Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
1989
Langue
Français
Résumé
L'industrie de la construction faisant partie du premier groupe prioritaire, la Commission de la santé et de la sécurité du travail nous a mandatés pour effectuer des recherches visant à la prévention des accidents dans ce secteur industriel.
Cette industrie comporte un nombre important de métiers et d'occupations. Aussi, afin de cerner un sujet de recherche, nous avons choisi, après consultation, le métier de charpentier-menuisier à cause du nombre d'accidents, de l'importance de la main-d’œuvre, de son accessibilité et de sa représentativité. Le sujet étudié concerne le travail en hauteur qui comporte la réalisation d'activités soumises à des contraintes d'équilibre pouvant entraîner des chutes mais aussi des frappés par ou des heurtés.
Le travail en hauteur constitue également une caractéristique commune à plusieurs métiers de la construction. Le travail en hauteur doit être étudié en prenant en compte particularités du travail dans la construction. Celui-ci se caractérise par la transformation de l'espace qui nécessite le renouvellement permanent des situations de travail, c'est-à-dire des conditions immédiates de travail. Cela signifie de faire suivre les équipements, de fabriquer, à partir des matériaux, les moyens d'accès et les surfaces de travail en hauteur. De leur adaptation vont dépendre les conditions de sécurité.
L'étude a donc pour objectif d'analyser les conditions de sécurité relatives aux équipements et matériaux utilisés comme moyen d'accès et surface de travail en hauteur, ainsi que de comprendre comment ils sont choisis. Les résultats vont permettre de proposer des moyens de prévention.
Les observations ont été réalisées sur trois chantiers de coffrage (deux bâtiments de 4 étages et 1 bâtiment de 15 étages). L'étude traite plus spécifiquement du travail en hauteur lors du coffrage de dalle avec des échafaudages portants et du coffrage conventionnel pour murs. Malgré la présence de coffrage-outil, le coffrage conventionnel est encore utilisé sur les chantiers dont le nombre d'étages est peu élevé ou lors du coffrage des étages au sous-sol.
Les résultats de l'étude montrent qu'une grande variété d'équipements et de matériaux servent de moyens d'accès et de surface de travail en hauteur (échafaudages portants, échelles, tabourets, feuilles de contre-plaqué, madriers, tables à scier, structures de coffrage, acier d'armature, etc.).
Les équipements et matériaux qui permettent de travailler dans des positions plus stables (plancher d'échafaudage, de contre-plaqué) ne peuvent pas toujours être utilisés. Particulièrement, du fait de la rapidité de renouvellement des situations de travail, de l'espace restreint, du manque de solidité des bases d'appui ou de l'ouverture d'accès à la dalle. Dans ces situations, le charpentier-menuisier doit utiliser des surfaces de travail nécessitant davantage de positions de travail instables, sources d'incidents que nous avons relevés et d'accidents.
La plupart des équipements et tous les matériaux sur le chantier servent directement à la construction. Ils ne sont pas dédiés au départ à servir de moyens d'accès ou de surfaces de travail en hauteur. Les échafaudages présents sur le chantier sont des échafaudages conçus pour servir de structure portante et non d'échafaudage de service.
L'échelle est considérée comme un équipement de travail en hauteur, cependant son danger est reconnu par les diverses normes qui en limitent la durée d'utilisation ou même la déconseillent pour travailler et recommandent plutôt l'utilisation d'échafaudage de service. En effet, l'échelle est conçue principalement comme moyen d'accès, sa conception ne la favorise pas comme surface de travail en hauteur. Il s'agit d'un équipement peu stable qui oblige à la fixité des pieds dans l'axe horizontal, ce qui se traduit par de nombreuses rotations du tronc. Aussi, les charpentiers-menuisiers, dans plusieurs situations, préfèrent travailler sur des plateformes de contre-plaqué ou de madrier qui permettent une meilleure mobilité de la posture pour exécuter le travail, même si les conditions d'insécurité et les contraintes d'équilibre sont plus importantes.
Le choix des équipements et des matériaux semble être fait en fonction de la construction du coffrage lui-même et non des besoins pour exécuter le travail. En terme de prévention, ces résultats nous amènent à certaines propositions. Il apparait tout d'abord important de prévoir les besoins en équipements et matériaux spécifiques pour servir de surface de travail en hauteur avant même le début des travaux. Cette prévision est possible à partir des plans et une fois le choix de la technique de coffrage connue, et en bénéficiant de l'expérience du personnel de chantier. Concernant la conception d'équipements, les manufacturiers devraient être mieux informés pour prendre en considération les diverses fonctions des équipements qu'ils construisent. Ainsi, l'échafaudage portant n'est pas simplement une structure portante, mais également un échafaudage de service. Des modifications de la conception de l'échelle permettraient de l'utiliser plus sécuritairement comme surface de travail en hauteur.
Ces recommandations permettent de dégager des orientations concrètes où l'amélioration des conditions de sécurité est directement reliée à l'amélioration de l'exécution du travail sur le chantier.
Mots-clés
Bâtiment et travaux publics, Construction industry, Travail en hauteur, Work at height, Coffrage grimpant, Climbing formwork, Posture de travail, Work posture, Échafaudage, Scaffold
Numéro de projet IRSST
0085-0210
Numéro de publication IRSST
RA-019
Citation recommandée
Toulouse, G. et Chicoine, D. (1989). Travail en hauteur et sécurité dans le coffrage conventionnel : étude des situations de coffrage de murs et de coffrages de dalles avec échafaudages portants (Rapport n° RA-019). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/869
