Type de document

États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature

Année de publication

2002

Langue

Français

Résumé

Certaines études menées dans les années 60 et 70 laissaient entendre que les champs électromagnétiques pouvaient avoir sur les personnes des effets psychologiques négatifs. Malgré la difficulté d’évaluer de tels effets et le fait que ces études comportaient de nombreuses faiblesses, celles-ci ont néanmoins suscité un important débat sur la question.

L’étude actuelle, menée par le docteur McGregor, consistait à analyser l`ensemble des travaux publiés dans le domaine. L’auteur a ainsi recensé et évalué neuf études directement reliées au sujet, de même que quelques autres portant sur des sujets connexes.

Il s’agissait dans l’ensemble d’études épidémiologiques, c’est-à-dire des études qui se contentent d’observer certains effets dans des populations données, contrairement à des études expérimentales où les conditions d’exposition sont davantage contrôlées et connues. Les études analysées cherchaient, en fait, à déterminer s’il existe un lien entre la dépression et l’exposition à des champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse (comme par exemple les champs magnétiques créés par les lignes de transport électrique, qui alternent à une fréquence de 50 ou 60 cycles à la seconde, exprimés comme 50 Hz ou 60 Hz).

Compte tenu de la diversité des facteurs (sociaux, économiques, culturels, environnementaux, pharmacologiques ou même personnels ) qui peuvent mener à une dépression, il faut pouvoir observer un effet constant, au sein de plusieurs études et de plusieurs populations, et ce à différents moments, si l’on veut valider l’hypothèse selon laquelle une exposition à un champ électromagnétique de fréquence extrêmement basse augmenterait le risque de dépression. Il faut également démontrer que cette hypothèse est possible sur le plan biologique.

Dans toutes les études analysées par le docteur McGregor, les auteurs ont dû composer avec la difficulté d’évaluer le degré d’exposition aux champs électromagnétiques, d’identifier de manière fiable des symptômes de dépression, tout en tenant compte des autres facteurs connus – nommés plus haut – qui ont une influence sur l’apparition de la dépression. Les études les plus étoffées tenaient compte de plusieurs facteurs démographiques, tels que la classe sociale et, dans certains cas, des facteurs de risques courants de la dépression ou de l’apparition de symptômes dépressifs pouvant influencer les résultats.

De plus, la plupart des études analysées font état de niveaux d’exposition « élevée » plutôt rares. Les estimations étaient donc fragiles avant même de tenir compte des autres facteurs. Conséquemment, toute conclusion tirée en fonction des données actuellement disponibles se doit de demeurer provisoire.

Ainsi, dans le cadre de son analyse, l’auteur a considéré comme étant particulièrement limités les résultats de trois études (Dowson et al., 1988; Perry et al., 1989; Bonhomme-Faivre et al., 1998) qui, bien qu’elles aient révélé une certaine relation entre exposition et dépression, présentaient cependant trop de faiblesses pour qu’on puisse les utiliser dans le cadre d`une analyse critique.

Parmi les six autres études jugées acceptables, seule celle de Poole et al. (1993) arrive à la conclusion que les personnes exposées aux champs électromagnétiques courent un plus grand risque de dépression. Quant aux cinq autres (Broadbent et al., 1985; Savitz et al., 1994; McMahan et al., 1994; Beale et al., 1997; Verkasalo et al., 1997), elles indiquent une relation pratiquement nulle entre exposition et dépression. Si l’on inclut le suicide comme conséquence extrême à la dépression, la conclusion demeure la même.

Il existe donc peu de preuves appuyant l’hypothèse selon laquelle il y aurait augmentation de symptômes dépressifs à la suite d’une exposition à des champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse. En outre, l’état actuel de la recherche sur les mécanismes biologiquement possibles, notamment sur le rôle de la mélatonine, ne supporte pas non plus une telle hypothèse.

À l’heure actuelle donc, en gardant toutefois à l’esprit les limites des résultats obtenus, on peut affirmer que la très grande majorité des études reconnues comme valables ne reconnaissent pas de lien entre l’apparition de symptômes de dépression et l’exposition aux champs électromagnétiques de fréquence extrêmement basse.

Mots-clés

Champ électromagnétique, Electromagnetic field, Dépression, Depressive disorder, Céphalée, Headache, Très basse tension, Extra low voltage, Épidémiologie, Epidemiology

Numéro de projet IRSST

0099-1580

Numéro de publication IRSST

R-300

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