Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2005
Langue
Français
Résumé
Introduction : La présence d’un biofilm dans la tubulure des unités dentaires a souvent été documentée. Ce biofilm assure la croissance et le maintien d’une forte population bactérienne planctonique (environ 1 million de bactéries/ml) incluant plusieurs pathogènes. En cabinet, les instruments de dentisterie tels le pistolet air/eau et le détartreur ultrasonique sont responsables de la génération d’aérosols. Ces aérosols peuvent contenir des bactéries provenant de la bouche des patients mais aussi de l’eau des unités dentaires. Une caractérisation adéquate des bioaérosols générés lors de traitements dentaires permettra d’estimer les risques réels d’infection ou de sensibilisation.
Méthode : L’échantillonnage des bactéries de l’air a été effectué lors de 4 nettoyages dentaires standardisés. L’expérience répétée 13 fois s’est déroulée dans un local isolé dont la ventilation était maintenue à 1,2 changements d’air/heure. Trois types d’échantillonneur d’air ont été utilisés, les impacteurs Andersen, les barboteurs AGI-30 et les cassettes de poussières inhalables IOM. Disposés au niveau de la bouche des patients, les impacteurs Andersen et les barboteurs AGI-30 ont été utilisés pour prélever des échantillons d’air avant les traitements (pour établir le niveau de base), durant 4 traitements dentaires consécutifs et 2 heures après la fin des traitements. Les cassettes de poussières inhalables IOM chargées de membranes noires ont été disposées au niveau de l’hygiéniste, du patient ainsi qu’à l’extérieur de la chambre de traitement (témoin extérieur). La caractérisation des bioaérosols a été faite par culture sur gélose et par microscopie à fluorescence. En parallèle, le diamètre aérodynamique des aérosols totaux générés lors des traitements dentaires a été déterminé.
Résultats : L’analyse des résultats obtenus avec les impacteurs Andersen a démontré une augmentation statistiquement significative de la concentration de bioaérosols lors des traitements dentaires ainsi qu’un retour au niveau de base 2 heures suivant la fin des traitements. L’analyse des résultats obtenus avec les cassettes IOM a démontré que la concentration des bioaérosols est significativement plus élevée au niveau de l’hygiéniste et des patients qu’à l’extérieur du local de traitements (p < 0,0002) et que la concentration bactérienne totale peut atteindre 186 000 bactéries/m3. L’air prélevé par les barboteurs AGI-30 a démontré une augmentation tendancielle de la concentration d’endotoxines lors des traitements dentaires ainsi qu’un retour au niveau de base après 2 heures sans traitement. Le diamètre aérodynamique médian des aérosols dentaires mesurés est de 0,73 μm.
Conclusions : Dans certaines conditions, le personnel dentaire et les patients sont exposés à des bactéries provenant de la bouche des patients et possiblement de l’eau des unités dentaires. Avec une ventilation minimale (1,2 changements d’air/heure), l’arrêt des traitements durant 2 heures apparaît suffisant pour que la concentration de bioaérosols revienne au niveau mesuré avant traitements. L’augmentation tendancielle de la concentration d’endotoxines durant les traitements supporte l’augmentation de la concentration bactérienne observée. L’utilisation de la microscopie à fluorescence au lieu de la culture sur gélose, a permis de mesurer la charge totale de bactéries dans l’air. Le diamètre respirable (< 1 μm) des aérosols mesurés lors des traitements dentaires ainsi que l’exposition répétée du personnel, suggère que le risque de contact entre les bactéries aéorosolisées et le système respiratoire des personnes exposées est probable. Une caractérisation ultérieure des pathogènes aérosolisés présentement en cours permettra de mesurer les risques relatifs de sensibilisation et d’infection chez le personnel dentaire. L’efficacité du port du masque comme outil de prévention de l’exposition est aussi à déterminer.
Mots-clés
Service dentaire, Dental service, Bactérie, Bacteria, Échantillonnage dans l'air, Air sampling, Aérosol, Aerosol, Bactérie pathogène, Pathogenic bacteria
Numéro de projet IRSST
0099-0870
Numéro de publication IRSST
R-407
Citation recommandée
Duchaine, C., Dutil, S., Mériaux, A., De Latrémoille, M.-C., Leduc, A., Lazure, L. et Barbeau, J. (2005). Caractérisation des bioaérosols en cabinets dentaires (Rapport n° R-407). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/418
