Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2002
Langue
Français
Résumé
Aux États-Unis un accident ayant causé la mort d’un travailleur dans un trou d’homme illustre comment le CO généré par les explosifs peut migrer sous terre et s’accumuler dans les espaces clos. Au Québec, des résidents ont été fortement incommodés et 7 d’entre eux, sur une période de 5 ans, ont été suffisamment intoxiqués pour être soumis à un traitement hyperbare. Dans chacun des cas, la méconnaissance du problème et le caractère insidieux des intoxications sont deux éléments qui ont joué un rôle important. Ces deux facteurs et le nombre important de travaux aux explosifs (entre1000 et 1500) réalisés à proximité d’ouvrages de génie civil ou d’habitations au Québec chaque année, nous laissent croire que les cas répertoriés ne sont que la pointe de l’iceberg, autant pour les travailleurs que pour la population.
Pour vérifier cette assertion, une étude rétrospective des intoxications au CO à l’aide de diverses sources d’information a été réalisée. Entre autres, des recherches ont été effectuées dans les archives de nombreux hôpitaux du Québec à partir des informations emmagasinées notamment par le Centre Anti-Poison du Québec (CAPQ). Il a été jugé également nécessaire d’effectuer des tests à l’échelle du terrain sur des sites de travaux aux explosifs et de recueillir des mesures de concentration en CO, et de pression grâce à un réseau de surveillance temporaire. Deux types de roc ont été retenus pour évaluer la migration du CO généré par les explosifs : des ardoises de Rock Forest et des calcaires de Beauport. Nous avons également testé diverses techniques sur le terrain visant à limiter la propagation du CO dans le roc fracturé avoisinant les travaux aux explosifs.
Nous avons retracé 678 cas d’intoxication au CO de source inconnue des fichiers du CAPQ et 21 cas au niveau du caisson hyperbare de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. De ce nombre, 427 ont été retenus pour fin de recherche. Parmi tous les dossiers qui ont été retracés, un seul cas d’intoxication au CO a pu être lié aux travaux aux explosifs en milieu habité.
Nos études de terrain ont démontré que la géologie structurale des formations rocheuses (schistosité, famille de joints, fractures) joue un rôle important dans la direction et la distance de propagation des gaz dans les fractures générées lors des travaux aux explosifs. Le type de matériau géologique de recouvrement (ex. sable ou till) du roc peut affecter la quantité de gaz migrant dans le roc suite à des travaux aux explosifs.
Des concentrations significatives de CO peuvent persister jusqu’à plus de 7 jours dans le roc fracturé suite à des travaux aux explosifs. L’advection1 est le mécanisme initial de migration du CO dans le roc fracturé naturellement ou induit par les sautages. La distance de migration du CO par ce mécanisme est courte (5 à 10 m). Dans les tranchées de roc brisé (équivalent à des remblais sous les routes), la distance de migration du CO par advection s’est faite sur 12 à 20 m. Dans les 2 ou 3 jours suivant les sautages, une migration pouvant atteindre 15 m s’est produite par diffusion dans les fractures induites par les sautages et à plus de 30 m dans les tranchées. Les concentrations en CO dans le roc diminuent après 2 à 3 jours par dilution avec l’air interstitiel non contaminé.
À la suite de ces résultats, diverses recommandations touchant les entrepreneurs en travaux aux explosifs, les professionnels de la santé, les directions de santé publique et le CAPQ sont suggérées. Les principales recommandations s’adressent aux entrepreneurs. En effet, ces derniers peuvent mettre en place des procédures pour limiter la propagation du CO dans le roc et les infrastructures en périphérie des zones où ont lieu des travaux aux explosifs. Ces procédures sont : (1) l’excavation complète des dépôts-meubles avant le forage et la mise en place de matelas pare-éclats lors des sautages ; (2) l’excavation complète des débris (roc brisé) après chaque sautage ; (3) terminer la séquence des sautages par l’entrée de services privés et excaver immédiatement les débris en commençant par la jonction de cette tranchée avec la rue. Une autre méthode consiste à pomper l’air des débris générés par les sautages immédiatement après chaque tir au moyen d’un camion vacuum.
1. Déplacement d’une masse de gaz créé par une différence de pression (le déplacement est surtout horizontal).
Mots-clés
Monoxyde de carbone, Carbon monoxide, CAS 630080, Intoxication, Poisoning, Tir de mines, Shotfiring, Méthodologie, Methodology, Détermination de la concentration, Determination of concentration, Recommandation, Directive
Numéro de projet IRSST
0099-1110
Numéro de publication IRSST
R-314
Citation recommandée
Martel, R., Sanfaçon, G., Schnebelen, M., Trépanier, L., Lévesque, B., Lavigne, M.-A., . . . Auger, P. (2002). Évaluation de la production de monoxyde de carbone associée aux travaux, aux explosifs (Rapport n° R-314). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/646
