Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2017

Langue

Anglais

Résumé

Chaque année, un nombre considérable de travailleurs doit s’absenter du travail en raison de problèmes de santé physique ou mentale. Parmi ceux-ci, un certain nombre éprouvera de la difficulté à réintégrer le travail et devra s’absenter de façon prolongée. Ces difficultés sont dénommées « incapacité au travail ». Étant donné l’ampleur des coûts humains et financiers qu’occasionnent ces problèmes de santé, plusieurs stratégies ont été proposées dans le but de faciliter le retour au travail. Ainsi, plusieurs études ont démontré que la présence d’un coordonnateur de retour au travail (CoRAT) permettait de réduire les incapacités prolongées et les coûts associés. Le CoRAT est un professionnel qui facilite le retour au travail d’un travailleur présentant une incapacité au travail, et ce, en œuvrant de pair avec les différents acteurs qui peuvent être impliqués dans le processus (supérieur ou gestionnaire immédiat, représentant syndical, professionnels de la santé, assureur, etc.). Bien que la coordination du retour au travail soit préconisée dans plusieurs écrits scientifiques, la réalité du Québec sur de telles pratiques demeure largement inconnue.

L’objectif général de cette étude consistait à décrire les pratiques des personnes impliquées dans la coordination du retour au travail dans de grandes organisations privées et publiques au Québec. Le premier objectif spécifique était de décrire les personnes impliquées dans la coordination du retour au travail, ainsi que les organisations pour lesquelles elles travaillent. Le deuxième objectif spécifique était de décrire les tâches et activités réalisées par ces personnes, identifier les acteurs avec lesquels elles sont appelées à collaborer, ainsi qu’établir les qualités et aptitudes requises pour effectuer la coordination du retour au travail. Enfin, le troisième objectif spécifique était d’explorer les leviers et les obstacles à l’accomplissement des tâches et activités, de même que ceux associés au retour au travail.

Une liste des organisations privées et publiques potentiellement admissibles, soit celles comptant au moins 500 employés au Québec, a été constituée à partir de différents sites internet. Parmi les 652 organisations répertoriées, 471 se sont avérées admissibles à la suite d’un contact téléphonique. Du lot, 327 personnes assumant le rôle de CoRAT ont accepté de fournir leur courriel afin qu’une invitation à répondre à un sondage en ligne (programmé dans SurveyMonkey) leur soit envoyée. Au bout du compte, 195 ont répondu à toutes les questions de ce sondage. Ce dernier comptait plusieurs questions en lien avec chacun des objectifs spécifiques. Des analyses bivariées et multivariées ont été effectuées dans la version 18 du logiciel de statistique PASW.

En ce qui concerne l’objectif spécifique 1, le portrait type du CoRAT a été établi : une femme, âgée entre 35 et 54 ans, titulaire d’un diplôme universitaire et active dans le domaine de la coordination du retour au travail depuis près de 13 ans. Un constat étonnant est le fait que le mot « invalidité » soit très peu présent dans le libellé des titres d’emploi des CoRAT, sans compter que l’expression « retour au travail » en soit totalement absente. Pour ce qui est des organisations sondées, environ la moitié d’entre elles fait appel à une firme externe dans le cadre de la gestion de l’invalidité. De plus, les troubles musculosquelettiques et de santé mentale sont quasi ex aequo en termes de motif d’absence le plus important et le taux d’absence rapporté se situe rarement à plus de 10 %.

En ce qui concerne l’objectif spécifique 2, les résultats obtenus ont permis de mettre en lumière que les personnes ayant un rôle de CoRAT dans de grandes organisations au Québec sont appelées à réaliser un nombre important de tâches et d’activités de nature variée. Plusieurs associations significatives ont été relevées entre l’intensité de mise en application des tâches et activités et les caractéristiques des CoRAT ou celles des organisations. Les analyses de régression ont cependant mis en lumière que le fait de posséder une formation en soins infirmiers ou en santé et sécurité du travail (SST) est une caractéristique des personnes assumant les tâches de CoRAT à ne pas négliger dans l’examen des facteurs influençant l’intensité de leurs pratiques. En outre, les résultats obtenus montrent que les CoRAT sont appelés à travailler régulièrement avec le travailleur absent pour cause de maladie et son supérieur ou gestionnaire immédiat, mais moins fréquemment avec le conseiller en ressources humaines, les professionnels de la santé et les collègues du travailleur absent. Les résultats obtenus montrent également que les CoRAT jugent qu’il est important de démontrer une panoplie de qualités et d’aptitudes (p. ex. faire preuve de tact, être créatif dans la résolution de problèmes, être organisé) dans l’exercice de leur travail.

En ce qui concerne l’objectif spécifique 3, les résultats révèlent que l’environnement de travail et les conditions d’exercice des fonctions sont dans l’ensemble jugés fort favorables par les CoRAT. Par ailleurs, ils rapportent éprouver beaucoup plus de difficultés à gérer les cas de troubles de santé mentale que ceux de troubles musculosquelettiques. De plus, plusieurs leviers et obstacles au retour au travail sont considérés comme importants par les CoRAT, dont un bon nombre associés aux attitudes et aux dispositions du supérieur immédiat ainsi qu’aux contacts entre ce dernier et le travailleur.

Cette étude a permis de décrire, pour la première fois au Québec, la pratique des CoRAT dans de grandes organisations. Celle-ci semble relativement homogène et s’insère généralement dans un ensemble de tâches plus variées. Les résultats de l’étude mettent encore une fois en relief que la gestion des troubles de santé mentale semble plus difficile à réaliser que celle des troubles musculosquelettiques, que le rôle du supérieur ou gestionnaire immédiat est essentiel pour favoriser un processus fluide et que des efforts importants sont nécessaires pour intégrer l’action concertée dans ces milieux. De plus, le profil des CoRAT à privilégier pour la coordination du retour au travail reste à évaluer quant à la durée des absences, le nombre de rechutes et les coûts associés. À ce jour, les nombreux défis et besoins révélés par les CoRAT, dans le cadre de ce sondage, suggèrent la nécessité de compléments de formation, par exemple sur les troubles de santé mentale et la réintégration au travail ou encore sur l’établissement d’actions concertées. Il ne faut pas oublier que cette étude reflète des pratiques dans des organisations somme toute en bonne santé et l’exploration du rôle du CoRAT doit être poursuivie dans le contexte de petites et moyennes entreprises.

Abstract

Every year, a large number of workers find themselves having to go on sick leave due to physical or mental health problems. Some of these workers have difficulty reintegrating into work and end up taking long-term leave. These difficulties are referred to as “work disabilities.” Given the magnitude of the human and financial costs generated by these health problems, a number of strategies have been proposed to facilitate the return to work. Several studies have shown that the presence of a return-to-work coordinator (RTWCo) helps reduce prolonged disabilities and the related costs. An RTWCo is a professional who facilitates the RTW of an employee with a work disability by working hand in hand with the various stakeholders who may be involved in the process (direct supervisor or manager, union representative, health professionals, insurer, etc.) While several scientific articles recommend coordination of the RTW process, the actual practices currently in effect in Québec remain largely unknown.

The main objective of this study was to describe the practices of the individuals responsible for coordinating the RTW in large private and public organizations in Québec. The first specific objective was to describe the individuals involved in the coordination process, as well as the organizations for which they work. The second specific objective was to describe the tasks and activities carried out by these individuals, identify the stakeholders with whom they have to collaborate, and determine the qualities and aptitudes required for the coordination task. Lastly, the third specific objective was to explore the facilitating and hindering factors associated with carrying out these tasks and activities, as well as those associated with the return to work.

Using different Web sites, a list was drawn up of potentially eligible private and public organizations, specifically, those with at least 500 employees in Québec. Of the 652 organizations identified, 471 were found to qualify following telephone contact. Of this number, 327 individuals filling the RTWCo role agreed to provide their email addresses in order to receive an invitation to complete an online survey (programmed in SurveyMonkey). All told, 195 individuals answered all the questions in the survey, which included several questions related to each of the specific objectives. Bivariate and multivariate analyses were performed using version 18 of PASW statistical software.

With regard to specific objective 1, a standard RTWCo profile was identified: female, between 35 and 54 years of age, holder of a university degree, and active in the RTW coordination field for nearly 13 years. One surprising finding was the fact that the word disability came up very infrequently in the job titles of the RTWCos, not to mention the fact that the expression return to work was totally absent. Approximately half of the surveyed organizations used the services of external firms for disability management. In addition, musculoskeletal and mental health disorders virtually tied as the main reason for sick leave, and the reported absence rate was rarely more than 10%.

Regarding specific objective 2, the results obtained revealed that the individuals with the RTWCo role in large organizations in Québec were required to perform many varied tasks and activities. Several significant associations were found between the frequency with which these tasks and activities were performed and the characteristics of the RTWCos or of their organizations. Regression analyses showed, however, that the fact of having nursing or occupational health and safety (OHS) training is one characteristic of people performing RTWCo tasks that should not be overlooked when examining the factors influencing their practices. The results obtained also showed that the RTWCos had to work on a regular basis with the worker on sick leave and his or her direct supervisor or manager, but less frequently with the human resources counsellor, health professionals and the absent worker’s co-workers. The results further indicated that the RTWCos regarded it as important that they have a broad range of qualities and aptitudes (e.g., tactfulness, creativity in problem solving, strong organizational skills) in order to perform their jobs.

Regarding specific objective 3, the results showed that, by and large, the RTWCos deemed their work environment and working conditions to be highly favourable. They also reported having much greater difficulty managing cases that involved mental health disorders than those involving musculoskeletal disorders. Several factors facilitating and hindering the return to work were considered important by the RTWCos, and many of these were associated with the attitudes and behaviours of the direct supervisors or managers, and with the contacts between them and the worker.

This study describes, for the first time in Québec, the practices of RTWCos in large organizations. These practices appear to be relatively homogenous and, for the most part, to form part of a set of more varied tasks. The study results highlight the fact that managing mental health disorders appears to be much harder than managing musculoskeletal disorders, that the role of the direct supervisor or manager is essential for promoting a smooth process, and that major efforts are required to ensure concerted action in these workplaces. Additionally, the RTWCo profile that should be recommended has yet to be evaluated in terms of its impact on sick leave duration, number of relapses and associated costs. The many challenges and needs identified by the RTWCos in this survey point to the need for additional training, for example, on mental health disorders, reintegration into the workplace and ways to ensure concerted action. It is important to remember that this study reflects practices found in organizations in good overall health, and that the RTWCO role should continue to be explored in the context of small and medium-sized businesses.

ISBN

9782896319428

Mots-clés

Maintien en emploi, Job maintenance, Absentéisme maladie, Sickness absenteeism, Invalidité, Disability, Trouble psychique, Mental disorder, Troubles musculosquelettiques, Musculoskeletal disease, Enquête par questionnaire, Questionnaire survey, Évaluation des programmes, Program evaluation, Organisation de la prévention dans l'entreprise, Plant safety and health organisation, Québec, CoRAT, Coordonateur de retour au travail

Numéro de projet IRSST

2012-0005

Numéro de publication IRSST

R-972

Partager

COinS