Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
2001
Langue
Français
Résumé
Introduction
Les solvants sont parmi les substances dangereuses les plus utilisées en milieu de travail. La substitution permet d’éliminer un solvant toxique ou inflammable en le remplaçant par un produit moins dangereux ou en changeant de procédé. Pour implanter la substitution en entreprise il faut également tenir compte des dimensions environnementales, de coût et de faisabilité technique ainsi que des facteurs humains et organisationnels. Le présent travail visait à étudier la démarche d’implantation de la substitution par des études de cas concrets dans des entreprises québécoises.
Méthode
Une démarche en neuf étapes inspirée de travaux précédents a été appliquée aux activités suivantes correspondant à sept entreprises : 1) nettoyage de taches dans la fabrication de textiles, 2) lavage de plancher dans la fabrication de peintures, 3) nettoyage de taches dans la fabrication de vêtements, 4) collage de mousse de polyuréthane dans la fabrication de ce type de mousse, 5) nettoyage de cuves dans la fabrication de peintures, 6) nettoyage des masques de brasage dans la fabrication de circuits imprimés, et 7) collage de divers éléments de finition dans la fabrication de bateaux de plaisance. Dans chaque entreprise, après identification du problème, un comité de substitution a été mis en place pour réaliser la démarche : collecte des informations détaillées, proposition d’options de rechange, évaluation des conséquences de chaque option, leur comparaison, essais sur le terrain et choix, implantation elle-même et évaluation.
Résultats
Il n’y a pas de solution recommandable de remplacement du trichloréthylène utilisé comme détachant dans les cas 1 et 3. D’autres solvants impliquant le 1-bromopropane ou un hydrochlorofluorocarbure bien que techniquement acceptables n’ont pas été retenus à cause de leur impact potentiel sur la santé ou l’environnement. La ventilation et l’élimination des taches à la source demeurent les avenues de prévention de choix.
Dans les cas 4 et 7 l’adhésif au dichlorométhane est substituable par un adhésif aqueux à base de polychloroprène, du type à un composant, et répondant à toutes les exigences.
Dans les entreprises de peinture (cas 2 et 5), utilisant présentement des solvants volatils, dont la méthyléthylcétone, une batterie d’essais en laboratoire a permis d’identifier des mélanges commerciaux prometteurs, comprenant des produits peu volatils et à bon pouvoir solvant notamment des hydrocarbures aromatiques lourds, des esters d’acides dicarboxyliques, du diméthylsulfoxyde, certains éthers de glycol et de la N-méthyl-2-pyrrolidone. La résolution complète de ces deux cas demandera des essais additionnels ainsi que l’acceptation par les entreprises d’avoir à modifier certaines méthodes de travail.
Dans le cas No 6 les divers essais ont permis la sélection d’un mélange d’un éther de glycol et d’hydrocarbures aromatiques lourds acceptable selon la majorité des critères, en remplacement des solvants volatils présentement utilisés. L’implantation ne sera effectuée cependant que suite à une analyse de coûts.
Discussion
Cette étude a permis d’aborder en détail la problématique d’exposition aux solvants dans sept entreprises québécoises et d’en arriver à des recommandations visant à protéger la santé des travailleurs, notamment par la substitution des solvants dans la majorité des cas. L’implication de la haute direction des entreprises et la pression exercée par les autorités publiques apparaissent critiques au succès de la démarche comme c’est souvent le cas en santé et sécurité du travail. L’étude a également permis de confirmer l’importance d’une utilisation approfondie des sources d’information, notamment celles disponibles dans Internet (p. ex. les groupes de discussion spécialisés), que ce soit pour la recherche des options possibles ou pour l’étude de leurs conséquences. Il n’en demeure pas moins que l’information sur certains solvants reste fragmentaire, notamment ceux récemment introduits ainsi que les mélanges complexes et variables d’hydrocarbures. La collaboration avec les formulateurs de solvants s’est avérée importante dans certains cas pour faire progresser le dossier. De plus il est apparu indispensable, lorsqu’il y a multiplicité d’options, de procéder à la réduction de leur nombre par des tests de laboratoire à petite échelle, avant l’étude approfondie de l’ensemble des conséquences.
Conclusion et recommandations
En plus d’une intervention dans sept entreprises québécoises résultant en des recommandations de prévention, ce travail a permis d’approfondir la démarche d’implantation de la substitution. Globalement il s’est révélé que la démarche initiale devait être légèrement modifiée. Ainsi il s’est avéré préférable d’effectuer d’abord des tests d’efficacité des produits de remplacement avant d’en évaluer les conséquences. De plus l’inspecteur de la CSST devrait être invité à participer au comité de substitution. Les neuf étapes recommandées sont maintenant les suivantes : 1) identification du problème (premiers contacts, visite de reconnaissance, motifs de substitution), 2) formation du comité de substitution lettre d’entente, accord des diverses parties, appui de la haute direction), 3) étude du problème et définition des critères de sélection (visite détaillée, description des procédés, de l’exposition, des critères techniques et de santé, sécurité, environnement et coûts à respecter), 4) proposition d’options de rechange (remue-méninges, diverses sources d’information, tri préliminaire a priori sur la base des divers critères), 5) essais à petite échelle (laboratoire ou milieu de travail, réduction du nombre d’options), 6) évaluation des conséquences des options retenues (recherche des impacts potentiels sur la santé, la sécurité, l’environnement, les coûts, les méthodes de travail), 7) comparaison des options et choix (tableau synthèse, utilisation des critères), 8) implantation, et 9) évaluation.
De plus il est recommandé d’appuyer l’action des intervenants par une meilleure formation Internet, la production d’un inventaire des fournisseurs locaux de solvants de remplacement, un meilleur contact avec ces fournisseurs et la nomination d’un coordonnateur provincial sur la substitution. D’autre part il serait souhaitable que la recherche se poursuive dans ce domaine notamment par l’évaluation et le développement d’outils informatiques pour la formulation de mélanges de solvants répondant aux critères souhaitables de santé, de sécurité, d’environnement et de qualité technique.
Mots-clés
Solvant, Solvent, Remplacement, Substitution, Méthodologie, Methodology, Entreprise, Business, Étude de cas, Case study, Trichloréthylène, Trichloroethylene, CAS 79016, Adhésif, Adhesive, Butanone, CAS 78933, Évaluation des résultats, Evaluation of results, Recommandation, Directive, Analyse coût-avantage, Cost benefit analysis, Québec
Numéro de projet IRSST
0097-0010
Numéro de publication IRSST
R-269
Citation recommandée
Bégin, D. et Gérin, M. (2001). Substitution de solvants : études de cas d'implantation (Rapport n° R-269). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/676
