Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2002
Langue
Français
Résumé
Les employés du Jardin botanique et des serres Louis Dupire de la ville de Montréal sont régulièrement en contact avec des pesticides dans le cadre de leurs activités. L’inquiétude soulevée, en regard des risques à la santé qui pourraient découler de l’exposition aux pesticides dans un milieu fermé comme les serres, justifiait d’entreprendre une étude dans le but de répondre aux interrogations des travailleurs et des responsables du service de santé. Les résultats de cette recherche devaient permettre, le cas échéant, d’améliorer certaines pratiques de travail dans les entreprises concernées. C’est pour cette raison que la Direction de la toxicologie humaine de l’Institut national de santé publique du Québec, de concert avec le CLSC des Faubourgs qui gère le programme de santé au travail de ces entreprises, a initié une étude d'exposition professionnelle.
Diverses études indiquent que les risques pour la santé pourraient être plus importants dans un complexe serricole qu’à l’extérieur, car un milieu fermé favorise des niveaux d’exposition plus importants. En effet, certains facteurs, tels que les conditions de température et d’humidité, pourraient contribuer à une plus grande absorption cutanée des pesticides. De plus, une ventilation restreinte pourrait favoriser les risques d’atteintes respiratoires au cours de la période suivant immédiatement une application de pesticides. Enfin, ce type de milieu serait moins propice à la dégradation des produits antiparasitaires. Plusieurs auteurs ont décrit des risques d’effets aigus et chroniques pour les travailleurs exposés aux pesticides en milieu serricole. Ils pourraient être d’ordre respiratoire, cutanée, neurologique, reproductif, développemental ou autres.
Plusieurs méthodes ont été utilisées pour évaluer le potentiel d’exposition des travailleurs. Tout d’abord, le comportement des résidus foliaires délogeables a été évalué, pour certains produits représentatifs, entre l’application des pesticides et le retour des travailleurs à des activités dans les serres. Le but était de vérifier si les résidus diminuaient rapidement à l’intérieur du délai de réentrée usuellement respecté par les travailleurs tel que déjà observé en milieu extérieur. Les risques d’exposition cutanée des travailleurs ont aussi été évalués par une technique de lavage des mains, laquelle devait également servir à documenter l’efficacité du port des gants. Une approche qualitative d’évaluation de l’exposition externe utilisant un marqueur fluorescent a également été utilisée. L’exposition totale des travailleurs, pour les produits à l’étude, a été déterminée par la mesure de métabolites urinaires excrétés sur une période post-exposition de 24 heures et des mesures des variations de l’activité des cholinestérases ont été effectuées lors de l’utilisation d’insecticides organophosphorés. Finalement, la contamination potentielle des locaux adjacents aux serres ainsi que les différentes pratiques de travail ont été évaluées.
Les résultats de l’étude indiquent que les travailleurs sont toujours exposés lors du retour dans la serre le lendemain suivant l’application des pesticides. D’une part, à l’encontre des observations effectuées dans des environnements extérieurs, il apparaît que les résidus délogeables possèdent une plus grande stabilité dans un milieu fermé tel que les serres. D’autre part, quelque soit le pesticide utilisé, il a été possible de retrouver et quantifier les pesticides dans les solutions de lavage de mains des travailleurs. Finalement, il a été possible de détecter des métabolites urinaires des pesticides étudiés chez une majorité de travailleurs. Toutefois, probablement en raison des courtes périodes d’exposition et des faibles contacts avec les plantes traitées, les niveaux d’exposition mesurés étaient généralement faibles pour la majorité de ceux-ci. Il apparaît que les types de tâches impliquant un contact plus important avec les plantes traitées favoriseraient des niveaux d’exposition plus importants. Cependant, certaines pratiques de travail, comme le port de gants, permettraient de diminuer considérablement l’exposition des travailleurs. Plusieurs autres mesures correctives ont été proposées dans ce sens.
Mots-clés
Pesticide, Serre, Greenhouse, Effet toxique, Toxic effect, Évaluation de l'exposition, Exposure evaluation, Méthode de travail et sécurité, Safe working method, Carbaryl, CAS 63252, Malathion, CAS 121755, Chlorpyrifos, CAS 2921882
Numéro de projet IRSST
0099-0150
Numéro de publication IRSST
R-315
Citation recommandée
Samuel, O., St-Laurent, L., Dumas, P., Langlois, É. et Gingras, G. (2002). Pesticides en milieu serricole : caractérisation de l'exposition des travailleurs et évaluation des délais de réentrée (Rapport n° R-315). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/643
