Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2008
Langue
Français
Résumé
Le syndrome d’irritation bronchique (SIrB) est un type d’asthme professionnel où le travailleur exposé à un irritant non spécifique, généré à une forte concentration, développe une symptomatologie respiratoire asthmatique avec un risque d’atteinte fonctionnelle permanente. La plupart du temps, les travailleurs présentent des symptômes sans consulter au service de premiers soins ni faire de demandes d’indemnisation.
L’étude proposée comporte un volet épidémiologique qui fait le pont avec un volet portant sur les mécanismes, ce dernier étant exploré dans un modèle animal.
Dans le cadre du volet épidémiologique, notre objectif était d’identifier 1) les facteurs de risque – incluant le calibre et le degré d’excitabilité bronchique à l’embauche ainsi que le nombre et l’importance des inhalations accidentelles de chlore – pour le développement d’une atteinte fonctionnelle respiratoire trois et cinq ans après l’embauche chez des travailleurs à risque; 2) les caractéristiques d’inflammation et de remodelage bronchiques chez les participants présentant une atteinte fonctionnelle au suivi.
Nous avons recruté 115 nouveaux employés à l’embauche dans une industrie métallurgique. Ces travailleurs ont eu une évaluation fonctionnelle respiratoire et une évaluation de l’expectoration induite au moment du recrutement dans cette étude. Tel que prévu dans la soumission de notre projet, nous avons effectué un suivi en septembre 2003 chez ceux ayant trois ans d’ancienneté (n = 52,) puis en septembre 2005. Le recrutement de nouveaux employés dans notre étude s’est fait jusqu’en 2004, les dernières visites de suivi ont eu lieu en 2007. Dans cette industrie, il y avait des risques d’accidents inhalatoires dus à des émanations de chlore. L’évaluation était réalisée par questionnaires respiratoire et professionnel, la spirométrie et des tests de provocation bronchique à la méthacholine. Des comptes cellulaires différentiels des neutrophiles et des éosinophiles de l’expectoration induite ont été effectués. Les expectorations ont été centrifugées et les surnageants conservés à – 80°C pour l’analyse de médiateurs de l’inflammation et de marqueurs du remodelage bronchiques. La quantification de l’IL-8 (facteur chimiotactique des neutrophiles) et des métalloprotéinases MMPs a été réalisée par ELISA.
Pour la cohorte entière, nous n’avons pas noté de changements significatifs dans les paramètres de la fonction respiratoire ni de l’inflammation et du remodelage bronchiques tout au cours de l’étude. D’autre part, les travailleurs ayant eu des accidents inhalatoires n’ont pas eu de changements plus importants de leur fonction respiratoire. Un asthme diagnostiqué par un médecin, l’atopie et un rapport VEMS/CVF plus faible au début de l’étude sont des caractéristiques personnelles associées à la détérioration du VEMS.
Le plus souvent, des relations statistiquement significatives ont été observées entre les différents paramètres inflammatoires étudiés, c’est-à-dire le % de neutrophiles, l’IL-8, le MPO, le MPP-9, TIMP-1, le complexe MMP-9-TIMP-1 et le glutathion, mais ces relations étaient différentes à la visite initiale et au suivi, suggérant que les mécanismes de régulation de l’inflammation bronchique chez les travailleurs après 4 ans sont différents des mécanismes présents à l’embauche. Le statut initial de l’inflammation et du remodelage bronchique à l’embauche est déterminant et prédit le degré de l’inflammation et du remodelage bronchiques chez les travailleurs 4 ans après l’investigation initiale. De plus, les variations de VEMS entre la visite d’embauche et le suivi chez les travailleurs présentant une détérioration de leur fonction pulmonaire sont significativement corrélées à des concentrations plus élevées d’IL-8, de MMP-9 et de TIMP-1 mesurés à la visite d’embauche.
Le modèle animal quant à lui a été validé chez la souris selon un modèle de type dose-réponse en exposant les animaux à des concentrations de 100, 200 400 et 800 ppm de Cl 2. Dans ce modèle, il est apparu que le stress oxydatif jouait un rôle significatif (Annexe 1).
Le décours de l’effet a été ensuite étudié jusqu’à 10 jours après une exposition de 800 ppm durant cinq minutes. Immédiatement après l’insulte inhalatoire, on trouve d’abord une desquamation épithéliale importante suivie d’une prolifération de l’épithélium de base, maximum cinq jours après l’atteinte, puis d’hyperplasie musculaire. Puis, nous avons remarqué que la présence d’un type de cellules T, celles portant le récepteur gamma delta T, était critique dans la médiation de l’hyperexcitabilité bronchique et la réponse inflammatoire. Finalement, nous avons montré qu’un agent antioxydant puissant, le diméthylthiourée, exerçait un effet protecteur sur l’atteinte, ouvrant la voie à des essais chez l’humain.
ISBN
9782896312870 (PDF)
9782896312863 (version imprimée)
Mots-clés
Bronche, Bronchi, Irritation, Asthme, Asthma, Évaluation du risque, Hazard evaluation, Spirométrie, Spirometry, Relation dose-réponse, Dose-response relationship, Chlore, Chlorine, CAS 7782505, Étude de cohorte, Cohort study, Étude longitudinale, Longitudinal study, Québec
Numéro de projet IRSST
0099-3630
Numéro de publication IRSST
R-574
Citation recommandée
Malo, J.-L., Gautrin, D., Maghni, K. et Martin, J. (2008). Le syndrome d'irritation bronchique : de la surveillance épidémiologique aux mécanismes (Rapport n° R-574). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/511
