épidémiologiques, il est difficile de répondre de façon définitive, preuve à l'appui, à la question sur le risque pour la santé de la trémolite non asbestiforme (fragments de clivage), en raison des lacunes sur la caractérisation des expositions. En effet, aucune étude n'avait à sa disposition des résultats de concentration de fragments de clivage bien caractérisés et bien échantillonnés en zone respiratoire des travailleurs.

Compte tenu de toutes ces incertitudes sur les expositions et les effets sur la santé, des recherches sont encore nécessaires tant au niveau de la toxicologie et de l'épidémiologie que sur les mesures d'expositions, l'échantillonnage et les méthodes analytiques. De plus, les études minéralogiques des tissus pulmonaires (biométrologie) pourraient permettre l'identification de surcharges anormales et la caractérisation de fibres et de PMAs. Ces recherches pourraient aider à définir les méthodes d'analyse et d'échantillonnage qui mesureront plus adéquatement les caractéristiques pertinentes de toxicité. Les résultats devraient aussi contribuer au développement de recommandations pour la protection des travailleurs.

Abstract

Talc is widely used in different workplaces, mainly in the ceramics, paint (antirust paint), gypsum joint compound, cosmetics, plastics and rubber industries. Since some talcs can contain amphiboles including tremolite, possibly with asbestiform (or fibrous) and non-asbestiform morphology (cleavage fragments), it is important to know their origin and composition to be able to implement exposure monitoring strategies and means of prevention appropriate for workers and other users.

Several definitions and applications of the term asbestos are used to classify amphiboles, whether it is in studies on health effects, in exposure monitoring, or for regulatory purposes. Considering the different opinions and contradictory studies regarding definitions, analytical methods, regulations, and the health effects of non-asbestiform tremolite, the CSST (Québec workers' compensation board) asked the IRSST to carry out a literature review on tremolite, present in talc and vermiculite, in order to clarify the impacts on worker health and safety and to facilitate the implementation of means of prevention in the Québec context. This report covers the synthesis of the results obtained for tremolite present in talc. Vermiculite and its components will be the subject of another study.

The primary objective of this study is to produce a summary and a synthesis of the knowledge about tremolitic talc according to the different morphologies, asbestiform (asbestos) and non-asbestiform (cleavage fragments), and according to the following parameters:

  • Metrology (definitions, characterization of the materials, sampling and exposure);
  • Regulations (standards and regulatory criteria applied in the different countries);
  • Epidemiological data on the health effects.

Since the early 1990s, several studies have focused on the elongated mineral particles (EMPs) generated from the crushing and fracturing of non-asbestiform amphibole minerals, defined as cleavage fragments. More particularly, the studies addressed tremolite, contained naturally in certain talc and vermiculite deposits, ores that are used in different consumer products. However, the information is still limited on the exposures and health effects of these EMPs. Experts, analysts, researchers and government scientists have not reached a consensus on the definition or the differentiation of asbestiform and non-asbestiform amphiboles (cleavage fragments). While the distinction between cleavage fragments and fibres is theoretically clear, it is rather obscure from the analytical standpoint.

The use of complementary analytical methods such as phase contrast optical microscopy, scanning electron microscopy, transmission electron microscopy with selected area electron diffraction (SAED), or analytical electron transmission microscopy (SAED coupled with energy dispersion X-ray spectrometry) would make it possible to confirm the presence of asbestos fibres in an ore or a material and, more specifically, to determine the concentration in the air of fibres, asbestiform tremolite fibres, cleavage fragments of tremolite and talc fibres, if there were a consensus on the differentiation criteria to be used. Most of the studies describing the health effects related to talc exposure contain very little information on the characterization of the talc involved. Even if the analytical methods characterized the presence of amphiboles beyond any doubt and quantified the asbestiform part and the non-asbestiform part, it is very unlikely that toxicology studies can be performed on completely pure products because talcs are generally a mixture of different minerals in variable concentration. However, this information would be invaluable in epidemiology in attempting to better establish dose/response relationships.

Exposure to talc dust is associated with respiratory diseases such as NMRD (non-malignant respiratory disease), particularly pneumoconioses, and lung cancer, in the presence of other carcinogenic agents. In fact, talc ore dust can cause silicosis, talcosis, and mixed pneumoconiosis, but the causal share between talc, quartz and the other silicosis causative agents cannot be determined.

Mill workers do not present a significant increase in lung cancer risk, but miners could show tendencies or significant increases in risk in the presence of other carcinogens such as radon, quartz or asbestos. The use of the weighted concentration (dust or respirable dust) as exposure metric is a poor predictor of the fibre or elongated mineral particle concentration. The result is a possibility of improper classification of cases, which complicates the establishment of a dose/response relationship.

The possibility of mesothelioma related to talc dust exposure remains a controversial subject. Mesothelioma presents diagnostic and causal recognition difficulties. With the current state of knowledge, there is no proof linking mesothelioma and exposure to talc that does not contain asbestos or asbestiform fibre.

From the results provided to us by the epidemiological studies, it is difficult to answer definitively, with supporting proof, the question on the health risk of non-asbestiform tremolite (cleavage fragments), due to deficiencies in exposure characterization. In fact, no study had at its disposal results of concentrations of well characterized and well sampled cleavage fragments in the workers' breathing zones.

Considering all these uncertainties about exposures and health effects, research is still necessary in both toxicology and epidemiology as well as on exposure measurements, sampling, and analytical methods. In addition, mineralogical studies of lung tissues (biometrology) could identify abnormal overloads and characterize fibres and EMPs. These studies could help in defining the analytical and sampling methods that will more suitably measure the relevant toxicity characteristics. The results should also contribute to the development of recommendations for worker protection.

ISBN

9782896316403

Mots-clés

Amiante Trémolite, Tremolite, CAS 14567738, Talc, CAS 14807966, Talcose, Talc pneumoconiosis, Corps talcosique, Talc body, Fibre de céramique, Ceramic fiber, Application de peintures et vernis, Painting, Industrie du plâtre, Gypsum industry, Cosmétique, Cosmetic, Transformation des matières plastiques, Plastic converting industry, Industrie du caoutchouc synthétique, Amphibole, CAS 1318098, Fibre synthétique, Synthetic fibre, Test d'exposition, Exposure test, Échantillonnage et analyse, Sampling and analysis, Effet biologique, Biological effect, Réglementation, Regulation, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-5560

Numéro de publication IRSST

R-755

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