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Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2020

Langue

Anglais

Résumé

Plusieurs manipulations réalisées sur les corps des défunts par les thanatopracteurs produisent des bioaérosols qui peuvent contenir des agents pathogènes infectieux. La ventilation générale est souvent le seul moyen utilisé dans les laboratoires de thanatopraxie pour maîtriser les bioaérosols. Toutefois, il n’y a pas de recommandations précises pour sa mise en application. De plus, peu d'études abordent les expositions professionnelles aux bioaérosols dans le domaine de la thanatopraxie tant quantitativement (niveau d’exposition) que qualitativement (identification et classification selon les groupes de risque). L’objectif de cette étude était d’évaluer l’exposition des thanatopracteurs aux bioaérosols afin d’apprécier les risques potentiels sur leur santé et d’évaluer l’effet de certains facteurs sur le comportement des particules d’origine biologique dans l’air.

Trois laboratoires de thanatopraxie ont fait l’objet d’une évaluation. Des prélèvements de bioaérosols y ont été effectués dans l’air et sur les surfaces en utilisant un impacteur de marque Andersen à 6 étages, des préleveurs de type CIP-10M et SASS® 3100 ainsi que des écouvillons hygiena Q-swab™. Les différents prélèvements ont servi au dénombrement des bactéries cultivables et à leur identification. Différentes méthodes ont été utilisées pour l’identification bactérienne. Des concentrations numériques de particules fluorescentes (particules d’origine biologique) et non fluorescentes, et des mesures granulométriques (entre 0,5 et 20 µm) ont aussi été effectuées en temps réel à proximité du thanatopracteur à l’aide d’un spectromètre à fluorescence induite par laser (WIBS-NEO). Des calculs de taux de changements d’air par heure et des simulations en dynamique des fluides (CFD) ont été effectués dans chacun des laboratoires. Les simulations ont permis de calculer l’âge moyen de l’air à différents endroits du laboratoire et d’évaluer l’effet de différentes stratégies de ventilation sur les concentrations de bioaérosols dans le laboratoire.

Cette étude a établi que les travailleurs réalisant une activité de thanatopraxie étaient en moyenne faiblement exposés aux bioaérosols, mais que certaines tâches étaient susceptibles de générer une augmentation des concentrations de bioaérosols à proximité du travailleur. Des souches de bactéries appartenant aux Mycobacterium non tuberculeux (groupe de risque 2) ont été identifiées dans deux des trois laboratoires étudiés. En plus des Mycobacterium, plusieurs bactéries provenant des familles Corynebacterium, Dietziaceae, Gordoniaceae. Nocardiaceae et Streptomycetaceae ont aussi été trouvées dans les trois laboratoires. Finalement, Streptococcus pneumoniae, un pathogène humain du groupe de risque 2, a été cultivé dans des échantillons provenant des laboratoires A et C. La mise en culture de Streptococcus pneumoniae démontre que des bactéries provenant des voies respiratoires humaines se retrouvent en état cultivable dans l'air des laboratoires de thanatopraxie.

Les bioaérosols ont des diamètres majoritairement inférieurs à 4 µm (fraction dite respirable) qui leur confèrent une forte probabilité de dépôts dans les voies respiratoires et un fort potentiel de déplacement dans l’air des salles de thanatopraxie. Les tâches de travail entraînant un effet de soufflet et des éclaboussures ont été identifiées comme les activités les plus émissives.

Les taux de ventilation calculés étaient respectivement de 2,1, 10,3 et 7,9 changements d’air par heure (CAH) pour les laboratoires A, B et C. Les simulations par CFD, dans les 3 laboratoires, ont montré que les concentrations de particules étaient les plus élevées à des débits de ventilation de 1 CAH. L’augmentation du débit de 1 à 4 CAH réduit les concentrations de 28 à 67 % selon le laboratoire modélisé. Dans les laboratoires A et C, la modification de la ventilation mécanique par une augmentation du nombre de CAH peut être un moyen de maîtriser les concentrations de bioaérosols, bien que la captation à la source soit toujours l’option à privilégier. Dans le laboratoire B, les concentrations en nombre de particules à 10,3 et 12 CAH sont comparables. Ce résultat semble indiquer qu’une augmentation de la ventilation au-delà de 12 CAH n’aura pas un impact significatif sur les concentrations. D’autres méthodes de maîtrise doivent donc être envisagées.

En considérant la difficulté à identifier la présence d’agents pathogènes dans le corps des défunts et la proximité du thanatopracteur, la grande diversité des tâches de travail et l’incertitude associée à la dilution des contaminants par ventilation générale, les auteurs de ce rapport recommandent de considérer minimalement le port d’un appareil de protection respiratoire (APR) à épuration d’air de type pièce faciale filtrante jetable (N/R/P-95/99/100) ou demi-masque élastomère muni de cartouches filtrantes P100 lors des tâches de thanatopraxie.

AbstractSeveral of the actions that embalmers take with dead bodies produce bioaerosols that may contain infectious pathogens. General ventilation is often the only method used to control bioaerosols in embalming labs. Nevertheless, there are no specific recommendations for applying it. Moreover, few studies have addressed occupational exposure to bioaerosols in embalming, either quantitatively (level of exposure) or qualitatively (identification and classification of risk groups). The purpose of this study was to assess embalmers’ exposure to bioaerosols in order to evaluate the potential risks to their health and examine the effect of certain factors on the behaviour of biological particles in the air.

Three embalming labs were assessed. Bioaerosol sampling was done in the air and on surfaces, using an Andersen 6-stage impactor, CIP-10M and SASS® 3100 air samplers, and Hygiena Q-Swab™ swabs. The different types of sampling were used to count and identify culturable bacteria. Numerical concentrations of fluorescent particles (biological particles) and non-fluorescent particles and granulometric measurements (between 0.5 and 20 µm) were also done in real time near the embalmer, using a laser-induced fluorescence aerosol spectrometer (WIBS-NEO). Calculations of the air changes per hour and fluid dynamics simulations (CFD) were done in each lab. The simulations enabled us to calculate the mean age of the air in various parts of the laboratory and to assess the effect of different ventilation strategies on the concentrations of bioaerosols in the lab.

This study established that workers engaged in embalming were exposed to low levels of bioaerosols, on average, but that certain tasks were likely to generate an increase in bioaerosol concentrations near the worker. Strains of bacteria belonging to non-tuberculous Mycobacterium (Risk Group 2) were identified in two of the three labs studied. In addition to Mycobacterium, several bacteria from the Corynebacterium, Dietziaceae, Gordoniaceae. Nocardiaceae and Streptomycetaceae families were also found in the three laboratories. Finally, Streptococcus pneumoniae, a human pathogen in Risk Group 2, was cultured in samples from Laboratories A and C. The culturing of Streptococcus pneumoniae proves that bacteria from the human respiratory tract can be found in culturable state in the air of embalming labs.

Most bioaerosols have diameters of less than 4 µm (so-called respirable fraction), which means that they have a strong possibility of being deposited in the respiratory tract and a strong potential to circulate in the air of embalming rooms. Work tasks that result in a bellows effect and splashing were identified as the most emissive activities.

The ventilation rates calculated were 2.1, 10.3 and 7.9 air changes per hour (ACH), respectively, for Laboratories A, B and C. CFD simulations in the three laboratories showed that particle concentrations were highest at ventilation rates of 1 ACH. An increase from 1 to 4 ACH reduced concentrations by 28% to 67%, depending on the lab being modelled. In Laboratories A and C, a change in the mechanical ventilation by increasing the number of ACH may be a way to control bioaerosol concentrations, even though capture at source is always the preferred option. In Laboratory B, the concentrations in numbers of particles at 10.3 and 12 ACH were comparable. This seems to indicate that an increase beyond 12 ACH will not have a significant impact on concentrations. Other control methods should therefore be considered.

Considering the difficulty of identifying the existence of pathogens in dead bodies and near embalmers, the great diversity of work tasks and the uncertainty associated with the dilution of contaminants by means of general ventilation, the authors of this report recommend that, at minimum, the wearing of air-filtering respiratory protective equipment (RPE) such as a disposable filtering facepiece (N/R/P-95/99/100) or an elastomeric half-mask with P100 filter cartridges, should be considered during embalming tasks.

ISBN

9782897972370

Mots-clés

Embaumement, Embalming, Aérosol, Aerosol, Évaluation de l'exposition, Exposure evaluation, Service funéraire, Funeral service, Bactérie, Bacteria, Microorganisme, Risque biologique, Biological hazard, Contaminant biologique, Biological contaminant, Air intérieur, Indoor air, Échantillonnage dans l'air, Air sampling, Échantillonnage par frottis de surface, Wipe sampling, Détermination de la concentration, Determination of concentration, Étude de la ventilation, Ventilation design, Recommandation, Directive, Équipement de protection individuelle, Personal protective equipment

Numéro de projet IRSST

2016-0016

Numéro de publication IRSST

R-1110-en

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