Type de document

États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature

Année de publication

1998

Langue

Français

Résumé

En 1995, le secteur de la construction comportait des unités d'activité économique ayant des taux de cotisation dix fois plus élevés que le taux moyen établi par la Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec (CSST). Sur les quelque 6 400 lésions survenues dans ce secteur en 1995, plus de 1 400 étaient des affections vertébrales. La Direction de la prévention-inspection de la CSST, secteur de la construction, a identifié les maux de dos comme un problème cible. Dans le but de mettre sur pied un programme d'intervention (PI) sur les maux de dos dans le secteur de la construction, cette direction a demandé à l'IRSST de dresser, à partir des données statistiques, des scénarios d'accident afin de contribuer à une meilleure compréhension du processus accidentel et de faciliter, par cet exercice, les réflexions des membres du PI.

Cette étude présente un portrait statistique détaillé, en identifiant des populations cibles, des situations à risques ainsi que les caractéristiques des affections vertébrales dans le secteur de la construction. L'étude comporte une description de l'incidence et de la gravité des lésions au dos par profession, ainsi qu'une analyse plus globale des données, effectuée à partir de méthodes d'analyses statistiques univariées et multivariées. Ce dernier type d'analyse a permis l'identification de « scénarios d'accident » qui constituent des synthèses et des caractéristiques des circonstances propres à un type d'accident, non pas en rapport uniquement avec la profession, mais selon différentes variables significatives.

Les analyses statistiques ont été produites essentiellement à partir des données administratives de la CSST. Toutefois, afin d'enrichir ces données, nous avons codé directement, à partir des avis de demande de remboursement (ADR) reçus à la CSST, des informations qui apparaissent sur ces formulaires, mais qui ne sont pas inscrites dans les fichiers informatiques de la CSST. Il s'agit, entre autres, de la tâche effectuée au moment de l'accident, du geste posé, des problèmes rencontrés, etc. Nous avons aussi rencontré des informateurs clefs, patronaux et syndicaux, afin de mieux comprendre les particularités et la dynamique du secteur de la construction.

Selon les données de la Commission de la construction du Québec (CCQ), près de la moitié des salariés assujettis du secteur de la construction sont soit des charpentiers-menuisiers (23,4%), soit des manœuvres (13,3%) ou des électriciens (12,5%). Toutefois, les manœuvres comptent, à eux seuls, pour plus du quart des lésions au dos dans le secteur de la construction, soit 313 cas. C'est aussi la profession dont le niveau d'incidence est le plus élevé.

Les autres professions qui comptent les plus hauts niveaux d'incidence des maux de dos sont les autres occupations et métiers (ferrailleur, soudeur, homme de service, etc.) ainsi que les ferblantiers. Cependant les professions qui comptent le plus de lésions au dos, après les manœuvres, sont les charpentiers-menuisiers ainsi que les tuyauteurs, frigoristes et chaudronniers. Les affections vertébrales qui nécessitent les plus longues durées moyennes d'absences surviennent aux travailleurs de la finition intérieure, aux charpentiers-menuisiers, ainsi qu'aux opérateurs de grue, d'équipement lourd ou de pelle mécanique.

Sept scénarios d'accident ressortent des analyses statistiques multivariées. Chaque scénario présente ses caractéristiques spécifiques et est associé à certaines tâches et professions. Les facteurs qui sont les plus statistiquement significatifs pour structurer les différents scénarios d'accident sont, par ordre d'importance, le geste posé au moment de l'accident, le genre d'accident, l'agent causal de la blessure, la tâche effectuée au moment de l'accident, la profession, l'objet impliqué dans l'accident et l'activité économique de l'entreprise.

Il ressort des analyses que trois types d'accidents occasionnent principalement des blessures au dos dans le secteur de la construction. Le premier regroupe les blessures occasionnées par des efforts excessifs qui se produisent généralement en levant, déposant, manipulant ou déplaçant des matériaux ou des équipements. Apparaissent ensuite les réactions de l'organisme occasionnées par des mouvements du corps avec charge et, dans une moindre mesure, sans charge. Ce deuxième type d'accident se distingue du premier par le fait que c'est la posture de travail, ou le mouvement effectué (torsion, être penché, etc.), qui est principalement en cause dans la survenue de l'accident, plutôt que l'intensité de l'effort. Ainsi, dans ce type d'accident, plusieurs travailleurs ont dû prendre des postures contraignantes pour l'exécution de leur tâche. Enfin le dernier type de lésion concerne les chutes au même niveau ou de hauteur, lorsque le travailleur est en déplacement (marcher, monter, descendre, etc.).

À la lumière d'une recension d'écrits très sommaire et des résultats de cette étude, nous avons identifié quelques pistes possibles pour orienter la prévention. Selon le type d'accident, les pistes de prévention peuvent concerner, entre autres, l'identification ou le développement d'équipements ou de procédures de manutention, une amélioration de l'organisation du travail, en particulier l'espace de travail ou l'exiguité des lieux, une réduction de l'exposition aux vibrations pour les opérateurs de véhicules, l'amélioration de l'adhérence aux surfaces d'appuie ainsi que la présence de mesures de protection contre les chutes de hauteur.

Mots-clés

Travaux de construction, Construction work, Maux de dos, Backache, Analyse des causes d'accident, Analysis of accident causes, Méthodologie, Methodology, Évaluation statistique, Statistical evaluation, Taux de fréquence, Frequency rate, Québec

Numéro de projet IRSST

0096-0510

Numéro de publication IRSST

R-189

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