Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2010
Langue
Français
Résumé
Problématique de santé et sécurité du travail et objectifs spécifiques du projet : Ce projet de recherche vise à mieux comprendre le développement de l’état de stress post-traumatique (ÉSPT), à la suite d’un accident de travail, par l’étude des facteurs de risque et de protection qui y sont associés. Il provient d’une demande du milieu policier où les travailleurs sont fréquemment exposés à des événements traumatiques (ÉT). Les chercheurs postulent que les facteurs péri et post-traumatiques pourront mieux expliquer le développement de l’ÉSPT et l’adaptation aux ÉT vécus par le personnel exposé que les facteurs pré-traumatiques. Cette étude est originale, car elle s’intéresse aux facteurs de protection peu étudiés, fait la distinction entre trois niveaux de facteurs (pré, péri et post-traumatiques) et porte sur des policiers québécois. Elle est inédite, car elle inclut autant des hommes que des femmes et elle comprend un volet rétrospectif et un volet prospectif complémentaire et essentiel à une meilleure compréhension des facteurs prévisionnels de l’ÉSPT. Le présent rapport de recherche présente les résultats du volet rétrospectif uniquement.
Méthodologie : Cent soixante-neuf policiers provenant du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) ont participé à l’étude sur une base volontaire. Parmi ceux-ci, 132 policiers ont été exposés à au moins un ÉT au travail et ont complété l’étude rétrospective (devis corrélationnel). Un ÉT implique d’avoir été victime ou témoin d’un événement durant lequel des individus ont pu mourir, être gravement blessés ou durant lequel son intégrité physique ou celle d’autrui a été menacée. Lorsque le policier rapporte avoir vécu plusieurs ÉT, l’entrevue porte principalement sur l’événement qui a le plus perturbé le policier. Une seule rencontre d’évaluation a été effectuée pour la cueillette d’information. Des entrevues semi-structurées ainsi que des questionnaires ont été utilisés afin de déterminer la présence de l’ÉSPT et d’évaluer divers facteurs prévisionnels associés au développement de l’ÉSPT. Les instruments ont été choisis pour leurs qualités psychométriques et cliniques et parce qu’ils ont permis de bien répondre aux hypothèses de recherche. Des analyses statistiques multivariées ont contribué à préciser les principaux facteurs prévisionnels en jeu et la force de leur impact sur la modulation de l’ÉSPT.
Résultats : Les résultats de cette étude démontrent que 7,6 % des policiers de l’échantillon ont souffert d’un ÉSPT clinique, alors que 6,8 % ont éprouvé un ÉSPT partiel. Les résultats des régressions simples indiquent que le développement de l’ÉSPT clinique et partiel est associé aux facteurs pré-traumatiques (la personnalité résistante au stress), péri-traumatiques (la perception du soutien social des collègues pendant l’événement, la dissociation, les réactions émotionnelles et physiques) et post-traumatiques (la perception du soutien social des collègues après l’événement). Les résultats d’une régression logistique multiple indiquent que les facteurs de risque et de protection au niveau péri-traumatique (c.-à-d. la dissociation et le soutien social pendant l’événement) sont les prédicteurs les plus importants. Les résultats des analyses descriptives démontrent que les policiers ont recours à divers moyens et stratégies d’adaptation pour faire face à un événement critique au travail. Les policiers mentionnent que d’en parler aux collègues, obtenir leur soutien et avoir des loisirs sont des aspects qui les aident particulièrement après un ÉT. Les policiers conseillent à leurs confrères qui vivent un tel événement d’en parler, de consulter un psychologue et sont eux-mêmes ouverts en majorité à l’idée de recevoir un tel service si besoin est.
Conclusions : Le faible taux de l’ÉSPT chez les policiers évalués dans cette étude contrairement aux attentes initiales démontre que les policiers paraissent résilients, malgré le fait qu’ils représentent une population à haut risque de vivre des ÉT dans le cadre de leur travail. Les résultats de cette étude confirment plusieurs connaissances actuelles que l’on retrouve dans la littérature portant sur diverses populations, dont les policiers. Puisque les facteurs associés avec le développement de l’ÉSPT chez les policiers (c.-à-d. la dissociation, les réactions émotionnelles et physiques) peuvent potentiellement être atténués ou prévenus, des interventions spécifiques et adaptées pourraient être développées afin de mieux cibler ceux-ci et ultérieurement de mieux prévenir le développement de l’ÉSPT. Les facteurs qui sont associés avec l’adaptation suite au trauma (c.-à-d. la personnalité résistante au stress, le soutien social) peuvent, quant à eux, être développés ou améliorés grâce à des stratégies préventives qui ont avantage à être incluses dans des programmes de formation du personnel policier en général. Les résultats de cette étude pourront enrichir la formation donnée par le Programme d’aide aux policiers et policières du SPVM (PAPP). De plus, les résultats viennent confirmer l’importance d’une approche préventive qui est déjà une pratique préconisée et appliquée par le PAPP.
Retombées prévisibles : Cette étude, la première de ce type au Québec, pourrait servir de point de référence pour les prochaines recherches utilisant un échantillon de policiers québécois. Les connaissances acquises permettront de faciliter le dépistage et la prévention de l’ÉSPT. De plus, les recommandations formulées permettront au milieu policier de développer des stratégies susceptibles de favoriser, à la fois, le développement de mécanismes de protection face aux ÉT à venir et la diminution des facteurs de risque présents. Cette étude pourrait avoir des retombées importantes pour les différents groupes de travail qui sont également à haut risque d’être confrontés à des ÉT (les pompiers, les ambulanciers, les secouristes, les intervenants, etc.).
ISBN
9782896314157 (PDF)
9782896314140 (version imprimée)
Mots-clés
Police, Police force, Stress post-traumatique, Posttraumatic stress, Évaluation du risque, Hazard evaluation, Violence, Organisation de la prévention, Safety and health organisation, Aspect psychologique, Psychological aspect, Comportement humain, Human behaviour, Étude de cohorte, Cohort study, Montréal-région, Montreal-region, Québec
Numéro de projet IRSST
0099-3930
Numéro de publication IRSST
R-633
Citation recommandée
Marchand, A., Boyer, R., Martin, M. et Nadeau, C. (2010). Facteurs prévisionnels du développement de l'état de stress post-traumatique à la suite d'un événement traumatique chez les policiers : volet rétrospectif (Rapport n° R-633). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/405
