Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
1989
Langue
Français
Résumé
Cette étude répond à des attentes manifestées dans le secteur des scieries en vue d'obtenir un portrait aussi étoffé que possible des risques d'accidents encourus dans divers types d'entreprises et de recevoir des suggestions relatives à la prévention de ces risques.
À ces fins, une étude comparative de la fréquence, de la gravité et des caractéristiques des accidents selon divers modes d'organisation de la production a été entreprise à l'automne 1987. Elle avait pour but: 1) d'identifier les situations d'accidents les plus typiques du secteur; 2) de préciser dans quels types d'entreprises et dans quelles phases du processus de fabrication du bois d'œuvre ces situations d'accidents étaient les plus fréquentes; 3) de formuler des recommandations concernant l'organisation de la production et du travail, pour que des stratégies et moyens de prévention puissent être mis de l'avant et implantés dans le milieu, à court, à moyen et à long termes.
Conçue à des fins pilotes, l'étude a été conduite dans un nombre restreint d'entreprises qui ont accepté d'y participer sur une base volontaire. Chaque entreprise a été visitée et a fait l'objet d'observations sur les lieux de travail par des ingénieurs de l'équipe de sécurité-ingénierie de I'IRSST. De plus, tous les accidents enregistrés entre janvier 1986 et le moment de la visite d'usine, à 1'automne 1987, ont été analysés et codifiés au programme organisation de travail de 1'IRSST. Une soixantaine de variables ont été créées pour décrire chaque accident en fonction des aspects suivants: 1) moment et lieu d'occurrence; 2) travailleur lésé; 3) activité de travail en cours au moment de l'accident; 4) contraintes d'exécution du travail rencontrées; 5) genre d'accidents; 6) blessure subie; 7) recommandations formulées pour la prévention de l'accident. Un total de 1 241 accidents ont été ainsi décrits. De plus, les renseignements produits par chaque entreprise permettent de relativiser la distribution des accidents, en tenant compte du nombre de travailleurs exposés, du nombre de machines employées, du volume annuel de production, ou de la durée quotidienne des opérations.
Il a été observé que la fréquence des accidents (taux d'incidence) et leur gravité (taux annuel d'absence par travailleur) sont à leur plus bas dans les entreprises dont la capacité de production est moyenne, c'est-à-dire là où le rapport du nombre de travailleurs sur le nombre de machines est modéré et où le nombre de machines est inférieur à 50. Ces indicateurs sont plus élevés dans les entreprises de faible capacité de production, là où un nombre élevé d'employés est requis par machine et où le nombre de machines demeure bas. Ils sont à leur plus haut niveau dans les grandes entreprises, moins consommatrices de main-d’œuvre mais possédant beaucoup de machines. Il est aussi ressorti que le type de bois produit dans une entreprise peut être un facteur d'accroissement du risque d'accidents. La production de bois de dimensions variables s'avère en effet un type de production relativement plus à risque que celle de bois de dimension homogène (8 pieds).
Par ailleurs, c'est au sciage, toutes entreprises confondues, que les risques d'accidents sont les plus importants, en fréquence. Les accidents sont proportionnellement plus nombreux dans cette phase de production qu'ils ne le sont à l'entrée des billes, lors de leur préparation, au classage et à l'empilage des planches, ou encore au rabotage. Les machines les plus à risque (fréquence des accidents) sont les déchiqueteuses, les refendeuses et les tronçonneuses, suivies des écorceuses et des ébouteuses. Toutefois, la gravité relative des accidents varie peu d'une machine à une autre ou d'une phase de production à une autre.
Nos résultats indiquent par ailleurs que les activités de travail les plus fréquemment associées aux accidents sont les tâches immédiates de production réalisées tout au long du processus de fabrication du bois d'œuvre. Elles sont suivies des interventions réalisées par les travailleurs (opérateurs de machinerie et journaliers) pour débloquer les billes et planches (sur les convoyeurs, démêleurs et machines de transformation); des travaux d'entretien et de réparation de la machinerie et des équipements (dans l'usine ou dans les ateliers); puis de ceux qui sont effectués pour l'entretien des lieux.
L'analyse simultanée de l'ensemble des descripteurs d'accidents a par ailleurs permis de distinguer plusieurs situations types d'accidents. Certaines ont été associées à des activités de travail bien précises, réalisées à des postes (machines) ou phases de production très spécifiques. D'autres se distinguent plus particulièrement en regard du genre d'accidents et du siège de lésion conséquemment atteint; elles peuvent se produire à divers endroits et non exclusivement dans l'usine de sciage ou de rabotage. Les résultats fournis identifient de plus des circonstances d'accidents communes à l'ensemble des entreprises et précisent les moyens et mesures pouvant contribuer à leur prévention. Le cas échéant, des recommandations sont aussi identifiées pour la prévention d'accidents qui sont plus spécifiquement reliés à des groupes d'entreprises particuliers. Plusieurs de ces recommandations s'adressent à l'organisation technique de la production, qu'il s'agisse de la conception des machines ou des espaces de travail ou encore de la fourniture et de l'entretien d'outils et équipements adaptés aux tâches effectuées par les travailleurs des scieries.
Cette étude met clairement en évidence le fait que les risques d'accidents ne sont pas aléatoirement distribués dans les entreprises du sciage. Les résultats obtenus indiquent notamment qu'il semble y avoir un seuil, dans le rapport entre le nombre de travailleurs et le nombre de machines, au-delà duquel les risques à la sécurité du travail augmentent, soit parce que beaucoup de main-d’œuvre est requise pour assurer le fonctionnement adéquat du processus et de la machinerie en place, soit parce que cette main-d’œuvre est insuffisante et que la capacité de production est élevée.
Au terme de cette étude, il nous semble être parvenues à une définition à la fois plus précise et plus exhaustive des risques à la sécurité rencontrés dans le secteur des scieries, qu'il s'agisse de leur fréquence et de leur gravité relative ou encore des circonstances dans lesquelles ils surviennent. Les résultats produits fournissent de surcroît un matériel qui pourra servir, au sein des entreprises, à l'élaboration de programmes dans lesquels la prévention des accidents pourra être envisagée de plusieurs points de vue, à plus ou moins brève échéance. Il est à souhaiter que cette programmation mette à contribution ces connaissances nouvelles de même que l'expertise et le savoir qui existent déjà sur les lieux même de travail et que possèdent ceux qui effectuent ou supervisent ce travail.
Mots-clés
Organisation du travail, Work organisation, Scierie, Sawmilling industry, Analyse des causes d'accident, Analysis of accident causes, Suggestion de prévention, Safety suggestion, Aspect statistique des accidents du travail, Statistical aspect of occupational accidents
Numéro de projet IRSST
0088-0360
Numéro de publication IRSST
RA-026
Citation recommandée
Cloutier, E. et Laflamme, L. (1989). Organisation de la production et accidents du travail en scierie : étude comparée d'entreprises et de phases de production (Rapport n° RA-026). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/871
