Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2000

Langue

Français

Résumé

L'organisation du travail en équipes semi-autonomes (ESA) vient bouleverser la répartition du pouvoir décisionnel au sein des entreprises. En plus de réaliser le travail, les membres des ESA assument des responsabilités qui sont dévolues aux contremaîtres ou superviseurs de premier niveau dans les organisations traditionnelles. Ce changement de rôle fait en sorte que les ESA deviennent un nouvel acteur dans la gestion de la santé et de la sécurité du travail des établissements. L'arrivée de ce nouvel acteur implique une répartition des responsabilités qui reste à être inventée dans les milieux visés puisque le rôle des ESA n'a évidemment pas été prévu dans le cadre législatif actuel.

La présente étude rend compte d'une façon descriptive et comparative de l'expérience acquise dans une douzaine d'entreprises québécoises qui ont adopté les ESA comme mode d'organisation du travail. Compte tenu de la variété de la composition de l'échantillon qui couvrait plusieurs régions et secteurs industriels, il est apparu évident que les formes d'organisation du travail, le fonctionnement des équipes, leur encadrement et les responsabilités qui leur étaient assignées, variaient considérablement d'un endroit à l'autre. De façon générale, les constats de satisfaction accrue du personnel et d'amélioration de la productivité que l'on retrouve dans la littérature spécialisée ont été confirmés.

Tel qu'anticipé, l'organisation de la SST est modifiée de façon significative par l'arrivée des ESA. L'ensemble des acteurs adopte un rôle de soutien et de conseil aux équipes qui deviennent les maîtres d'oeuvres de la prévention et de l'organisation sécuritaire du travail et du suivi des mesures correctives dans les opérations. Le comité SST, lorsqu'il existe formellement, est habituellement constitué de représentants des équipes et voit à s'assurer de la cohérence des mesures SST dans l'ensemble de l'établissement. Nous avons constaté que plusieurs responsabilités traditionnellement confiées soit à l'employeur, au comité de SST ou au représentant à la prévention, ont été déléguées aux ESA. Les établissements qui réussissent le mieux le transfert des responsabilités SST vers les ESA, ont investi énormément dans la formation des membres des équipes. Ceux-ci sont directement impliqués dans la révision des procédures de sécurité, l'inspection des lieux de travail, les enquêtes accidents et la mise en place des mesures correctives. Souvent, la pression des pairs joue un rôle positif dans l'adoption des comportements préventifs au sein des équipes.

La performance des entreprises qui utilisent des ESA en matière de SST est nettement supérieure aux entreprises traditionnelles des mêmes secteurs industriels. On ne peut cependant inférer de lien de cause à effet avec les ESA parce que les organisations qui les utilisent sont aussi celles qui sont à l'avant garde des autres pratiques de gestion, dont la gestion de la SST.

Malgré ces résultats encourageants, les répondants à notre étude entretiennent des préoccupations importantes concernant la gestion de la SST avec la venue des ESA. On s'inquiète du désengagement des divers paliers hiérarchiques qui sont tentés d'abandonner leur leadership en matière de SST, en prenant pour acquis que les équipes prennent la relève. On se préoccupe de la clarification des rôles qui sont bouleversés par l'arrivée des ESA et par l'intégration effective des préoccupations SST au sein des équipes qui deviennent responsables l'intégration effective des préoccupations SST au sein des équipes qui deviennent responsables de l'organisation du travail. On questionne le niveau de maturité des équipes qui doivent assurer la prévention dans un contexte qui privilégie la polyvalence du personnel. On se demande jusqu'à quel point le personnel reconnaît la légitimité des interventions des pairs qui veulent signifier à leurs collègues d'adopter des comportements préventifs. Finalement on s'inquiète du stress et des effets sur la santé qui sont induits par l'accroissement des responsabilités et des tensions inévitables associées à la prise de décisions en équipes.

En conclusion, les auteurs identifient plusieurs pistes de recherches et de réflexions qui doivent être abordées dans le futur de façon à ce que les impératifs de SST ne soient pas oubliés lorsque l'on met en place des ESA. Il est essentiel de faire en sorte que cette nouvelle forme d'organisation du travail nettement plus productive, qui tend à se généraliser, ne devienne inutilement dangereuse pour la santé et la sécurité de ceux qui en assurent la performance.

Mots-clés

Organisation du travail, Work organisation, Travail d'équipe, Teamwork, Mode de gestion, Management mode, Industrie manufacturière, Manufacturing industry, Responsabilité, Responsability, Participation des travailleurs à la gestion, Participative management, Formation à la prévention dans l'industrie, Safety training in industry, Esprit de sécurité, Safety consciousness, Inspection, Stress, Rendement de travail, Work efficiency, Québec

Numéro de projet IRSST

0098-0780

Numéro de publication IRSST

R-252

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