Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2014

Langue

Français

Résumé

L’importance des états de stress post-traumatique (ÉSPT) en milieu de travail est indéniable. Les statistiques de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) pour la période 2002 à 2004 indiquent que les travailleurs aux prises avec un ÉSPT ont entraîné des débours de 17 747 600 $ ce qui est considérablement supérieur à ceux relatifs au stress et à l’anxiété (7 724 669 $), aux états dépressifs (3 626 814 $) et à l’épuisement professionnel (797 165 $). Par ailleurs, l’ÉSPT entraîne des répercussions sur le fonctionnement psychosocial, le retour au travail et la qualité de vie des personnes atteintes. Malgré ces conséquences, rares sont les études qui ont évalué l’efficacité des interventions pour prévenir les ÉSPT et leurs résultats demeurent peu probants. Le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (CJM-IU), par sa mission d’aide, de protection et ses clientèles en difficultés présente un potentiel élevé d’exposition à des événements traumatiques. C’est dans ce contexte que le CJM-IU a conçu, en 1999, une intervention comprenant un protocole d’intervention post-traumatique (IPT) et des mesures de gestion associées, afin de prévenir et d’atténuer le développement de réactions post-traumatiques, d’état de stress aigu et d’état de stress post-traumatique chez les travailleurs ayant vécu de tels événements. Conscient de l’importance d’élaborer des interventions efficaces, le CJM-IU s’est engagé dans un processus visant à les évaluer scientifiquement.

L’objectif général de la recherche est de documenter les services offerts aux travailleurs victimes d’événements à potentiel traumatique et de connaître l’efficacité de l’intervention réalisée par le CJM-IU. La Phase I, l’objet de ce rapport, vise à décrire l’intervention du CJM-IU en contexte réel d’application, à en dégager la théorie sous-jacente et à documenter les interventions alternatives présentes dans les autres Centres jeunesse du Québec. La phase II visera à évaluer l’impact de l’intervention sur les travailleurs victimes d’événements traumatiques et fera l’objet d’un projet subséquent.

La phase I est exploratoire et descriptive. Des études de cas en profondeur appuyées sur des entrevues auprès des concepteurs de l’intervention, des membres de l’équipe d’intervention post-traumatique (ÉIPT), de la consultante externe de l’IPT, de la cadre responsable de l’ÉIPT et des gestionnaires impliqués dans des comités de coordination ont été réalisées. S’ajoute aux entrevues, l’examen des documents pertinents et des écrits scientifiques recensés. Les gestionnaires de premier niveau ainsi que les travailleurs à risque d’être exposés à des événements traumatiques ont participé à ce projet en répondant à un questionnaire. Finalement, une recension des interventions alternatives visant la prévention des ÉTSP dans les autres Centres jeunesse du Québec a été réalisée au moyen d’une enquête auprès des directions des ressources humaines des établissements. L’analyse des données qualitatives a été soutenue par le logiciel NVivo9. Les analyses des données quantitatives sont de nature descriptive et ont été réalisées par le biais du logiciel SPSS.

Le modèle de l’IPT a été validé auprès des concepteurs et a fait l’objet d’une analyse logique. Cette analyse a permis de démontrer la pertinence théorique et empirique de l’intervention du CJM-IU. Celle-ci intègre les principales données scientifiques disponibles concernant la prévention des réactions post-traumatiques à la fois secondaire et tertiaire. Les interventions immédiates et post immédiates du CJM-IU s’appuient sur les recommandations des organismes officiels américains et britanniques œuvrant en santé mentale. La documentation de la mise en application de l’IPT a permis de vérifier que globalement cette intervention jouit d’un haut niveau de conformité dans son application. Les rencontres effectuées par les intervenants de l’ÉIPT respectent le cadre d’intervention prévu. Les stratégies d’intervention préconisées sont utilisées par les intervenants et adaptées selon les besoins particuliers des personnes touchées. Quelques lacunes ont cependant été révélées dans l’application de certaines stratégies cognitives et comportementales telles que la respiration diaphragmatique, le questionnement socratique et l’inoculation au stress. Ces résultats suggèrent la poursuite des efforts réalisés en formation continue et en supervision des intervenants de l’ÉIPT dans leurs activités. En outre, une réflexion s’avère nécessaire sur le temps de libération des membres de l’ÉIPT. Nous avons observé une pression exercée, d’une part, par les exigences professionnelles et, d’autre part, par la disponibilité des membres pour réaliser leurs activités de formation ou simplement, pour mener leur intervention.

À plus long terme, une fois les deux phases (I et II) complétées, nous disposerons de données probantes pour formuler des recommandations aux Centres jeunesse du Québec et aux autres organisations, dont les travailleurs sont à risque d’exposition élevé à un événement traumatique, et qui souhaitent implanter des programmes efficients de gestion et de prévention des incapacités au travail liés aux ÉTSP.

Abstract

The high prevalence of post-traumatic stress disorders (PTSDs) in the workplace is an irrefutable fact. The statistics of the Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) for the 2002 to 2004 period indicate that payouts totalling $17,747,600 went to workers with PTSDs, which is considerably more than payouts related to stress and anxiety ($7,724,669), depressive conditions ($3,626,814), and occupational burnout ($797,165). PTSDs also have repercussions for the psychosocial functioning, return to work, and quality of life of the individuals affected. Yet despite these consequences, few studies have evaluated the effectiveness of interventions designed to prevent PTSDs and the results of these interventions remain inconclusive. Given the mission pursued by the Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire (CJM-IU, or Montreal youth centre, University institute), which is to assist and protect its clients in difficulty, its personnel has a high potential of exposure to traumatic events. For this reason, in 1999 the CJM-IU developed an intervention, including a post-traumatic intervention (PTI) protocol and associated management measures, to prevent and attenuate the development of post-traumatic reactions, acute stress conditions, and post-traumatic stress disorders in workers who have experienced such events. Aware of the importance of developing effective interventions, the CJM-IU embarked on a process of scientifically evaluating such interventions.

The general objective of the research activity was to document the services offered to workers who have faced potentially traumatic events and to evaluate the effectiveness of the CJM-IU intervention. Phase I, which is the subject of this report, was dedicated to describing the CJM-IU intervention in an actual application context, identifying the underlying theory, and documenting alternative interventions carried out in other Québec youth centres. Phase II will aim to evaluate the intervention’s impact on workers who have faced traumatic events and will be the focus of a subsequent project.

Phase I was exploratory and descriptive in nature. In-depth case studies were conducted on the basis of interviews of the intervention developers, members of the post-traumatic intervention team (PTIT), the external consultant for the PTIT, the senior executive responsible for the team, and the managers who sat on the coordination committees. Relevant documents and scientific literature were also examined. The first-level managers and the workers at risk of exposure to traumatic events participated in this project by completing a questionnaire. Lastly, an inventory was taken of alternative interventions designed to prevent PTSDs in personnel at Québec’s other youth centres by means of a survey conducted of the human resources departments of the various establishments. The qualitative data analysis was supported by the Vivo9 software program, while the quantitative data analyses were descriptive in nature and carried out using the SPSS software program.

The PTI model was validated with the designers and underwent logic analysis. This analysis showed the theoretical and empirical relevance of the CJM-IU intervention, which incorporates the main scientific data available on the prevention of both secondary and tertiary post-traumatic reactions. The CJM-IU’s immediate and “post-immediate” interventions are based on recommendations made by official American and British organizations working in the mental health field. Documents on the application of the PTI allowed us to ascertain whether overall there was a high level of compliance with the theoretical model. The meetings held by the PTIT members adhered to the planned intervention framework. The recommended intervention strategies were used by the PTIT members and adapted to the particular needs of the personnel affected. However, a few deficiencies were noted in the application of some cognitive and behavioural strategies, such as diaphragmatic breathing, Socratic questioning, and stress inoculation. These results suggest the need for ongoing continuing education efforts and supervision of the PTIT members in their activities. Moreover, further thought is needed about the amount of leave time given to members of the PTIT team. We observed a degree of pressure exerted partly by professional duties and partly by the limited availability of the team members to do their own training activities or simply to carry out their intervention.

In the longer term, once the two phases have been completed, the researchers will have more conclusive data for making recommendations to Québec’s youth centres and other organizations that have workers at high risk of exposure to traumatic events and that wish to implement effective programs for managing and preventing PTSD-related disabilities.

ISBN

9782896317264

Mots-clés

Centre de réadaptation sociale, Social rehabilitation centre, Adolescent, Young person, Stress post-traumatique, Posttraumatic stress, Intervention de crise, Crisis intervention, Violence, Analyse théorique, Theoretical analysis, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-7330

Numéro de publication IRSST

R-819

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