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Année de publication

2016

Langue

Français

Résumé

Jusqu’à maintenant, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a produit des indicateurs statistiques de santé et sécurité du travail tous les cinq ans. Le besoin d’obtenir de l’information sur l’évolution annuelle depuis la dernière série d’indicateurs quinquennaux devenait cependant de plus en plus nécessaire. Ces données serviront à mieux connaître les changements récents concernant les indicateurs de lésions professionnelles et à identifier les types de lésions et les industries-catégories professionnelles pour lesquels l’évolution des indicateurs a été la moins favorable. Cette démarche vise à produire des données qui serviront à soutenir la programmation de recherche de l’IRSST.

Pour les années 2007 à 2012, les indicateurs annuels ont été produits à partir de données sur les lésions professionnelles acceptées et sur les lésions avec perte de temps indemnisée (PTI) de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), combinées à celles sur la main-d’œuvre de l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada. Nous avons adapté les données de l’EPA afin d’obtenir l’estimation du nombre de travailleurs en équivalent temps complet (ETC), à partir du nombre d’heures travaillées, pour les années 2007 à 2012.

Outre les nombres bruts de lésions, les indicateurs produits concernent le taux de fréquence ETC des lésions professionnelles acceptées, celui des lésions avec PTI, des lésions ayant nécessité plus de 90 jours indemnisés par la CSST et celui des lésions les plus coûteuses, soit celles supérieures à la moyenne de 2007 (28 014 $ en dollars constants de 2012). Ces deux derniers indicateurs servent à mesurer la fréquence des lésions qui ont eu les conséquences les plus graves en ce qui a trait aux jours indemnisés et aux coûts.

L’évolution de ces indicateurs a été mesurée à partir de différentes méthodes de régression afin d’estimer la valeur de leurs variations annuelles moyennes et de déterminer si elle est statistiquement différente (p < 0,05) du groupe de référence. Le groupe de référence peut varier d’un indicateur à l’autre, mais il s’agit toujours de celui dont l’indicateur concerné enregistre l’amélioration la plus marquée durant la période à l’étude, telle que mesurée par la variation annuelle moyenne.

Durant la période 2007 à 2012, le nombre de lésions acceptées a diminué en moyenne annuelle de 4,4 %, passant de près de 113 000 à moins de 91 000. En ce qui concerne les lésions avec PTI, elles sont passées durant la même période d’un peu plus de 86 000 à un peu plus de 67 000, soit une diminution annuelle moyenne de 5,0 %. Ces baisses du nombre annuel de lésions ne résultent pas d’une diminution du nombre de travailleurs ETC, celui-ci ayant augmenté en moyenne de 1,1 % par année.

Par ailleurs, non seulement la diminution du nombre de lésions professionnelles n’est pas la même pour différentes catégories de lésions mais certaines d’entre elles ont augmenté en nombre, plutôt que de diminuer. Ainsi, les accidents du travail ont diminué de 4,8 %, en moyenne annuelle, tandis que le nombre de maladies professionnelles a augmenté annuellement de 2,7 % durant la période 2007-2012. Les maladies professionnelles acceptées constituent donc une problématique de lésions professionnelles qui est en croissance alors que le nombre d’accidents du travail acceptés diminue.

Durant la période à l’étude, les lésions les plus graves en matière de jours indemnisés, de coûts ou d’atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP) ont moins diminué que les lésions les moins graves.

Par ailleurs, le coût moyen des lésions acceptées, en dollars constants de 2012, a augmenté en moyenne de 4,7 % par année, passant de 28 014 $ en 2007 à 34 869 $ en 2012 alors que les coûts globaux se sont maintenus. Il ressort que les lésions professionnelles sont moins nombreuses mais plus coûteuses en 2012 qu’en 2007.

L’analyse des trois taux de fréquence ETC, soit ceux des lésions avec PTI, des cas de plus de 90 jours indemnisés et des lésions acceptées les plus coûteuses, montre qu’il n’y a pas eu de différences statistiquement significatives, selon le sexe et l’âge, quant à leur évolution au cours de la période 2007 à 2012. La seule exception est que le taux de fréquence ETC des lésions les plus coûteuses, pour les 55 ans ou plus, n’a presque pas changé alors que celui des autres groupes d’âge a diminué.

En ce qui concerne les catégories professionnelles, ce sont les travailleurs non manuels dont les indicateurs de fréquence ETC des lésions avec PTI, des lésions ayant nécessité plus de 90 jours indemnisés et des lésions les plus coûteuses ont le moins diminué, comparativement aux travailleurs mixtes et manuels. Il est important de mentionner que les travailleurs manuels restent, et de loin, ceux dont les taux de fréquence ETC des lésions professionnelles sont les plus élevés.

Le taux de fréquence ETC des accidents traumatiques avec PTI a moins baissé que celui des troubles musculo-squelettiques (TMS) avec PTI, soit une diminution annuelle de 4,8 % comparativement à 7,7 % durant la période 2007-2012. Ainsi, en 2012, l’écart entre le taux de fréquence ETC des accidents traumatiques avec PTI (1,4 %) et celui des TMS (0,8 %) est plus grand qu’en 2007.

En ce qui a trait aux descripteurs de lésion, les troubles de l’oreille, principalement la surdité causée par l’exposition au bruit, forment l’un des rares types de lésion à avoir augmenté durant la période 2007-2012. Un autre type de lésions acceptées se retrouve dans cette situation, soient celles attribuables au frottement, à l’abrasion ou à la friction. Par ailleurs, le nombre de lésions coûteuses s’est maintenu ou a légèrement augmenté pour les accidents de transport, pour l’exposition à des substances nocives et pour les accidents survenus alors que le travailleur se penchait, grimpait ou s’étirait.

Il y a cinq industries-catégories professionnelles dont les trois indicateurs de fréquence ont moins diminué que la catégorie de référence de manière statistiquement significative, dans certains cas ils ont même augmenté. Ce sont les travailleurs manuels et mixtes des administrations publiques locales, municipales et régionales; les travailleurs manuels des établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes, des services de soins ambulatoires et de l’assistance sociale; les travailleurs manuels des services d’hébergement; et ceux des magasins de fournitures de tout genre. Il s’agit des industries-catégories professionnelles sur lesquelles notre attention devrait se porter en priorité. Il est à noter qu’il ne s’agit pas nécessairement de regroupements ayant des taux de fréquence ETC de lésions parmi les plus élevés, mais de ceux pour lesquels ces taux ont connu l’évolution la moins favorable au cours de la période étudiée.

Abstract

The Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) has been producing statistical indicators for occupational health and safety every five years. However, since the last series of five-year indicators was produced, it has become increasingly necessary to obtain information on annual trends. That data will serve to better understand recent changes concerning work injury indicators and to identify the types of injuries, industries and occupational categories for which indicator trends have been a less favourable. The aim is to produce data that will support the IRSST’s research programming.

Between 2007 and 2012, the annual indicators were produced using data on accepted work injuries and on compensated lost-time (CLT) injuries from the Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), combined with those on the labour force from Statistics Canada’s Labour Force Survey (LFS). We adapted the LFS data to obtain an estimate of the number of full-time equivalent (FTE) workers, using the number of hours worked from 2007 to 2012.

In addition to the gross numbers of injuries, the indicators include FTE frequency rates of accepted work injuries, CLT injuries, injuries requiring more than 90 days of CNESST indemnities, and more costly injuries, i.e., those above the 2007 average ($28,014 in constant 2012 dollars). The latter two indicators are used to measure the frequency of injuries that have more serious consequences with respect to numbers of days compensated and costs.

The evolution of these indicators was measured using various regression methods to estimate the value of their average annual variations and to determine whether they were statistically different (p < 0.05) than the reference group. The reference group could vary from one indicator to another, but it is always that for which the relevant indicator shows the greatest improvement during the period of the study, as measured by the average annual variation.

From 2007 to 2012, the number of accepted injuries decreased at an average annual rate of 4.4%, from almost 113,000 to fewer than 91,000. During the same period, CLT injuries fell from slightly more than 86,000 to slightly more than 67,000, for an average annual decrease of 5%. However, these reductions in annual numbers of injuries did not result from a decrease in the number of FTE workers, which increased on average 1.1% per year.

Not only is the reduction in the number of work injuries not the same across the various injury categories, but some of them have risen, instead of falling. For instance, work accidents decreased 4.8%, in terms of the annual average, while the numbers of occupational diseases increased annually to 2.7% between 2007 and 2012. The accepted occupational diseases thus constitute a problem in terms of rising numbers of work injuries, while the number of accepted work accidents is declining.

During the study period, the most serious injuries, with respect to numbers of days compensated, costs or permanent physical and mental impairment (PPMI), decreased less than injuries that were not as serious.

The average cost of accepted injuries, in constant 2012 dollars, increased on average by 4.7% per year, rising from $28,014 in 2007 to $34,869 in 2012, while overall costs remained stable. It appears that there were fewer work injuries in 2012 than in 2007, but that they were more costly.

The analysis of the three FTE frequency rates (i.e., those with CLT injuries, cases in which indemnities were paid for more than 90 days, and the most costly accepted injuries) shows that there are no statistically significant differences in trends according to gender and age between 2007 and 2012. The only exception was that the FTE frequency rate among those aged 55 and over for the most costly injuries remained virtually unchanged, while those of other age groups decreased.

With respect to occupational categories, the FTE frequency indicators of injuries with CLT, the injuries that required more than 90 days of compensation, and the most costly injuries decreased the least among non-manual workers, compared to workers in mixed and manual occupations. It is important to mention that manual workers remain, by far, those with the highest frequency of work injuries.

The FTE frequency rate for traumatic accidents with CLT dropped less than those for musculoskeletal disorders (MSD) with CLT, i.e., an annual decrease of 4.8% compared to 7.7% between 2007 and 2012. Thus, in 2012, the gap between the FTE frequency rate for traumatic accidents with CLT (1.4%) and those with MSD (0.8%) is wider than in 2007.

With respect to injury descriptors, hearing disorders, mainly deafness caused by exposure to noise, are one of the rare types of injury to have increased between 2007 and 2012. Another type of accepted injury that also increased was caused by rubbing, abrasion or friction. The number of costly injuries has remained the same or increased slightly for transportation accidents, for exposure to harmful substances and for accidents that occur when the worker is bending forward, climbing or reaching.

There are five industry-occupation categories for which the three frequency indicators decreased less than the reference category in a statistically significant manner, and in certain cases they even increased. They concern workers in two occupation categories, manual and mixed, in local, municipal and regional public administration; manual workers in nursing homes and residential care facilities, ambulatory care and social assistance services; manual workers in accommodation services; and those working in supply stores of every kind. These are the industry-occupation categories that should receive priority attention. Note that they are not necessarily the groups with the highest frequency of FTE injuries, but those for which the rates have followed a less favourable trend over the period studied.

ISBN

9782896318758

Mots-clés

Aspect statistique-accidents et maladies, Statistical aspect-accidents and diseases, Réparation-accidents et maladies, Work compensation, Taux de fréquence, Frequency rate, Taux de gravité, Severity rate, Méthodologie, Methodology, Statistiques, Statistics, Analyse des données, Data analysis, Québec

Numéro de projet IRSST

2012-0036

Numéro de publication IRSST

R-922

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