Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2022

Langue

Français

Édition

2e éd.

Résumé

Dans une optique de rentabilité visant la survie de l’entreprise, et pour répondre aux attentes de qualité du marché, les agriculteurs utilisent des pesticides. La littérature scientifique documente largement les effets à la santé susceptibles d’être liés à l’utilisation des pesticides. Plusieurs auteurs mentionnent l’importance de la voie cutanée comme voie d’exposition aux pesticides. Ce rapport présente le développement d’une méthodologie mixte alliant ergonomie et expologie visant à documenter l’exposition cutanée, les situations d’exposition et les pratiques de prévention associées.

Il s’appuie sur un devis de recherche par étude de cas qui se décline en quatre étapes : une étude exploratoire financée par l’IRSST (Champoux, Jolly, Beaugrand et Tuduri, 2018), la collecte terrain de données mixtes (Étape 1), la confrontation des producteurs aux données mixtes (Étape 2), et la bibliothèque de situations d’expositions cutanée et des pratiques de prévention associées (Étape 3). Lors de ces parties, différentes méthodes ont été utilisées : entretiens semi-dirigés (préliminaire, postobservation), entretiens d’autoconfrontation, atelier d’échange, observations filmées, mesures d’exposition cutanée externe avec un vêtement collecteur.

Outre les contacts directs avec la formulation commerciale (projection, aérosolisation, déversement), lors de leur activité de travail, les producteurs peuvent entrer en contact avec des résidus de pesticides déposés dans l’environnement en touchant les emballages de pesticides entreposés, le matériel de pulvérisation ou les outils de mesure. Les contacts avec des résidus sont également possibles lors des travaux au verger. Peu d’études se sont intéressées à la présence des résidus de pesticides antérieurement utilisés dans l’environnement de travail. Dans une étude, Champoux et al. (2018) ont dénombré trente-trois situations potentielles (issues de l’observation de l’activité de travail, mais sans mesure de l’exposition) de microexposition lors du cycle complet de l’utilisation des pesticides. Par ailleurs, au travers des observations et des entretiens, des pratiques de prévention ont émergé et se sont avérées complémentaires au port des vêtements de protection. Ainsi, les pratiques de prévention élaborées par les pomiculteurs semblent être une piste intéressante à explorer pour la réduction de l’occurrence des contacts avec les pesticides afin de limiter l’exposition. Étant majoritairement de propriétaires-exploitants de microexploitations, le collectif de travail est quasi inexistant chez les pomiculteurs, ainsi, il y a peu de possibilités d’échanges d’expérience. Toutefois d’après Mohammed-Brahim et Garrigou (2009) et Champoux et al. (2018), le partage des pratiques de prévention pourrait contribuer sensiblement à la réduction des risques liés à l’utilisation des pesticides.

Le devis méthodologique élaboré a permis documenter l’exposition cutanée, les situations d’exposition et les pratiques de prévention associées. La mesure de l’exposition cutanée menée à l’aide d’une combinaison Tyvek® (vêtement collecteur) a servi à caractériser l’exposition cutanée aux pesticides lors des tâches de préparation-remplissage et de travaux au verger. Les résultats obtenus avec un petit nombre d’observations révèlent un niveau d’exposition élevé. L’approche mixte, jumelant à la fois l’analyse de l’activité de travail et la mesure d’exposition cutanée à l’aide d’un vêtement collecteur, a permis d’identifier les contacts entre les producteurs et les sources d’exposition. La méthodologie développée a permis un premier pas dans la compréhension de l’exposition en documentant les situations d’exposition. La compréhension des situations d’exposition a été une étape préalable pour construire des outils utilisés lors d’un atelier d’échange permettant aux pomiculteurs de décrire et de partager leurs pratiques de prévention. Les producteurs, à partir des supports vidéo et des résultats d’exposition, ont échangé entre eux sur les pratiques de prévention permettant de réduire leur exposition, ainsi que la contamination de leur environnement de travail et de leur milieu de vie. La bibliothèque, proposée dans le cadre de ce rapport, synthétise les situations d’exposition et les pratiques de prévention à partir desquelles des actions pourraient être envisagées afin de favoriser la réduction de l’exposition cutanée aux pesticides.

Ainsi, ce portrait de l’exposition, obtenu avec seulement huit cas, soulève l’importance de mettre en place des mesures pour protéger les producteurs. La variabilité des situations de travail observées et des situations d’exposition recueillies justifie l’importance de la prise en compte de l’activité de travail réelle des producteurs dans le développement des moyens de prévention actuellement en place au Québec.

Abstract

Farmers use pesticides to ensure that their operations are profitable and thus economically viable, and to respond to the market’s expectations of quality. There is extensive scientific literature documenting the health effects that may be linked to pesticide use. Many authors note that a significant pesticide exposure route is through skin contact. This report presents the development of a mixed methodology combining ergonomics and exposure assessment to document skin exposure, exposure situations and the associated prevention practices.

The methodology is based on a case study research design divided into four steps: an exploratory study funded by the IRSST (Champoux, Jolly, Beaugrand and Tuduri, 2018) (step 0), field collection of mixed data (step 1), presentation of the mixed data to the producers (step 2), and the library of skin exposure situations and associated prevention practices (step 3). Various methods were used during these steps, including semi-structured interviews (preliminary, post-observation), self-confrontation interviews, a discussion workshop, filmed observations, and external skin exposure measurements using a whole body dosimeter.

In addition to direct contact with commercial products (from spraying, aerosolization, spillage) during their work activities, producers may come in contact with pesticide residues by touching stored pesticide containers, spraying equipment or measuring tools. Contact with residues is also possible when working in the orchard. Few studies have looked at the presence of pesticide residues persisting in the work environment. In one study, Champoux et al. (2018) identified 33 potential situations (from observation of the work activity, but without measuring exposure) of micro-exposure during a full cycle of pesticide use. Furthermore, through observations and interviews, prevention practices emerged and proved to be complementary to the wearing of protective clothing. Thus, the prevention practices implemented by apple growers appear to be an interesting avenue to explore for reducing contact with pesticides so as to limit exposure. As the majority of apple growers are owner-operators of small orchards, work collectives are almost inexistent among them, so there are few opportunities to exchange ideas about experiences. However, according to Mohammed-Brahim and Garrigou (2009) and Champoux et al. (2018), sharing prevention practices could significantly contribute to reducing the risks related to pesticide use.

The methodological design made it possible to document skin exposure, exposure situations and associated prevention practices. The measurement of skin exposure carried out using Tyvek® coveralls (whole body dosimeter) was used to characterize skin exposure to pesticides during the tasks of preparation-filling and work in the orchard. The results obtained through a small number of observations revealed high exposure levels. The mixed approach, combining both analysis of the work activity and measurement of skin exposure using a whole body dosimeter made it possible to identify the contacts between the growers and the sources of exposure. The methodology developed enabled a first step toward understanding exposure by documenting exposure situations. Understanding exposure situations was a prerequisite for developing the tools used during a discussion workshop to help apple growers describe and share their prevention practices. The producers, using the videos and the exposure findings, discussed prevention practices to reduce their exposure and the contamination of their work and home environments. The library, proposed in this report, summarizes the exposure situations and prevention practices from which actions could be considered to help reduce skin exposure to pesticides.

Thus, this exposure overview, obtained with only eight cases, highlights the importance of implementing measures to protect producers. The variability of the work situations observed and the exposure situations documented justify the importance of taking into account the actual work activity of producers when improving prevention methods currently in place in Québec.

ISBN

9782897672158

Mots-clés

Pesticide, Équipement de protection individuelle, Personal protective equipment, Arboriculture, Évaluation de l'exposition, Exposure evaluation, Absorption cutanée, Skin absorption, Esprit de sécurité, Safety consciousness, Méthode de travail et sécurité, Safe working method, Entreposage, Warehousing, Manutention et stockage, Handling and storage, Organisation de la prévention dans l'entreprise, Plant safety and health organisation, Québec

Numéro de projet IRSST

2017-0048

Numéro de publication IRSST

R-1132

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