Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2015

Langue

Français

Résumé

Les travailleurs utilisant des outils portatifs vibrants et/ou des outils manuels (sans vibrations) sont à risque de développer le syndrome du marteau hypothénarien (SMH) et s’exposent ainsi à de lourdes conséquences pour la santé, dont l’amputation des doigts (Thompson et House, 2006; Honma et collab., 2000; Kaji et collab., 1993). En effet, l’artère cubitale de la paume de la main est située en superficie et n’est pas suffisamment protégée par des tissus (par exemple, des muscles). Elle est ainsi particulièrement vulnérable aux coups et vibrations ainsi qu’aux traumatismes répétés à la main, lorsque les travailleurs frappent ou cognent les matériaux usinés en utilisant la paume des mains. La contribution des vibrations reste toujours à documenter tout comme les outils à l’origine du développement de la maladie. Ce syndrome se manifeste par des symptômes de blanchiment épisodique des doigts (phénomène de Raynaud), de douleur aux mains et d’intolérance au froid (Abudakka et collab., 2006; Spencer-Green et collab., 1987). Peu d’articles abordent la question du SMH chez les travailleurs exposés de façon chronique aux vibrations (Marie et collab., 2007).

Cette maladie, qui entraîne une thrombose ou un anévrysme de l’artère cubitale, est sous-déclarée, sous-diagnostiquée et se distingue de l’atteinte vasospastique du syndrome vibratoire mains-bras (Abudakka et collab., 2006; Cooke, 2003; Stroud et Thompson, 1985). En effet, il est important de distinguer la thrombose de l’artère cubitale de l’atteinte vasospastique, car cette thrombose peut entraîner des embolies des artères digitales et de là, nécessiter des traitements médicaux et/ou chirurgicaux appropriés. Par ailleurs, la présence d’ulcères digitaux peut laisser suspecter soit une thrombose, soit une atteinte vasospastique sévère; il importe donc de faire la distinction entre ces deux présentations cliniques.

Une étude antérieure (Turcot et collab., 2007), qui a impliqué l’examen de 355 dossiers de travailleurs indemnisés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) pour des doigts blancs, a révélé la présence de 31 cas de thromboses cubitales/radiales, soit un nombre supérieur à ce que la littérature rapporte chez les travailleurs manuels et chez les travailleurs exposés aux vibrations mains-bras. L’étude de ces 355 dossiers a également permis d’identifier 14 cas supplémentaires susceptibles d’être des cas de SMH non diagnostiqués. L’analyse des dossiers d’indemnisation et leur comparaison avec les cas rapportés dans la littérature montre que les mineurs, les travailleurs de la construction et les mécaniciens sont vulnérables au SMH. Au total, les 45 dossiers suggèrent qu’il s’agit là d’un problème important.

La présentation clinique des cas est caractérisée par la présence d’épisodes de doigts blancs, de douleur à la main, d’intolérance au froid. Des phénomènes neurologiques d’engourdissement peuvent être présents si la lésion vasculaire irrite les branches nerveuses du nerf cubital. Autant de caractéristiques qui peuvent se confondre avec l’atteinte vasculaire du syndrome vibratoire. Il est important pour le clinicien de distinguer les deux syndromes puisque le traitement diffère selon le cas. Parmi les options thérapeutiques, il y a la thérapie médicamenteuse, le plus souvent complétée d’une chirurgie, et la thérapie conservatrice. Ces trois options sont décrites dans la présente étude qui a permis de mettre en évidence l’absence de consensus médical sur l’approche thérapeutique à privilégier.

Finalement, cette étude démontre qu’il est difficile d’isoler le rôle des vibrations des autres facteurs de risque du SMH. De plus, la reconnaissance de la maladie est importante, car elle peut être entièrement prévenue par une modification de l’environnement de travail et l’application de méthodes de travail sécuritaires (Van de Walle et collab., 1998). Aussi, une meilleure prise en charge des travailleurs symptomatiques permet de prévenir l’aggravation de la symptomatologie et d’administrer un meilleur traitement.

En ce sens, la présente étude permet de dégager des constats, de formuler des recommandations en matière d’intervention pour mieux prévenir la maladie, de même que d’identifier des pistes de prévention à l’intention des milieux de travail et des avenues de recherche à explorer.

Abstract

Workers using vibrating portable tools and/or manual tools (non-vibrating) are at risk of developing hypothenar hammer syndrome (HHS), with potentially serious health implications including amputation of the fingers (Thompson and House, 2006; Honma et al., 2000; Kaji et al., 1993). The cubital artery in the palm of the hand is superficial and insufficiently protected by tissues such as muscles. It is particularly vulnerable to impact and vibrations, as well as repeated hand trauma when workers hit or pound on machined materials with the palm of their hand. The role of vibrations has yet to be documented, along with tools leading to development of the disease. Symptoms include episodes of white finger (Raynaud’s phenomenon), hand pain and intolerance to cold (Abudakka et al., 2006; Spencer-Green et al., 1987). Few papers address the issue of HHS in workers chronically exposed to vibrations (Marie et al. 2007).

This disease, which causes thrombosis or aneurysm of the cubital artery, is under-reported, under-diagnosed and distinct from vasospastic disorder in hand-arm vibration syndrome (Abudakka et al., 2006; Cooke, 2003; Stroud and Thompson, 1985). It is important to differentiate thrombosis of the cubital artery from vasospastic disorder because thrombosis may cause embolisms in the digital arteries, necessitating medical treatment and/or surgery. Furthermore, since digital ulcers may indicate either thrombosis or severe vasospastic disorder, it is important to differentiate between these two clinical presentations.

A previous study (Turcot et al., 2007), which reviewed 355 files of workers compensated by the Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) for white finger, found 31 cases of cubital/radial thrombosis, more than reported in the literature for manual workers and workers exposed to hand-arm vibrations. The file review also identified 14 additional cases likely to be undiagnosed cases of HHS. Analysis of the compensation files and comparison with cases reported in the literature shows that miners, construction workers and mechanics are vulnerable to HHS. Overall, these 45 files suggest that this is a serious problem.

The clinical presentation of HHS is characterized by episodes of white finger, hand pain and intolerance to cold. Neurological phenomena of numbness may also be present if the vascular lesion irritates the branches of the cubital nerve. All these symptoms can also characterize vascular injury in vibration syndrome. It is important for the clinician to differentiate the two syndromes because the treatment will vary depending on the case. Therapeutic options include drug therapy, usually followed by surgery, and conservative therapy. The three options are described in this study, highlighting the lack of medical consensus on the best therapeutic approach.

Lastly, this study shows that it is difficult to isolate the role of vibrations from other HHS risk factors. Furthermore, it is important to recognize this disease because it can be entirely prevented by changing the work environment and using safe work methods (Van de Walle et al., 1998). Better management of symptomatic workers can also prevent the symptoms from worsening and improve the administration of treatment.

From this perspective, this study compiles findings, makes intervention recommendations for better prevention of the disease, and identifies workplace prevention solutions and avenues for future research.

ISBN

9782896317868

Mots-clés

Vibration, Main, Hand, Dysfonction vasculaire, Vascular dysfunction, Outil vibrant, Vibrating tool, Réparation des maladies professionnelles, Compensation of occupational diseases, Critère de risque, Hazard criteria, Relation profession-maladie, Occupation-disease relation, Diagnostic, Diagnosis, Traitement médical, Medical treatment, Étude de cas, Case study, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-9070

Numéro de publication IRSST

R-862

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