Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2008

Langue

Français

Résumé

Introduction : Les affections vertébrales demeurent une problématique majeure pour les travailleurs, aussi bien au Québec que dans le reste du monde industrialisé. Un des secteurs le plus touché par une incidence élevée de dorso-lombalgies est celui de la construction. Certains déterminants d’incapacité prolongée semblent particulièrement importants dans ce secteur (Ringen, Englund, Welch, Weeks, & Seegal, 1995) : le niveau d’exigences physiques du travail est généralement très élevé, la stabilité de l’emploi est souvent précaire, le niveau d’éducation est habituellement peu élevé et le niveau de compensation est souvent plus important que pour les autres travailleurs. De plus, les entreprises de la construction éprouvent plus de difficulté à offrir un support adéquat aux travailleurs ayant des incapacités à cause du faible maintien du lien d’emploi et de la difficulté d’offrir des travaux modifiés (Welch, Hunting, & Nessel-Stephens, 1999). Malgré l’incidence de dorso-lombalgies et le risque élevé d’incapacité prolongée que présentent les travailleurs de la construction (Holmstrom, Moritz, & Engholm, 1995), peu d’études ont été réalisées jusqu’à présent sur l’effet de programmes de réadaptation au travail chez cette clientèle.

Dans le but d’améliorer le pronostic de retour au travail des travailleurs blessés au dos dont elle a la charge, la Direction régionale de l’Île-de-Montréal 1 (DRIM-1) de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), impliquée dans le secteur de la construction, a fait appel à une équipe de recherche pour développer et évaluer un programme de collaboration précoce basé sur les données probantes impliquant la collaboration entre un conseiller en réadaptation de la CSST et une équipe interdisciplinaire de réadaptation au travail.

Objectifs : L’objectif principal de la présente étude était d’évaluer l’efficacité du programme de collaboration précoce à permettre d’obtenir une date de consolidation sans limitation fonctionnelle chez un plus grand nombre de travailleurs et plus rapidement que l’approche conventionnelle de la CSST.

Les objectifs secondaires étaient d’estimer le coût-avantage et le coût-efficacité du programme de collaboration précoce et d’évaluer l’état de santé des travailleurs suite à leur participation au programme.

Méthode : Le devis de l’étude était un essai randomisé contrôlé comportant un groupe expérimental recevant le programme de collaboration précoce et un groupe contrôle recevant les opérations habituelles de la CSST. La population cible était l’ensemble des travailleurs de la construction résidant à Montréal. La variable principale de l’étude, la date de consolidation, a été analysée par des analyses de survie, en utilisant la méthode de Kaplan-Meier et la régression de Cox. L’impact sur l’état de santé des travailleurs a été mesuré ainsi que le coût de l’intervention. Des suivis à 6, 12, 24, 36 et 48 mois ont eu lieu.

Résultats : Au total, 133 travailleurs ont été randomisés dans les deux groupes à l’étude. Toutefois, 12 ont été retirés des analyses puisque les sujets n’ont finalement pas été compensés par la CSST. Concernant la variable principale, soit la date de consolidation, les analyses de survie indiquent qu’il n’y avait aucune différence significative entre les groupes aux différents suivis. De plus, les résultats indiquent qu’il y avait une amélioration des variables de l’état de santé des travailleurs dans les deux groupes et qu’il n’y avait aucune différence significative entre les groupes pour cette amélioration. L’étude des coûts à la CSST et aux travailleurs a montré un excès de coûts du groupe expérimental par rapport au groupe contrôle.

Discussion et conclusion : Les résultats de cette étude indiquent que le programme de collaboration précoce tel qu’implanté n’a pas été plus efficace que le traitement usuel pour accélérer la consolidation, réduire les coûts de conséquence et améliorer l’état de santé des travailleurs de la construction ayant une lombalgie subaiguë. L’insuccès de ce programme à atteindre les objectifs visés pourrait être attribuable à des difficultés d’implantation du programme, aux exigences et caractéristiques propres au secteur de la construction, aux conséquences de nombreuses contestations de dossiers, à la nature du programme d’intervention et aux limites méthodologiques de l’étude pouvant mener à une erreur de type II. L’implantation d’un programme de retour au travail est complexe et demeure un défi de taille. Davantage d’études sont requises pour mieux comprendre les obstacles à l’implantation dans un environnement multipartite. Ces résultats renforcent la nécessité d’effectuer une évaluation rigoureuse de l’efficacité des programmes de retour au travail avant de recommander leur dissémination.

ISBN

9782896312849 (PDF)

9782896312832 (version imprimée)

Mots-clés

Industrie du bâtiment, Building industry, Travaux de construction, Construction work, Maux de dos, Backache, Maintien en emploi, Job maintenance, Réadaptation professionnelle, Vocational rehabilitation, Réadaptation, Rehabilitation, Collaboration, Cooperation, Évaluation de projet, Project evaluation, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-0750

Numéro de publication IRSST

R-573

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