Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2002
Langue
Français
Résumé
Les maux de dos constituent près du tiers des lésions professionnelles. Jusqu’à maintenant les professionnels de la santé éprouvent des difficultés à préciser l’état symptomatique du patient souffrant de mal de dos par l’examen clinique et les examens radiologiques. Parmi les meilleurs examens radiologiques, il y a l’étude de colonne lombaire par la résonance magnétique mais cet examen se fait en position couchée en raison de la configuration de l’appareil. Un nouvel appareil de résonance magnétique à champ ouvert permet l’étude de la colonne en position assise, à genoux et en flexion comme lors des activités quotidiennes.
Le but de cette étude était d’évaluer la dynamique de la colonne vertébrale lombaire dans les positions habituelles d’activités quotidiennes tant chez des volontaires sans mal de dos que chez des patients avec lombalgie.
Parmi les participants volontaires âgés de 30 à 60 ans, près de 70% d’entre eux avait une lésion du disque entre les vertèbres L4-L5 ou L5-S1 semblable à celle observée chez les patients ayant mal au dos. Chez ceux sans aucune lésion, l’imagerie par résonance magnétique a permis pour la première fois de visualiser en temps réel les changements dynamiques de la forme du disque suite aux changements de positions. Ainsi nous avons réalisé un véritable atlas des modifications naturelles du disque selon que la personne était couchée, assise, à genoux et penchée par en avant. La prise en charge d’un poids de 18 kg (40 livres) sur les épaules et le dos des volontaires n’a pas modifié de façon importante les modifications de la forme du disque entre les vertèbres du bas du dos (L4-L5, L5-S1).
Chez les 52 autres patients qui avaient mal au dos, près de 40%, de ceux-ci, soit 21 personnes, n’avaient pas de lésion du disque à l’examen de résonance magnétique bien que l’examen physique suspectait une telle lésion. D’autre part les variations du disque, suite aux différentes positions, étaient semblables à celles observées chez les volontaires sans lésion radiologique qui n’avaient pas mal au dos. Cet examen est donc utile pour éliminer une lésion du disque lombaire, évitant ainsi des interventions chirurgicales inutiles tout en orientant les patients vers d’autres alternatives diagnostiques ou thérapeutiques (muscles, ligaments, etc.).
Parmi les patients lombalgiques avec une lésion du disque, on remarque un affaissement plus important du disque dans les changements de positions, que l’amincissement observé chez les volontaires sans mal de dos mais avec une lésion du disque intervertébral L4-L5, L5-S1. À noter cependant que ceci avait déjà été décrit lors de radiographie simple du dos depuis au moins 25 ans.
Lorsque le clinicien voit une image de pathologie du disque intervertébral L4-L5 ou L5-S1, il aura tendance à penser que cette personne aura mal au dos; dans notre étude, il aura raison deux fois sur trois lorsqu’il ne connaît pas l’histoire du patient et qu’il visualise les films avec lésion du disque de personnes souffrant ou ne souffrant pas de mal de dos. Ceci n’est pas sensible pour faire une discrimination adéquate identifiant la cause plausible de la plainte du patient. Par ailleurs, lorsqu’il n’y a pas de lésion visible à la résonance magnétique, son jugement établissant que cette personne n’a pas mal au dos est bien meilleur : il a raison dans près de 97% des cas.
L’appareil de résonance magnétique permettant des changements de positions à l’intérieur de l’appareil a permis de déceler une lésion du disque qui n’était pas apparente en position couchée chez 2 patients parmi les 52 patients souffrant de mal de dos, c’est dire qu’une lésion inapparente en position couchée surviendrait chez moins de un lombalgique sur 25 (3.85%).
Donc l’imagerie par résonance magnétique ne peut distinguer une personne lombalgique autrement que par l’importance du pincement discal, qui serait visible de toute façon en radiographie standard de la colonne lombaire. L’utilisation de l’imagerie de résonance magnétique à champ ouvert ajoute peu de valeur à l’imagerie obtenue par l’IRM conventionnelle dans l’étude du disque lombaire pour l’investigation d’une lombalgie.
Ces observations requestionnent la pertinence de recourir immédiatement à l’IRM pour l’investigation d’une lombalgie. N’y aurait-il pas lieu de réévaluer le recours à la radiologie traditionnelle dans un premier temps alors que l’accessibilité est réduite?
Mots-clés
Maux de dos, Backache, Diagnostic radiologique, Radiological diagnosis, Imagerie par résonance magnétique, Magnetic resonance imaging, Travail musculaire dynamique, Dynamic muscular work
Numéro de projet IRSST
0097-0510
Numéro de publication IRSST
R-299
Citation recommandée
Roy, J.-F. et Moutquin, J.-M. (2002). Sensibilité et spécificité de la résonance magnétique à champ ouvert pour l'objectivation de l'état symptomatique lombaire (Rapport n° R-299). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/661
