Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2010

Langue

Français

Résumé

La douleur au bas du dos d’origine non spécifique, aussi appelée lombalgie commune, affecte de 60 à 90 % des travailleurs à un moment ou à un autre de leur vie et disparaît généralement dans une période allant de quelques jours à quelques semaines. Toutefois, pour un petit nombre de travailleurs affectés, le mal de dos perdure et entraîne une incapacité à retourner au travail pour une période prolongée. Cette situation génère des coûts sociaux et humains importants. Au cours des dernières décennies, plusieurs études de cohorte ont été menées dans le but de mieux comprendre les facteurs impliqués dans le développement de l’incapacité de longue durée. À la fin des années 1990, l’étendue des connaissances et la compréhension du phénomène étaient suffisantes pour procéder à l’élaboration d’outils pouvant servir à la prévention de l’incapacité de longue durée. Au moment d’entreprendre cette étude en 2004, seuls deux questionnaires de dépistage avaient été publiés et présentaient des limites non négligeables. Il s’agissait donc d’élaborer un questionnaire de dépistage de l’incapacité de longue durée ne présentant pas ces limites et de le valider en vue d’une utilisation clinique.

Le questionnaire initial comprenait 67 items répartis en sept sections : 1) douleur, 2) douleur et activités physiques, 3) stratégies d’adaptation, 4) émotions, 5) travail, 6) retour au travail et 7) caractéristiques sociodémographiques. Une étude de cohorte a été menée dans le but de déterminer sa fidélité et sa validité. La fidélité réfère à la précision des données mesurées par l’instrument, alors que la validité permet de s’assurer que l’instrument mesure bien le concept qu’il est censé mesurer. Avec la collaboration de la CSST, une cohorte de 535 personnes a été constituée. Ces personnes ont été contactées à trois reprises : entre 35 et 83 jours après le début de l’arrêt de travail, puis successivement 6 et 12 mois après l’entrée dans l’étude. À l’entrée dans l’étude, les participants ont rempli le questionnaire dans sa totalité. Les personnes ont ensuite été jointes à deux reprises afin de faire un inventaire des événements survenus sur le plan du travail depuis l’entrée dans l’étude (p. ex. retours au travail, nouveaux arrêts, perte d’emploi). Un sous-échantillon de 99 personnes a également rempli le questionnaire deux semaines après la tenue du premier questionnaire.

  • Les analyses de stabilité et les analyses de cohérence interne ont montré que les (sous-)sections du questionnaire sont, pour la plupart, fortement corrélées à deux semaines d’intervalle (coefficients de Pearson) et qu’elles présentent une homogénéité moyenne ou élevée (alphas de Cronbach et rhos de Joreskog). Les valeurs obtenues quant à la fidélité du questionnaire sont sensiblement similaires à celles d’autres questionnaires.
  • Deux types de validité ont été vérifiés pour l’instrument actuel, la validité de construit et la validité de critère.
    • La validité de construit a d’abord été établie lors d’un projet antérieur par le biais d’analyses factorielles confirmatoires. Celles-ci ont permis de montrer la pertinence de l’utilisation du modèle d’adaptation au stress pour expliquer l’incapacité fonctionnelle et pour grouper, en un nombre restreint de facteurs, divers prédicteurs de l’incapacité liée à la lombalgie. Ces facteurs ont été repris dans l’élaboration du questionnaire. La validité de construit a également été vérifiée par une analyse factorielle exploratoire menée dans le cadre du projet actuel afin d’examiner la structure interne des (sous-)sections liées au travail où des items avaient été supprimés ou ajoutés. À la suite de cette analyse, les (sous-)sections FACTEURS ORGANISATIONNELS et PEURS DE LA RÉACTION DU MILIEU DE TRAVAIL LORS DU RETOUR ont été fusionnées.
    • La validité de critère, visant à évaluer la capacité d’un instrument de mesure à différencier les individus entre eux, a été déterminée sur la base du modèle servant à la prédiction d’une durée d’absence de plus de 182 jours. Ce modèle comprend les SECTIONS /variables suivantes : PEURS LIÉES AU TRAVAIL, ATTENTES DE RETOUR AU TRAVAIL (temps), revenu familial avant impôt, plus haut niveau de scolarité atteint, horaire de travail et PRÉOCCUPATIONS FACE AU TRAVAIL. Dans 73 % des cas, ce modèle a assigné une probabilité d’absence élevée aux personnes du groupe absent plus de 182 jours. La capacité du modèle à différencier les individus entre eux est considérée comme acceptable.

Le questionnaire final, composé de 22 items et basé sur le modèle de régression, présente des forces non négligeables. Il a l’avantage d’être basé sur des études de cohorte récentes portant sur les prédicteurs de l’incapacité de longue durée. D’ailleurs, quatre des six variables le composant ont été définies à plusieurs reprises comme pouvant expliquer un pourcentage significatif du statut d’emploi ou du nombre de jours d’absence à la suite de l’apparition de douleurs au bas du dos. Ces variables sont : les peurs associées au travail, les attentes de retour au travail ou de rétablissement, les préoccupations face au travail, notamment la possibilité d’effectuer des arrangements permettant le retour au travail (p. ex. travaux légers), ainsi que le niveau de scolarité. Le questionnaire repose également sur un modèle explicatif validé de l’incapacité. Il est composé en partie de facteurs de risque psychosociaux modifiables. Il a été élaboré et testé auprès de travailleurs québécois indemnisés. Il a également été testé auprès d’une population en phase subaiguë de douleur, le moment le plus propice pour agir sur les facteurs psychosociaux impliqués dans l’évolution vers une incapacité prolongée. Il est basé sur un suivi de 12 mois et les analyses ont été effectuées avec les données, complètes ou censurées, de 530 personnes, ce qui améliore l’applicabilité des résultats. Enfin, la variable dépendante, soit plus de 182 jours d’absence, a été définie de manière à dépasser le caractère changeant de la lombalgie commune ainsi que les situations arbitraires (personne retournée ou non au travail au moment de l’entrevue) et de manière à bien refléter ce qu’est une situation d’incapacité prolongée (plus de 182 jours plutôt que 30 jours et plus).

Les résultats montrent que le questionnaire découlant du modèle est fidèle et valide, et qu’il pourrait représenter un outil efficace de dépistage des travailleurs indemnisés en phase subaiguë de douleur susceptibles de vivre une situation d’incapacité prolongée. Le rapport est assorti de recommandations de recherche pour confirmer l’utilité clinique de cet outil.

ISBN

9782896314416 (PDF)

9782896314409 (version imprimée)

Mots-clés

Maux de dos, Backache, Forme chronique, Chronic form, Douleur, Pain, Questionnaire, Examen médical, Medical examination, Évaluation des résultats, Evaluation of results, Modèle, Model, Classification, Travailleur handicapé, Handicapped worker, Recommandation, Directive, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-4400

Numéro de publication IRSST

R-639

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