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Année de publication

2017

Langue

Français

Résumé

L’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) produit et publie depuis plusieurs années des indicateurs statistiques de santé et de sécurité du travail (fréquence, gravité, fréquence-gravité, coûts). Ceux-ci sont habituellement produits tous les 5 ans à l’aide de données administratives de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui ont, en moyenne, 3 ans de maturité. Les indicateurs sont donc élaborés à partir de données qui ne cumulent pas tous les effets des conséquences des lésions professionnelles. La production de ces indicateurs repose sur la présomption qu’une période de 3 ans de maturité est suffisamment longue pour dresser un portait représentatif de celui qu’on obtiendrait avec des données à pleine maturité tirées des dossiers d’indemnisation fermés. Notons également qu’il y a des considérations pratiques associées à l’utilisation de données ayant 3 ans de maturité, soit qu’il n’y ait pas un délai trop long entre les années de références de ces indicateurs et la réalité d’aujourd’hui.

La présente étude analyse, dans un premier temps, l’impact de l’utilisation de données d’une maturité plus longue, sur les indicateurs produits à l’IRSST. Ensuite, la stabilité des classements identifiant les groupes et problématiques cibles a été évaluée, à partir de ces mêmes indicateurs, afin de statuer sur le bien-fondé de l’utilisation de données dont la maturité atteint 3 ans.

De façon générale, l’utilisation des données ayant 9 ans de maturité, soit une période 3 fois supérieure à ce qui est habituellement utilisé, a souvent des effets assez importants qui varient selon les indicateurs analysés.

Ainsi, en choisissant 9 ans de maturité plutôt que 3, la durée moyenne d’indemnisation par lésion passe de 88,9 à 128,7 jours. Cela représente une augmentation d’environ 45 % en 6 ans. Le taux de fréquence-gravité passe de 3,0 à 4,3 jours par travailleur en équivalent temps complet (ETC), ce qui représente également une augmentation de 45 %. L’ajout de 6 ans de maturité a pour conséquence une hausse d’environ 44 % des débours de l’ensemble des dossiers. Les coûts globaux, qui incluent des coûts financiers et humains, n’augmentent pas dans la même proportion, mais ils subissent tout de même une majoration d’environ 35 %, ce qui les fait passer de 4,7 à 6,3 milliards de dollars ($ de 2015). La proportion de lésions qui nécessitent au moins 180 jours d’indemnisation est un indicateur qui reste quasi inchangé malgré un prolongement de la maturité, passant de 10,5 % à 10,7 %.

Il ressort également que, malgré les différences importantes de la valeur de la plupart des indicateurs, le prolongement de la maturité des données a un faible impact sur les classements des descripteurs de lésions ou des groupes cibles (industries-catégories professionnelles). Il n’y a que très peu de changements de rang, basé sur le coût moyen par lésion, dans les classements par descripteur de lésions (siège, nature, genre, agent causal). Certains de ces descripteurs peuvent être associés à des problématiques cibles. Ainsi, les lésions au dos, et celles liées à des troubles psychologiques, sont les plus influencées par l’augmentation de la maturité. Il s’agit de celles dont le rang subit les plus fortes progressions dans les classements, tout en étant celles dont le coût moyen par lésion et le coût total augmentent le plus, d’un point de vue relatif.

Que ce soit le classement selon la durée moyenne d’indemnisation, la proportion de lésions avec perte de temps indemnisée (PTI) dont la durée d’indemnisation excède 180 jours, la proportion de lésions avec atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP), ou le taux de fréquence-gravité des lésions avec PTI, la grande majorité des groupes cibles identifiés avec des données ayant 3 ans de maturité demeurent même en considérant des données de 9 ans de maturité. De plus, il n’y a pas de groupes cibles particuliers qui se démarquent de façon significative en accédant à un rang supérieur ou inférieur du classement. Cela est vrai tant pour les femmes que pour les hommes.

L’étude a également permis de déterminer les caractéristiques des lésions qui sont associées à des hausses plus marquées de leurs coûts en prenant en considération des données dont la maturité a été prolongée. Ainsi, l’allongement de 6 ans de la période de maturité des données a pour effet une augmentation beaucoup plus élevée, absolue et relative des coûts des dossiers de travailleurs ayant bénéficié de réadaptation, ou ceux liés à une rechute, récidive ou aggravation, comparativement aux dossiers qui n’en ont pas. Dans une moindre mesure, des hausses de coûts plus importantes pour les lésions avec APIPP sont observées, comparativement aux lésions sans ce type d’atteinte, de même que pour les maladies professionnelles par rapport aux accidents du travail.

En bref, les résultats de la présente étude permettent d’affirmer que les gains provenant de l’utilisation de données ayant une maturité de 9 ans n’ont pas un impact significatif sur l’identification des groupes cibles ainsi que sur la désignation des types de lésions les plus coûteuses, même si la valeur des indicateurs peut changer passablement. L’utilisation de données d’une maturité de 3 ans semble donc appropriée et répond aux besoins de l’IRSST. Il faut toutefois garder à l’esprit que certains types de lésions ou certaines problématiques seront plus sous-estimées que d’autres. Il en est ainsi des lésions au dos, des lésions psychologiques, des dossiers qui incluent un programme de réadaptation, ainsi que les lésions avec des rechutes.

Abstract

For several years, the Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) has been producing and publishing statistical indicators on occupational injuries (frequency, severity, frequency-severity, costs). They are usually produced every five years and are based on administrative data from the Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) covering, on average, a three-year period. The indicators are therefore based on data that do not reflect all the cumulative effects of occupational injuries. The assumption is that a three-year period yields enough data to be representative of all the data existing in closed compensation case files. It should also be noted that there are practical considerations associated with the use of a three-year data period, namely that there must not be too long a delay between the indicator reference years and today’s reality.

This study examined, first of all, how using a longer data period would affect the indicators produced at the IRSST. Next, those same indicators were used to evaluate the stability of the classifications identifying the target groups and problems, in order to determine the soundness of using three-year-old data.

Generally speaking, using nine years of data—three times longer than the usual period—often has considerable impacts that vary from one indicator to the next.

When the data period was extended from three years to nine, the average compensation period per injury rose from 88.9 to 128.7 days—an increase of some 45% in six years. The frequency-severity rate rose from 3.0 to 4.3 days per FTE (full-time equivalent employee), which is also a 45% increase. Adding six years to the data resulted in an increase of about 44% in expenses for all cases. Overall costs (financial and human) did not increase in the same proportion, but they did show an increase of about 35%, from $4.7 billion to $6.3 billion (2015 dollars). The proportion of injuries requiring at least 180 days of compensation is one indicator that remained nearly unchanged by the extension, rising only from 10.5% to 10.7%.

Despite the large changes in most of the indicators, extending the data period had little impact on the classification of injury descriptors or target groups (industries and occupations). There was very little change in rankings, based on the average cost per injury, or in the classification by injury descriptor (part of body injured, nature, type, cause). Some of these descriptors can be associated with target problems. The injuries most influenced by the extension were back injuries and psychological problems; these are the ones that advanced the most in the rankings, and for which the average cost per injury and total cost increased the most, relatively speaking.

Whether according to average length of compensation, proportion of injuries with time lost and compensation of more than 180 days, proportion of injuries with permanent physical or psychological damage, or the frequency-severity rate of injuries with time lost, most of the target groups identified using a three-year data period remained the same when a nine-year period was used. Moreover, none of the target groups stood out significantly by achieving a higher or lower rank. This is true of both men and women.

The study also shows which types of injuries had the highest increases in costs when the data period was extended by six years. Specifically, the cost increase (absolute and relative) was much greater for workers benefiting from rehabilitation and for cases involving a relapse, recurrence or aggravation, compared with cases where such factors are absent. To a lesser extent, larger cost increases were also observed for injuries with permanent physical or psychological damage than for those without, as well as for occupational illnesses compared with occupational injuries.

To sum up, this study confirms that the gains arising from the use of a nine-year rather than three-year data period have no significant impact on the identification of target groups or on the designation of the most costly types of injuries, even though the indicator values may change noticeably. The use of a three-year data period therefore seems appropriate and in line with the IRSST’s needs. Nonetheless, it should be kept in mind that some problems or types of injuries are more underestimated than others: in particular, back injuries, psychological injuries, and cases involving rehabilitation or relapse.

ISBN

9782896319664

Mots-clés

Aspect statistique-accidents et maladies, Statistical aspect-accidents and diseases, Réparation-accidents et maladies, Work compensation, Taux de fréquence, Frequency rate, Méthodologie, Methodology, Statistiques, Statistics, Analyse des données, Data analysis, Québec

Numéro de projet IRSST

2014-0015

Numéro de publication IRSST

R-989

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