Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2013

Langue

Français

Résumé

Depuis l’entrée en vigueur d’un nouvel article du Règlement québécois sur la santé et la sécurité du travail (RSST), les chariots élévateurs en porte-à-faux à grande levée, à poste de conduite au centre non élevable et à conducteur assis doivent être munis d’un dispositif de retenue empêchant le cariste d’être écrasé par la structure du chariot lors d’un renversement. La ceinture de sécurité pelvienne est un des moyens les plus couramment utilisés actuellement pour satisfaire cette exigence. À partir de la consultation des écrits, de l’examen sommaire de quelques ceintures vendues sur le marché québécois, d’entretiens et d’observations réalisés auprès de douze caristes et sept superviseurs dans sept entreprises, cette étude exploratoire trace le bilan de l’utilisation des ceintures, tant du point de vue des normes de performance des ceintures de sécurité que de celui de leur utilisabilité dans le milieu du travail.

Dans les entreprises visitées, l’obligation du port de la ceinture de sécurité a été accueillie plutôt difficilement chez les caristes. Au fil du temps, la plupart des caristes mentionnent cependant que le port de la ceinture est devenu une habitude. Néanmoins, plusieurs caristes trouvent la ceinture inutile ou agaçante, notamment en raison de la vitesse limitée du chariot, de la mobilité corporelle qui se trouve restreinte pour les manœuvres de reculons et surtout, en raison de tâches qui exigent de monter et de descendre fréquemment du chariot. L’observation du travail montre en effet que certains caristes descendent de leur chariot en moyenne toutes les 2,6 minutes. Bien que la durée médiane de bouclage de la ceinture soit de seulement cinq secondes, la durée requise pour le bouclage peut augmenter significativement lorsqu’il y a des problèmes d’enroulement de la sangle avec le rétracteur. D’autres facteurs, tels que des rétracteurs mal fixés, une sangle trop courte, un dispositif de retenue aux hanches qui nuit au bouclage de la ceinture, un emplacement ou un type de fixation de la boucle non optimal, une interférence entre la sangle et le porte-outils porté à la taille, sont susceptibles de compromettre l’acceptabilité de la ceinture, l’aisance dans son utilisation, ou la sécurité des caristes.

Sur la base des analyses réalisées dans cette étude, il n’est pas possible actuellement de recommander un rétracteur conciliant à la fois, et dans toute situation, sécurité, confort et compatibilité avec les besoins associés aux tâches à effectuer. Sur le terrain, la ceinture avec rétracteur à blocage automatique (ALR : « automatic locking retractor ») est un modèle fréquemment installé. Ce rétracteur enroule automatiquement le jeu dans la sangle et empêche en tout temps la sortie de la sangle. La possibilité de bouger sur le siège, par exemple pour les manœuvres de reculons, est ainsi restreinte. En présence de vibrations, lorsqu’il y a des mouvements relatifs entre le cariste et les points d’ancrage de la ceinture, le resserrement de la sangle peut devenir particulièrement incommodant. L’utilisation d’un rétracteur d’urgence (ELR : « emergency locking retractor ») est une alternative offerte sur le marché. Ce rétracteur assure une bonne mobilité du cariste puisque, en condition normale d’opération, le jeu dans la sangle est automatiquement repris par une faible force de rappel du rétracteur, sans pour autant que le mécanisme de blocage de la sangle ne s’enclenche. Cependant, du point de vue de la sécurité des caristes, si la ceinture avec rétracteur ELR se limite à respecter la norme référence SAE J386 s’appliquant aux véhicules de travail hors route, le rétracteur pourrait ne pas se bloquer dans plusieurs situations de renversements de chariots élévateurs, car les niveaux d’accélération du chariot et du cariste peuvent être faibles lors de renversements, comparativement aux seuils de blocage indiqués dans les normes. La norme SAE J386 est similaire en plusieurs points à la norme 209 décrivant les exigences par rapport aux ceintures de sécurité utilisées dans les véhicules automobiles au Canada et aux États-Unis. Or, la cinématique des chariots élévateurs au regard des vitesses et des accélérations diffère de celle des automobiles lors de renversements ou de collisions. Des valeurs inférieures pour les seuils de blocage des ceintures pourraient améliorer la performance des rétracteurs ELR, selon la situation de renversement. Pour être respectés, de tels critères exigeraient potentiellement l’utilisation de nouveaux mécanismes de blocage. Une ceinture qui dissocie le seuil de blocage sensible à l’inclinaison du véhicule, du seuil de blocage sensible à l’accélération du véhicule, aiderait grandement à augmenter la performance des rétracteurs ELR, pourvu que le seuil d’inclinaison soit limité entre 12 et 15 degrés.

Les ceintures avec rétracteur manuel, nécessitant que le cariste ajuste lui-même la longueur de la sangle, présentent l’avantage de ne pas se resserrer sur l’utilisateur. Un tel rétracteur apparaît aussi comme une bonne solution pour protéger le cariste dans toute situation. Il faut cependant veiller à ce que le jeu laissé dans la ceinture soit relativement faible (moins de cinq cm), ce qui peut restreindre la mobilité du cariste en quête de visibilité vers l’arrière. Ce type de ceinture exige également un réajustement de sangle pour chaque nouveau cariste qui conduit le chariot.

Lors du choix d’équipements, bon nombre de responsables en entreprise s’intéressent aux dispositifs permettant de faciliter la gestion du port de la ceinture (p. ex. couleur de la sangle, signal sonore lors du non-bouclage). Cependant, avant l’achat, une analyse des besoins tenant compte des caractéristiques du siège, de la ceinture, des utilisateurs et des tâches à effectuer pourrait réduire quelques inconvénients liés à l’utilisation de la ceinture. Cette analyse devrait mettre des caristes à contribution. Des repères sont donnés dans ce rapport pour alimenter cette réflexion. En outre, l’entretien de la ceinture pourrait s’avérer important pour minimiser les dysfonctionnements.

Abstract

Since the coming into force of a new section of Québec’s Regulation respecting occupational health and safety (ROHS), counterbalanced, center control, high-lift trucks with a sit-down, nonelevating operator must be equipped with a restraint device that prevents the operator from being crushed by the truck structure in the event of a tipover. Pelvic restraint belts are one of the most commonly used means of meeting this requirement. Based on the literature, a brief examination of certain types of seat belts sold on the Québec market and maintenance operations, and observations of twelve operators and seven supervisors at seven companies, this exploratory study provides an overview of seat belt use, from two points of view: seat belt performance standards and seat belt usability in the workplace.

In the companies visited, the lift operators had some difficulty accepting the obligation to wear a seat belt. Most of the operators mentioned, however, that over time they had developed the habit of wearing their seat belt. That said, several of them indicated that they found it useless or annoying, mainly because of the truck’s limited speed, the restrictions the belt placed on their physical mobility when travelling in reverse, and above all, because their tasks required them to mount or dismount the truck frequently. Our observations of the operators at work revealed in fact that some of them dismounted their trucks on average every 2.6 minutes. While the the average time it takes to actually fasten the seat belt is only five seconds, this time can increase significantly when there are problems with the strap retractor rewinding system. Other factors, such as poorly attached retractors, straps that are too short, a thigh restraint that hinders fastening the belt, non-optimal buckle placement or buckle attachment hardware, and interference between the strap and the waist tool belt, are factors likely to compromise the seat belt’s acceptability, its ease of use, and operator safety.

Based on the analyses performed in this study, it is not currently possible to recommend a retractor that reconciles the factors of safety, comfort, and compatibility with task-related needs and for every situation. In the field, belts with an automatic locking retractor (ALR) are a frequently installed model. These retractors automatically take up the slack in the strap and prevent it from unwinding at all times. The operators thus have only limited possibilities of moving on their seat, for example, when travelling backwards. When vibrations are present and there are relative movements between the operator and the anchor points of the seat belt, the tightening of the strap can become particularly uncomfortable. Use of an emergency locking retractor (ELR) is an alternative option available on the market. This retractor ensures good operator mobility since, under normal operating conditions, the slack in the strap is automatically taken up by a slight pull exerted by the retractor, yet without activating the strap’s locking mechanism. However, from the point of view of operator safety, while seat belts with ELRs comply with the SAE J386 reference standard applicable to off-road work vehicles, the retractor may not lock in numerous situations involving lift truck tipovers because the acceleration rate of the truck and the operator may be low during such incidents relative to the locking threshold values specified in the standards. Standard SAE J386 is similar in many regards to Technical Standards Document (TSD) number 209, which describes the requirements regarding seat belts used in automobiles in Canada and the United States. However, the kinematics of lift trucks in terms of speed and acceleration differ from those of cars during tipovers or collisions. Lower values for belt locking thresholds might improve the performance of ELRs, depending on the tipover situation. To ensure compliance, such criteria would potentially require the use of new locking mechanisms. A seat belt that separates the vehicle-tilt-sensitive locking threshold from the vehicle-acceleration-sensitive locking threshold would do much to improve ERL performance, provided that the tilt threshold value was limited to between 12 and 15 degrees.

Seat belt assemblies with manual retractors, which require the operators themselves to adjust the length of the strap, offer the advantage of not tightening on the user. Such retractors also appear to offer a good solution in terms of protecting the operator in all situations. However, it is important to ensure that there is relatively little slack in the belt (less than five cm), which may in turn limit the operator’s mobility when he is seeking rearward visibility. This type of belt also requires each new operator who drives the truck to readjust the strap.

When choosing equipment, a large number of managers in companies are interested in devices that facilitate management of seat belt use (e.g. strap colour, a sound-producing warning device activated when the seat belt is not fastened). However, before purchasing equipment, a needs analysis that takes into account the characteristics of the seat, belt, users, and tasks to be performed, could reduce some of the inconveniences associated with seat belt use. Such an analysis should include operator input. This report provides guidelines intended to fuel this reflection process. Seat belt maintenance could also prove important for minimizing malfunctions.

ISBN

9782896317585

Mots-clés

Ceinture de sécurité, Safety belt, Chariot automoteur, Industrial truck, Choix du matériel, Choice of equipment, Critère de confort, Comfort criteria, Normalisation, Standardisation, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-6620

Numéro de publication IRSST

R-765

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