Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
1997
Langue
Français
Résumé
A. Constats de la jurisprudence
- Les informations tirées de la jurisprudence de la Commission d'Appel en Matière de Lésions Professionnelles (CALP), ont une portée relativement limitée pour l'interprétation d'un lien entre le travail et une lésion, puisqu'il s'agit de cas particuliers qui ont fait l'objet d'une contestation pour un ensemble de raisons, dont certaines débordent du cadre strictement diagnostique.
- Un peu plus du tiers des 271 cas de lésions au membre supérieur a été reconnu comme lésion professionnelle et les autres deux tiers rejetés.
- La proportion de lésions refusées comme lésions professionnelles par la CALP ne varie pas de façon importante selon le sexe ni selon le siège anatomique de la lésion. On ne trouve pas de démarcation nette non plus avec les titres d'emploi ou les secteurs d'activité.
- Les cas de lésions acceptées par la CALP ne se démarquent pas systématiquement des autres par la fréquence et la nature rapportés des gestes des membres supérieurs au travail.
B. Constats des consultations avec les cliniciens
- Le diagnostic médical suit une série d'étapes relativement constante à travers toutes les consultations. Cependant, selon l'expérience ou la formation des répondants, certaines étapes reçoivent un développement plus ou moins important.
- Certaines questions et examens spécifiques ont été retenus par la majorité pour leur intérêt dans la formation de l'opinion diagnostique.
- De manière générale l'analyse du travail présente des variations importantes entre les différents consultants. L'approche de la relation possible entre la lésion et le travail n'est pas systématique et est relativement peu étoffée en comparaison avec les autres aspects du diagnostic.
C. Constats de la littérature scientifique
- La plus grande partie des connaissances scientifiques sur les LATR provient de l'étude d'un seul diagnostic, celui du syndrome du canal carpien (SCC). L'étude clinique des LATR date de plus de cinquante ans mais on assiste à une accélération des recherches surtout dans les derniers dix ans. La mise à jour des connaissances, dans un processus continu, est indispensable pour la mise à jour des guides, particulièrement pour les LATR autres que le SCC.
- Quarante pour cent des études comportent un groupe témoin et sont donc potentiellement en mesure de rapporter des données sur la spécificité du diagnostic clinique et sur le lien entre les lésions et le travail.
- Le diagnostic clinique des LATR repose à 52% sur la douleur. La spécificité des signes et symptômes rapportés pour le diagnostic clinique est le plus souvent absente et on en ignore donc la proportion de faux positifs. Il existe un nombre limité de signes et symptômes qui ont à la fois une bonne sensibilité et spécificité pour le diagnostic clinique du syndrome du canal carpien.
- L'électrodiagnostic est souvent considéré comme le test de confirmation du syndrome du canal carpien et comme l'étalon de référence (gold standard). Dans ce sens il est utile lorsque positif. Cependant, lorsqu'il est négatif, il n'exclut pas un diagnostic clinique de SCC. Les normes electro diagnostiques ont une assez bonne cohérence d'une étude à l'autre.
- Sur le plan du diagnostic occupationnel, ou de l'établissement par le médecin traitant d'une présomption de lien avec le travail, le titre d'emploi, le secteur d'activité économique, le type d'activité de travail et le type de geste, semblent insuffisants d'après les informations dont on dispose à l'heure actuelle. Par contre, les mouvements répétitifs, particulièrement lorsqu'ils sont accompagnés de l'utilisation de force par le poignet ou par l'exposition au froid, et l'exposition aux vibrations, sont les éléments d'exposition qui ont la meilleure performance dans la documentation d'un lien entre la lésion et le travail. Il s'agit des informations les plus intéressantes pour les guides diagnostiques.
- Il n'y a pas de cohérence entre les études sur la définition des paramètres d'exposition en milieu de travail, pas plus qu'il n'existe de norme d'exposition scientifiquement démontrée pour prévenir les LATR. Il faudra, pour les guides diagnostiques, proposer des définitions opérationnelles qui tiennent compte des définitions existantes, et du contexte clinique dans lequel ces informations doivent être obtenues.
Ce rapport est accompagné d’une synthèse détaillée : https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/797/
Mots-clés
Lésion attribuable au travail répétitif, Cumulative trauma disorder, Diagnostic, Diagnosis, Aspect juridique, Legal aspect, Réparation des maladies professionnelles, Compensation of occupational diseases, Québec
Numéro de projet IRSST
0092-0570
Numéro de publication IRSST
R-155
Citation recommandée
Rossignol, M. et Patry, L. (1997). Document de support aux guides pour le diagnostic des lésions attribuables au travail répétitif : jurisprudence, cadre de la pratique clinique au Québec, bilan des connaissances scientifiques (Rapport n° R-155). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/800
