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Année de publication

2012

Langue

Français

Résumé

La liste des substances et conditions de travail associées à un risque élevé de cancer ne cesse d'augmenter. Cependant, afin de prioriser les besoins en recherche et d'orienter les activités préventives dans le domaine des cancers d'origine professionnelle et des substances cancérogènes, il importe de disposer de données sur l'exposition des travailleurs à ces cancérogènes. Il faut d'abord connaître l'ampleur du problème et établir un état de la question, en termes d'exposition aux substances ou circonstances d'exposition cancérogènes et en termes d'importance du nombre de cancers d'origine professionnelle. Ce rapport présente les résultats de la première étape d'une démarche menée à l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) afin de documenter l'exposition des travailleurs québécois aux substances ou circonstances d'exposition cancérogènes. Ce document constitue un apport important à la connaissance québécoise sur l'exposition aux cancérogènes; les constats effectués devraient être utiles aux personnes concernées par cette problématique.

Il a été possible de compiler des estimations d'exposition pour 38 substances cancérogènes listées à l'annexe 1 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail (notations C1, C2 ou C3) et dans la liste des cancérogènes avérés ou probables du Centre international de recherche sur le cancer (groupes 1 et 2A). Le nombre de travailleurs potentiellement exposés à chaque cancérogène considéré a été obtenu en appliquant des pourcentages de travailleurs exposés à ce cancérogène dans les secteurs d'activité concernés, calculés à partir de diverses sources d'information, aux effectifs de la main-d'oeuvre des secteurs d'activité du Québec estimés à partir des données du recensement de la population de 2006. L'information sur l'exposition a été extraite de la base des données d'analyses de laboratoire effectuées par l'IRSST pour le Réseau public de la santé au travail, des résultats de quelques projets spéciaux menés par l'IRSST, des données de l'Enquête sociale et de santé 1998 de Santé-Québec, des données rassemblées par Santé Canada sur les radio-expositions professionnelles et des données d'exposition compilées dans le cadre du projet CAREX Canada (mené par l'Université de Colombie-Britannique). Pour quelques cancérogènes, les données d'exposition proviennent de deux sources françaises : l'Enquête SUMER menée par le Ministère du travail de France auprès des médecins du travail et les matrices emplois-expositions MATGÉNÉ développées par l'Institut de veille sanitaire.

Selon cette approche, les dix substances ou circonstances auxquelles les travailleurs québécois sont exposés en plus grande proportion sont : le rayonnement solaire (6,6 %), le travail de nuit régulier ou un horaire alternant incluant la nuit (6,0 %), les gaz d'échappement diesel (4,4 %), les poussières de bois (2,9 %), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (excluant les fumées diesel) (2,0 %), le benzène (1,7 %), la silice (1,5 %), le plomb (1,3 %), les rayonnements ultraviolets artificiels (1,1 %) et les huiles minérales (1,0 %).

Plusieurs secteurs d'activité comportent plus de 20 cancérogènes différents, notamment ceux de la fabrication, de la construction, des autres services sauf les administrations publiques, des services publics, des services professionnels, scientifiques et techniques et des services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et d'assainissement. Parmi les secteurs manufacturiers avec des expositions multiples aux cancérogènes, se retrouvent ceux de la fabrication de produits minéraux non métalliques, de matériel de transport, de la première transformation des métaux, de la fabrication de produits chimiques et de la fabrication du papier.

À partir de ces pourcentages d'exposition, on estime qu'au moins 230 300 québécois seraient exposés au rayonnement solaire et que plus de 150 000 travailleurs seraient exposés aux gaz d'échappement diesel dans le cadre de leur travail. Plus de 50 000 travailleurs seraient exposés à des cancérogènes dans chacun des secteurs d'activités suivants : fabrication, transport et entreposage, agriculture, foresterie, chasse et pêche ainsi que soins de santé et d'assistance sociale.

Les expositions aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), aux gaz d'échappement diesel, au benzène et au rayonnement solaire touchent une majorité des secteurs où travaillent des jeunes travailleurs selon les données disponibles, soit notamment ceux du commerce de détail, des arts, spectacles et loisirs et de l'hébergement et restauration.

L'analyse des données selon le sexe montre que les femmes seraient plus nombreuses à être exposées à des cancérogènes dans le secteur des soins de santé et d'assistance sociale (rayonnements ionisants, travail de nuit, rayonnements UV artificiels et rayonnement solaire). Les hommes se retrouvent en plus grande proportion dans les secteurs de l'agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse, de l'extraction minière, de pétrole et de gaz, de la construction, des services publics, de la fabrication et du transport et entreposage; ces secteurs se caractérisent notamment par l'exposition au rayonnement solaire, aux poussières de bois, au travail de nuit, à la silice, aux gaz d'échappement diesel, aux huiles minérales et au plomb.

Malgré leurs limites, les estimations produites constituent des indicateurs utiles quant à l'importance de l'exposition potentielle des travailleurs québécois aux substances cancérogènes, notamment parce qu'il s'agit du premier portrait de ce genre réalisé à partir d'une agrégation de données issues de diverses sources.

Comme les cancers prennent plusieurs années à se développer et qu'il peut être difficile de faire le lien entre un cancer et une exposition professionnelle particulière, la meilleure stratégie est la prévention. La démarche de prévention pour l'exposition aux cancérogènes est la même que la démarche d'hygiène pour tout danger en milieu de travail : l'anticipation, l'identification, l'évaluation et la maîtrise du risque (par l'élimination à la source, la substitution, la diminution de l'exposition), tout en s'assurant d'informer et de former les employeurs et les travailleurs sur les substances cancérogènes.

Abstract

The list of substances and working conditions linked to a high risk of cancer continues to grow. To establish priorities in research needs and orient preventive action in the field of occupational cancer and carcinogenic substances, it is important to have data on worker exposure to these carcinogens. First the scope of the problem must be determined and an overall portrait drawn up in terms of both exposure to carcinogenic substances or conditions and the incidence of occupational cancer. This report presents the results of the first stage in a project at the Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) aimed at documenting the exposure of Québec workers to carcinogenic substances or conditions. It offers an important contribution to Québec knowledge about exposure to carcinogens; its observations should be useful to anyone interested in this topic.

Exposure estimates were compiled for 38 carcinogenic substances listed in Schedule I of the Regulation respecting occupational health and safety (designation C1, C2 or C3) and in the known or probable carcinogens list published by the International Agency for Research on Cancer (groups 1 and 2A). The number of workers potentially exposed to each carcinogen was obtained by applying the percentages of exposed workers in a given industry, calculated from various data sources, to the number of people working in that industry in Québec according to the 2006 census data. The information on exposure was based on laboratory tests performed by the IRSST for the Réseau public de la santé au travail, the results from a number of special projects carried out by the IRSST, data from Santé-Québec's survey on health and wellbeing (Enquête sociale et de santé 1998), Health Canada data on occupational radiation exposure, and exposure data compiled as part of the CAREX Canada project conducted by the University of British Columbia. For some carcinogens, the exposure data came from two French sources: the SUMER survey of occupational physicians by France's Ministère du travail, and the MATGÉNÉ job exposure matrices developed by the Institut de veille sanitaire.

According to these calculations, the ten substances or conditions to which the greatest number of Québec workers are exposed are as follows: solar radiation (6.6%), night work or rotating shifts including night work (6.0%), diesel exhaust (4.4%), wood dust (2.9%), polycyclic aromatic hydrocarbons (excluding diesel exhaust) (2.0%), benzene (1.7%), silica (1.5%), lead (1.3%), artificial ultraviolet rays (1.1%) and mineral oils (1.0%).

In several industries, over 20 different carcinogens are present; these industries include manufacturing, construction, other services except public administration, utilities, professional, scientific and technical services, and administrative, support, waste management and remediation services. Among the manufacturing industries with exposure to multiple carcinogens are non-metallic mineral products, transportation equipment, primary metals, chemicals and paper.

Based on these percentages, it is estimated that at least 230,300 Quebecers are exposed to solar radiation and more than 150,000 to diesel exhaust in their jobs. Over 50,000 are exposed to carcinogens in manufacturing, transportation and warehousing, agriculture, forestry, hunting and fishing, and health care and social assistance.

Exposure to polycyclic aromatic hydrocarbons (PAHs), diesel exhaust, benzene and solar radiation affects most of the industries with a young labour force, including retailing, arts, entertainment and recreation, and accommodation and food services.

A breakdown of the data according to sex shows that more women are exposed to carcinogens in health care and social assistance (ionizing radiation, night work, artificial UV rays and solar radiation). Men are present in greater proportions in agriculture, forestry, hunting and fishing, mineral extraction, oil and gas, construction, utilities, manufacturing and transportation and warehousing; these industries are characterized by exposure to solar radiation, wood dust, night work, silica, diesel exhaust, mineral oils and lead.

Despite their limitations, the estimates are useful indicators of the extent of Québec workers' potential exposure to carcinogenic substances, mainly because this is the first portrait of its type based on data aggregated from various sources.

Because cancers take several years to develop and it can be difficult to establish a link between a cancer and a given occupational exposure, the best strategy is prevention. The preventive approach for exposure to carcinogens is the same as for any occupational hazard: anticipation, identification, assessment and control (through elimination at source, substitution and reduction of exposure), as well as informing and educating employers and workers about carcinogenic substances.

ISBN

9782896315994

Mots-clés

Substance cancérogène, Carcinogen, Rayonnement solaire, Solar radiation, Travail de nuit, Night work, Gaz d'échappement, Exhaust gas, Essence diesel, Diesel fuel, Poussière de bois., Wood dust, Hydrocarbures polycycliques aromatiques, Polycyclic aromatic hydrocarbons, Benzène, Benzene, CAS 71432, Silice, Silica, Plomb, Lead, CAS 7439921, Rayonnement ultraviolet, Ultraviolet radiation, Huile minérale, Mineral oil, CAS 8012951, Effet cancérogène, Carcinogenic effect, Jeune travailleur, Young employee, Évaluation statistique, Statistical evaluation, Évaluation de l'exposition, Exposure evaluation, Québec, Exposition multiple ou cumulée, Cumulative risk

Numéro de projet IRSST

2010-0005

Numéro de publication IRSST

R-732

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