Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2005

Langue

Français

Résumé

Les contraintes de temps sont un élément de l’organisation du travail qui peut influencer les stratégies protectrices chez les auxiliaires familiales et sociales travaillant au maintien à domicile des patients de CLSC. Dans un des quatre CLSC participant à une recherche en cours, le milieu avait signalé un besoin spécifique concernant l’étude des horaires de travail et des heures supplémentaires chez les AFS. Les horaires de travail étaient donc un aspect organisationnel important dans ce CLSC en particulier, d’autant plus qu’on s’apprêtait à y implanter un logiciel de gestion des horaires qui se répand dans les établissements analogues, publics comme privés. La méthode de recherche choisie était l’approche par convergence de données quantitatives et qualitatives : observation du travail des AFS par chroniques de quarts analysées à l’aide du logiciel Observer, observation des réunions professionnelles, entrevues avec les auxiliaires et leurs gestionnaires, examen des statistiques de main-d’œuvre, d’absences et d’accidents, recherche documentaire, analyse du travail de la chef d’équipe responsable des horaires. Enfin, comme l’implantation effective du logiciel a eu un certain retard dans le CLSC à l’étude, c’est dans un deuxième CLSC que le travail de production des horaires à l’aide du logiciel a été analysé.

Le travail des AFS est marqué par une grande diversité du déroulement des journées de travail, des clients visités, des activités réalisées et des types de soins donnés. Il en résulte une grande variabilité des temps nécessaires pour les trajets et les visites à domicile; la standardisation forcée pour s’adapter aux limites du logiciel ne correspond pas à la variabilité des horaires réels. La norme provinciale d’1 minute par km utilisée pour estimer les temps de déplacements est irréaliste. Un quart du temps de travail est occupé par des activités qui ne sont pas prises en compte formellement par le logiciel. L’analyse des interactions verbales avec les patients et les aidants met en lumière le travail peu (re)connu de dépistage et de soutien des AFS. La connaissance des cas est un facteur de protection important et dans certaines circonstances l’organisation peut nuire à son acquisition. Le travail des auxiliaires s’intensifie; cela risque d’avoir des répercussions sur leur santé-sécurité et sur la qualité des services offerts par le SAD. Le temps accordé pour le travail de bureau et les réunions est insuffisant. Le retard dans l’implantation du logiciel a pour cause principale une base de données non opérationnelle dès le début, situation qui s’est aggravée quand la responsable a été surchargée par d’autres tâches; la multiplication de ses responsabilités l’empêche de se consacrer pleinement à la production des horaires à l’aide du logiciel. Son rôle dans la transmission des informations sur les patients est capital. Les auxiliaires peu familières avec l’informatique auraient besoin de support. Plusieurs objectifs exprimés par les gestionnaires ont des chances d’être atteints, d’autres non, ou alors ils sont irréalistes ou conditionnels. Dans le cadre d’une gestion resserrée des coûts, le logiciel remplit le but dans lequel les gestionnaires l’ont introduit : augmenter l’offre de services par unité de temps, faire un meilleur suivi des horaires, réduire les coûts des déplacements, utiliser au maximum le temps du personnel régulier en recourant le moins possible aux TPO et au temps supplémentaire. Dans ce sens, il n’est pas la cause première de l’intensification du travail des auxiliaires, mais il y contribue beaucoup. Comme outils de transmission des informations sur les patients, le logiciel et le format d’horaire qu’il produit sont à la fois insuffisants et indispensables : ils ne peuvent pas toujours remplacer le contact humain mais ils sont de première nécessité pour les auxiliaires qui ne consultent pas le plan de services; leur utilité dépend fortement de la rapidité des mises à jour après un changement dans le plan de services ou l’état du client. Le logiciel facilite beaucoup le travail des auxiliaires qui produisent et gèrent les horaires, permettant de traiter rapidement et de manière fiable une masse importante d’informations. Il favorise aussi le partage d’informations importantes identiques sur les patients entre collègues AFS. Il ne tient cependant pas toutes les promesses annoncées, à cause de ses limites, de l’inertie dans la mise à jour des données sur les plans de services, de son incapacité à intégrer les particularités de chaque CLSC en matière d’horaires, et à cause du rationnel de productivité qui sous-tend son utilisation. Les pistes organisationnelles proposées à la réflexion des partenaires pour leurs prises de décisions touchent les horaires des auxiliaires, le travail de la chef d’équipe et l’utilisation du logiciel.

Mots-clés

Soins à domicile, Home care, Organisation du travail, Work organisation, Suggestion de prévention, Safety suggestion, Personnel infirmier, Nursing personnel, Aide personnelle à domicile, Personal home assistance, Risque d'atteinte à la santé, Health hazard, Troubles musculosquelettiques, Musculoskeletal disease, Absentéisme, Absenteeism, Analyse des tâches, Job analysis, Horaire de travail, Work time schedule, Charge de travail admissible, Permissible workload, Recommandation, Directive, Québec

Numéro de projet IRSST

0097-0830

Numéro de publication IRSST

RA5-429

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