Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2008
Langue
Français
Résumé
Problématique : Le travail occupe une place importante dans la vie active des individus et joue un rôle déterminant dans l’identité et la conformité sociale des adultes. Or, chaque année, un nombre important de personnes est exclu du travail en raison d’un trouble musculo-squelettique (TMS) engendrant chez 8 % d’entre eux une incapacité à maintenir une vie active au travail. Ce petit nombre compte pour la moitié des coûts d’indemnisation à la CSST. Plusieurs facteurs sont impliqués dans le développement et la persistance de l’incapacité au travail. Parmi ces facteurs, certains relèvent de la personne, du milieu de travail, des politiques de compensation et d’autres du système de santé et des assurances. En ce qui concerne la personne, sa représentation, c’est-à-dire, sa compréhension de sa maladie, est associée à l’adoption de comportements qui visent l’adaptation ou le contrôle du problème. La représentation des cliniciens n’a pas fait l’objet d’étude à ce jour. Il n’est donc pas possible actuellement de comprendre ce qui, dans la relation clinicien/travailleur, contribue à une fin prématurée de prise en charge ou un non-retour au travail. Dans le cadre thérapeutique, les écarts de représentation seraient associés à un mauvais pronostic et confirmeraient l’importance pour le clinicien de comprendre les représentations et d’établir des objectifs et stratégies qui soient partagés par le travailleur.
Objectif : L’objectif général de cette étude est d’effectuer une première exploration en vue de décrire en profondeur, à l’aide d’un nombre limité de cas, les différents scénarios d’écarts entre le jugement clinique, la compréhension de l’intervenant des représentations que se fait le travailleur de son TMS et les représentations du travailleur. Ceci, durant le processus de réadaptation au travail.
Méthode : Ce projet pilote utilise le devis d'une étude de cas multiples où le cas constitue la relation entre un clinicien et le travailleur dont il a la charge. Des entrevues semi-dirigées ont été effectuées de façon prospective auprès de cinq intervenants, lors de 12 cas de prise en charge de travailleurs débutant un programme de réadaptation au travail basé sur les données probantes.
Résultats : Les résultats de la présente étude font ressortir différents scénarios d’écart. Ce ne sont cependant pas tous les écarts qui peuvent avoir un impact négatif sur le déroulement du programme de réadaptation. Lorsque l’écart se situe au niveau du jugement clinique, le clinicien peut en discuter directement avec le travailleur qui pourra modifier sa représentation se rapprochant des principes mis de l’avant au sein de l’intervention. Dans d’autres cas, les représentations devront être adressées de façon indirecte, à travers l’implantation de stratégie plutôt comportementale. Ce qui semble ressortir des analyses est l’importance pour le travailleur que la stratégie proposée soit en cohérence avec sa représentation. Pour le clinicien, le problème devrait être bien identifié afin de permettre d’implanter des stratégies concrètes et pragmatiques. Aussi, il n’apparaît pas nécessaire que le clinicien partage toutes les informations relatives à sa compréhension clinique.
Retombées : Cette étude fait ressortir l’importance de comprendre les représentations des travailleurs ayant une incapacité au travail d’origine musculo-squelettique. Au-delà du besoin de compréhension, il est aussi important que l’objectif soit partagé ou à tout de moins que la stratégie qui soit mise de l’avant fasse du sens aux yeux du travailleur.
Abstract
Issue: Work occupies an important place in people’s active lives and is a determining factor in shaping adults’ identity and their sense of social belonging. Yet every year, a large number of individuals are absent from work due to musculoskeletal disorders (MSDs), leaving 8% of them unable to continue working. This small number nonetheless accounts for half of the compensation indemnities paid by the CSST. Many factors play a part in the development and long-term duration of work disability. Of these, some pertain to the person, workplace, or compensation policies, while others pertain to the healthcare and insurance systems. In terms of the person, his1 representation (i.e. understanding of his disease or condition) leads to the adoption of behaviours aimed at adapting to or controlling the problem. Clinicians’ representations have not yet been the subject of investigation. At present, it is therefore impossible to understand the factors in the clinician/worker relationship that contribute to a premature end to the rehabilitation management process or to a non-return to work. In the therapeutic context, the existence of differences in representations would appear to be associated with a poor prognosis and to confirm the importance of the clinician understanding the worker’s representations and of defining goals and strategies with the worker’s input.
Objective: The general objective of this exploratory study was to describe in detail, based on a limited number of cases, the various scenarios depicting the differences between clinical judgment, occupational rehabilitation professionals’ understanding of workers’ representations of their MSDs, and workers’ actual representations, during the occupational rehabilitation process.
Methods: This pilot project used a multiple case-study design in which a case constituted the relationship between a clinician and the worker he was managing. Semi-structured prospective interviews were conducted with five clinicians who were managing 12 cases involving workers who were starting an evidence-based occupational rehabilitation program.
Results: The results of this study brought to light various scenarios depicting differences in representations. However, not all the differences necessarily had a negative impact on the outcome of the rehabilitation program. When the difference existed at the level of the clinical judgment, the clinician was able to discuss it directly with the worker, who was in turn able to change his representations and move closer to the principles presented during the intervention. In other cases, the representations had to be addressed indirectly through the introduction of a behavioural strategy. What emerged from the analyses was the crucial importance, for the worker, of congruence between the proposed strategy and his representation. For the clinician, it was important that the problem be clearly identified to allow for the use of concrete, pragmatic strategies. It further appeared that the clinician did not have to share all the details of his clinical understanding with the worker.
Impacts: This study highlights how important it is that clinicians understand the representations held by workers who have a musculoskeletal disability. It also underscores the importance of the objective being acceptable to both parties, or at least of the proposed strategy making sense to the worker.
ISBN
9782896313051 (PDF)
9782896313044 (version imprimée)
Mots-clés
Troubles musculosquelettiques, Musculoskeletal disease, Réadaptation professionnelle, Vocational rehabilitation, Maintien en emploi, Job maintenance, Personnel médical, Medical personnel, Travailleur, Employee, Appréciation subjective, Subjective assessment, Étude de cas, Case study, Enquête par entrevue, Interview survey, Québec, Relation personnel médical-patient
Numéro de projet IRSST
0099-5370
Numéro de publication IRSST
R-581
Citation recommandée
Coutu, M.-F., Baril, R., Durand, M.-J., Charpentier, N., Rouleau, A., Côté, D. et Cadieux, G. (2008). Explorer les types d’écart de représentations entre le clinicien et le travailleur souffrant d’un trouble musculo-squelettique durant le processus de réadaptation au travail (Rapport n° R-581). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/516
