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Stats

Année de publication

2022

Langue

Français

Résumé

Ce portrait statistique s’inscrit dans un processus de surveillance qui s’appuie sur l’exploitation de données administratives de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et sur des données du recensement de Statistique Canada. Ce processus, qui a débuté il y a plus de 35 ans à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), permet notamment d’identifier des groupes de travailleurs et des industries-catégories professionnelles dont les problèmes de SST sont les plus importants, ce qui constitue une information précieuse pour la planification de la recherche et de la prévention.

Ce rapport présente, pour la période 2015-2016, des indicateurs de risque (taux de fréquence en équivalent temps complet [ETC]), de gravité (durée moyenne d’indemnisation, atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique [APIPP]), de risque-gravité (taux de fréquence-gravité ETC) et de coût pour les lésions professionnelles acceptées et celles avec perte de temps indemnisée (PTI). Les caractéristiques descriptives des lésions sont aussi présentées.

Les indicateurs ont été calculés sur la base du nombre d’employés en ETC. L’utilisation des effectifs en ETC, plutôt qu’en nombre d’individus, permet de tenir compte de l’importance du travail atypique, en particulier du travail à temps partiel ou occasionnel, et des différences qui existent selon l’âge et le sexe. Des indicateurs distincts pour les jeunes travailleurs (15-24 ans), les travailleurs expérimentés (55 ans et plus), les maladies professionnelles et les industries cibles sont également présentés. Par ailleurs, des tableaux de classement des industries-catégories professionnelles pour l’ensemble des travailleurs, ainsi qu’en fonction du sexe et du groupe d’âge, sont présentés dans le rapport annexe.

Évolution

Entre la série d’indicateurs précédente (2010-2012) et l’actuelle (2015-2016), le nombre annuel moyen de lésions professionnelles indemnisées par la CNESST a diminué. Ce phénomène s’inscrit dans la poursuite de la baisse du nombre de lésions amorcée depuis la fin des années 1980. Cependant, la période 2015-2016 marque un point de bascule dans cette tendance. De 2015 à 2019, dernière année pour laquelle des statistiques compilées sont disponibles au moment de la réalisation de la présente étude, le nombre de cas augmente chaque année. Cette tendance n’est toutefois pas spécifique au Québec puisqu’on la retrouve aussi dans l’ensemble du Canada.

Catégorie professionnelle, sexe et groupe d’âge

En 2015-2016, plus de 91 100 lésions ont été acceptées annuellement par la CNESST, dont près de 65 100 lésions avec perte de temps indemnisée. L’analyse par catégorie professionnelle, qui est une classification des professions basée sur l’effort physique déployé par le travailleur, montre que les travailleurs qui occupent des professions manuelles ont un taux de fréquence ETC (5,4 lésions PTI par 100 travailleurs ETC) beaucoup plus élevé que les travailleurs qui occupent des professions non manuelles (0,6 %) ou mixtes (2,5 %), et ce tant chez les hommes que chez les femmes. Par ailleurs, près de 63 % de l’ensemble des lésions professionnelles avec PTI surviennent à des hommes. Cette situation est en bonne partie attribuable au fait que les hommes se retrouvent en plus grande proportion dans des professions où le risque de lésions est plus élevé, soit des professions manuelles.

Bien que, globalement, les hommes aient un taux de fréquence-gravité des lésions professionnelles plus élevé (3,0 jours par travailleur ETC pour les hommes contre 2,2 pour les femmes), ce sont les femmes qui présentent les taux les plus élevés pour chaque catégorie professionnelle. Cet écart tient en grande partie au fait que les hommes et les femmes ne se répartissent pas également entre les catégories professionnelles.

Les analyses selon le groupe d’âge indiquent que, pour la période 2015-2016, la situation des jeunes travailleurs se distingue par un taux de fréquence ETC plus élevé que la moyenne. Cependant, en tenant compte de la catégorie professionnelle, le taux de fréquence ETC des 15-24 ans est plus faible que celui de l’ensemble des travailleurs pour les professions manuelles et mixtes. Le taux de fréquence ETC global plus élevé chez les jeunes s’explique notamment par le fait qu’ils se retrouvent plus souvent dans des professions manuelles et mixtes, des professions associées à un plus grand risque de subir une lésion.

L’analyse de la gravité des lésions selon l’âge montre des écarts entre les travailleurs expérimentés (55 ans et plus) et les plus jeunes. On constate effectivement des durées moyennes d’indemnisation et un coût moyen par lésion qui augmentent avec l’avancée en âge. L’étude met également en lumière certaines différences en ce qui a trait aux descripteurs de lésions professionnelles selon l’âge (siège, nature, genre d’accident, agent causal).

Maladies professionnelles

Les maladies professionnelles, qui représentaient 6 % des lésions acceptées en 2010-2012, représentent environ 10 % des lésions professionnelles acceptées au cours des années 2015-2016, soit environ 9 300 nouveaux cas par année. Ces maladies professionnelles surviennent davantage chez les hommes (8 600 cas) que les femmes (730 cas). Depuis 2010-2012, le nombre de maladies professionnelles a augmenté tandis que le nombre d’accidents du travail a diminué. Moins nombreuses que les accidents du travail, les maladies professionnelles ont toutefois généralement des conséquences plus graves. Ainsi, près de 72 % des employés ayant eu une maladie professionnelle ont une atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP). De plus, leur durée moyenne d’indemnisation (calculée pour les 7,3 % des cas ayant une perte de temps indemnisée) est environ trois fois plus longue que pour l’ensemble des lésions avec PTI. Globalement, 89 % des maladies professionnelles sont des troubles de l’oreille. Ceux-ci représentent la majorité des maladies professionnelles chez les hommes (92 %) ainsi que chez les femmes (61 %).

Coût des lésions professionnelles

Le coût des lésions professionnelles constitue une mesure globale de l’impact des lésions professionnelles, en considérant à la fois les coûts financiers et humains assumés par les employeurs, les travailleurs et la collectivité. Le coût des lésions professionnelles acceptées survenues au cours d’une année est estimé à 5,98 milliards de dollars ($ de 2016), en moyenne, pour la période 2015-2016. Le coût moyen d’une lésion professionnelle s’élève à 65 550 $. Le coût moyen d’une maladie professionnelle (218 050 $) est environ 4,5 fois supérieur à celui d’un accident (48 140 $). L’exposition au bruit et l’exposition à une substance nocive sont les genres d’accident ou d’exposition qui engendrent les coûts moyens par lésion les plus élevés. L’exposition au bruit ainsi que les chutes au même niveau, glisser, trébucher sont les genres d’accident ou d’exposition qui occasionnent les coûts totaux par année les plus élevés.

Groupes cibles

Certaines industries moins fréquemment ciblées se démarquent uniquement lorsque l’indicateur est produit en tenant compte de la catégorie professionnelle. Ainsi, dans un processus de détermination de priorités de recherche ou de prévention, il est important d’identifier les industries-catégories professionnelles qui présentent les risques les plus élevés en termes de SST.

Les 5 industries-catégories professionnelles qui se retrouvent le plus souvent parmi l’ensemble des 16 tableaux de classement produits sont les travailleurs manuels des entrepreneurs spécialisés de la construction, du transport par camion, de la fabrication de produits en plastique et en caoutchouc, des administrations publiques locales, municipales et régionales et de l’extraction minière et l’exploitation en carrière (sauf l'extraction de pétrole et de gaz).

Chaque indicateur permet d’analyser les impacts des lésions sous un angle particulier. Toutefois le taux de fréquence-gravité ETC et le coût moyen par ETC ont l’avantage de tenir compte à la fois du risque et de la gravité des lésions, ils sont donc à privilégier. Les 20 industries-catégories professionnelles ayant les taux de fréquence-gravité ETC des lésions avec PTI les plus élevés représentent 9 % de la main-d'œuvre, mais 28 % des lésions avec PTI. En ce qui a trait au classement selon le coût moyen par ETC, les groupes identifiés représentent 7 % de la main-d’œuvre, mais 23 % des coûts totaux. Ces indicateurs ont donc toute leur pertinence pour identifier les regroupements de travailleurs les plus affectés par les lésions professionnelles indemnisées par la CNESST.

Abstract

This statistical profile is part of a monitoring process based on exploitation of administrative data from the Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) and Statistics Canada’s census data. This process, which began over 35 years ago at the Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST), makes it possible to identify the groups of workers and industries-occupational categories with the greatest OHS problems, which constitutes valuable information when planning research and prevention activities.

This report presents risk indicators (frequency rate calculated with numbers of full-time equivalent (FTE) workers), severity indicators (average duration of compensation, permanent physical or mental impairment (PPMI)), risk-severity indicators (FTE frequency-severity rate), and indicators for the cost of workplace injuries (including illness) that are accepted and those with time-loss compensation (TLC) for the 2015–2016 period. The descriptive characteristics of the injuries are also presented.

The indicators were calculated based on the number of FTE employees. The use of FTE employees, rather than the number of individuals, allows one to take into account the significance of atypical work, in particular part-time or casual work, and differences according to age and gender. Separate indicators for youth (15 to 24 years old), experienced workers (aged 55 and over), occupational diseases and targeted industries are also presented. Moreover, classification tables of industries-occupational categories for all workers, and according to gender and age group, are presented in the appended report.

Changes

Between the previous set of indicators (2010–2012) and the current one (2015–2016), the average number of workplace injuries compensated by the CNESST dropped. This phenomenon continued the downward trend that had begun at the end of the 1980s. Nevertheless, the 2015–2016 period marked a tipping point in this trend. From 2015 to 2019, the most recent year for which the compiled statistics were available at the time this study was completed, the number of cases increased every year. However, this trend is not specific to Québec since the same thing is found throughout Canada.

Occupational category, gender and age group

In 2015–2016, more than 91,100 injuries were accepted annually by the CNESST, including almost 65,100 TLC injuries. The analysis by occupational category, which is a classification based on the physical effort required of the worker, shows that workers in manual occupations have a much higher FTE frequency rate (5.4 TLC injuries per 100 FTE workers) than workers in non-manual (0.6%) or mixed (2.5%) occupations, and this applies to both men and women. Moreover, close to 63% of all occupational injuries with TLC affect men. This situation is mainly due to the fact that there is a higher proportion of men in occupations where the risk of injury is highest, namely the manual occupations.

Although, overall, men have a higher frequency-severity rate for occupational injuries (3.0 days per FTE worker for men versus 2.2 for women), women have the highest rates for each occupational category. This difference is largely due to the fact that men and women are not equally distributed among occupational categories.

The analyses according to age group show that, for the 2015–2016 period, the situation for young workers is characterized by a higher-than-average FTE frequency rate. Nevertheless, when one bears occupational category in mind, the FTE frequency rate for workers aged 15 to 24 years is lower than that for all workers in manual and mixed occupations. Young workers have a higher overall FTE frequency rate mainly because most of them are in the manual and mixed occupations, which are associated with a higher risk of injury.

The analysis of the severity of injuries according to age shows differences between experienced workers (aged 55 and over) and younger ones. Indeed, average durations of compensation and the average cost per injury increase with age. The study also highlights certain differences related to descriptors of occupational injuries according to age (injury site, nature, type of accident, causal agent).

Occupational illnesses

Occupational illnesses, which represented 6% of the injuries accepted in 2010–2012, represented approximately 10% of the occupational injuries accepted in the 2015–2016 period, or some 9,300 new cases per year. These occupational illnesses affected more men (8,600 cases) than women (730 cases). Since 2010–2012, the number of occupational illnesses has increased while the number of workplace accidents has decreased. Although they are less common than workplace accidents, occupational illnesses generally have more serious consequences. Thus, almost 72% of employees who had an occupational illness present a PPMI. In addition, their average duration of compensation (calculated for the 7.3% of cases with TLC) is approximately three times as long as for TLC injuries as a whole. Overall, 89% of occupational illnesses are ear problems, which represent the majority of occupational illnesses for both men (92%) and women (61%).

Cost of occupational injuries

The cost of occupational injuries constitutes a general measure of the impact of such injuries; it considers the financial and human costs assumed by employers, workers and the community. The average cost of occupational injuries accepted during a year is estimated at $5.98 billion (2016 $) for the 2015–2016 period. The average cost of an occupational injury amounts to $65,550. The average cost of an occupational illness ($218,050) is about 4.5 times higher than that of an accident ($48,140). Exposure to noise and exposure to a harmful substance are the kinds of accident or exposure that generate the highest average cost per injury. Exposure to noise and falls on the same level, slips and trips are the kinds of accident or exposure that cause the highest total costs per year.

Targeted groups

Certain industries that are targeted less frequently stand out only when the indicator takes occupational category into account. Thus, when setting research or prevention priorities, it is important to identify the industries-occupational categories that present the highest OHS risks.

The five industries-occupational categories that appear most frequently in the 16 classification tables are manual workers in specialized construction contracting firms; truck transportation; manufacturing of plastic and rubber goods; local, municipal and regional public services; and mineral extraction and quarrying (except oil and gas extraction).

Each indicator allows the impact of injuries to be analyzed from a specific angle. However, the FTE frequency-severity rate and the average cost per FTE have the advantage of taking both the risk and the severity of injuries into consideration, so they should be chosen preferentially. The 20 industries-occupational categories with the highest FTE frequency-severity rates for injuries with TLC represent 9% of the workforce but 28% of injuries with TLC. And, regarding classification by average cost per FTE, the groups identified represent 7% of the workforce but 23% of total costs. These indicators are therefore very relevant for identifying the groups of workers most affected by the workplace injuries compensated by the CNESST.

ISBN

9782897972165

Mots-clés

Aspect statistique des accidents du travail, Statistical aspect of occupational accidents, Réparation-accidents et maladies, Work compensation, Indicateur, Instrumentation, Taux de fréquence, Frequency rate, Taux de gravité, Severity rate, Méthodologie, Methodology, Statistiques, Statistics, Analyse des données, Data analysis, Québec

Numéro de projet IRSST

n/a

Numéro de publication IRSST

S-1150-fr

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