Type de document
États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature
Année de publication
2003
Langue
Français
Résumé
La présente recension d’écrits fait suite au Bilan de connaissances sur les équipes semi-autonomes de travail publié par l’IRSST en 1998. Elle vise à rendre compte de l’évolution de la recherche de 1996 à 2002 sur ce phénomène complexe qui apparaît comme irréversible bien que son ampleur ne soit peut-être pas aussi considérable que les prévisions des années 90 le supposaient.
En effet, plusieurs auteurs prédisaient une introduction massive de cette forme d’organisation du travail dans plus de 90% des entreprises nord américaines. Dans des articles européens, on soulignait également l’ampleur que prendrait ce phénomène au cours des prochaines années. Récemment, des recherches ont été réalisées dans le but de mieux cerner l’étendue et la nature des équipes de travail au sein des entreprises, plus particulièrement aux États-Unis. Leurs résultats suggèrent que l’adoption d’équipes semi-autonomes (ÉSA) de travail est beaucoup moins élevée que ce qui est généralement rapporté dans la majorité des publications. De plus, certaines recherches scientifiques visant à mesurer de façon rigoureuse les performances des organisations à la suite de l’implantation d’ÉSA arrivent à des résultats beaucoup plus modestes que ceux rapportés par les entreprises qui ont publicisé leur réussite. Certaines recherches arrivent même à des résultats négatifs. Finalement, on fait de plus en plus mention d’échecs et d’abandons par des organisations déçues des résultats atteints. Nous débuterons ce rapport par un retour sur le concept d’ÉSA et l’ampleur réelle de ce phénomène.
Par la suite, le rapport aborde les résultats de recherches réalisées depuis 1996 selon trois principaux thèmes. Le premier thème concerne le processus et les conditions de succès d’une implantation réussie d’organisation en ÉSA. Le second thème s’intéresse aux effets des ÉSA sur la performance organisationnelle, sur la satisfaction et le bien-être des travailleurs et sur la santé et la sécurité du travail. Le troisième thème vise à présenter différents modèles visant à mieux comprendre les ÉSA ainsi que les variables pouvant expliquer leur niveau de performance. Le processus d’implantation des ÉSA demeure un thème encore très répandu dans la littérature. Plusieurs études de cas rapportent diverses démarches utilisées pour réaliser ce difficile passage d’une forme d’organisation traditionnelle à une forme d’organisation en ÉSA et mettent en évidence les conditions nécessaires pour y parvenir. Les éléments à considérer lors du choix et de l’adoption de ce mode d’organisation du travail sont nombreux, tout comme les causes potentielles d’échec le sont également. Le rapport retracera un certain nombre d’éléments qui ont particulièrement retenu l’attention des chercheurs au cours des dernières années.
Les effets de l’adoption d’une organisation en équipes semi-autonomes sur la performance organisationnelle, sur le bien-être et la satisfaction des travailleurs ou sur la santé sécurité sont très variables d’une entreprise à l’autre et cette variabilité soulève plusieurs interrogations sur la possibilité de les généraliser. La plupart des auteurs reconnaissent le potentiel de cette forme d’organisation du travail en même temps que des études nous montrent que les effets escomptés ne sont pas toujours présents. Avec les nouvelles connaissances acquises sur la mesure des effets réels des ÉSA qui se sont ajoutées depuis la dernière recension, il est possible de conclure que cette forme d’organisation du travail n’est pas nécessairement la meilleure pour toutes les organisations; de plus, il semble que l’analyse du contexte spécifique de chaque organisation demeure une des règles de base à retenir.
Plusieurs recherches ont porté sur les relations entre, d’une part, diverses variables telles que les caractéristiques de l’environnement, des individus, du design des équipes, des systèmes organisationnels ou encore les processus d’équipe et, d’autre part, leurs impacts sur la performance des ÉSA. Nous rapporterons les principales conclusions auxquelles sont arrivés les chercheurs au cours des dernières années concernant les variables qui sont les plus susceptibles d’avoir des impacts positifs ou négatifs.
Tout au long de ce rapport, nous porterons une attention particulière à la place qui a été faite à la santé et la sécurité du travail. Des résultats intéressants montrent que les ÉSA, malgré un potentiel certain, ne contribuent pas nécessairement à de meilleures performances en santé et en sécurité du travail et qu’il est important d’offrir et de maintenir un encadrement et un soutien adéquats aux équipes. Les recherches suggèrent également que, lorsque la santé et la sécurité du travail fait explicitement partie des responsabilités confiées aux équipes, la performance concernant ces aspects serait meilleure. Finalement, la recherche sur les ÉSA et la santé et la sécurité du travail est encore très peu avancée. L’utilisation d’un modèle global, tel celui proposé à la section IV, permettrait de mieux systématiser les liens entre un ensemble de variables à étudier et leurs impacts sur la performance en santé et en sécurité du travail et elle permettrait également d’orienter les recherches futures.
Mots-clés
Travail d'équipe, Teamwork, Organisation du travail, Work organisation, Santé et sécurité du travail, Occupational health and safety, Mode de gestion, Management mode, Participation des travailleurs à la gestion, Participative management, Rendement de travail, Work efficiency
Numéro de projet IRSST
0099-1850
Numéro de publication IRSST
B-065
Citation recommandée
Roy, M. et Saint-Jacques, D. (2003). Équipes semi-autonomes et santé et sécurité au travail : mise à jour de la recension des écrits et du modèle d'organisation du travail en équipes semi-autonomes (Bilan n° B-065). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/expertises-revues/100
