Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

1987

Langue

Français

Résumé

Ce projet de recherche porte sur la sécurité du travail des monteurs de lignes de l'industrie de la construction, occupation à risque élevé d'accidents, fréquents ou graves. Il a été initié afin de répondre deux objectifs: 1) établir une liste aussi exhaustive que possible des moyens de prévenir les situations d'accidents auxquelles sont le plus fréquemment confrontés les monteurs, conformément aux besoins et attentes du milieu; 2) valider une démarche de recherche bipartite, reposant sur le recrutement limité d'intervenants-clés en prévention, et utilisée pour identifier et prioriser les moyens de prévention attendus dans un milieu de travail donné.

Basée sur l'étude rétrospective de 236 accidents du travail survenus dans 3 grandes entreprises du secteur, la première des trois phases du projet a conduit à l'identification de 9 situations types d'accidents: les lésions aux yeux; 2) les accidents liés à des postures de travail hauteur instables ou inconfortables; 3) les chutes se produisant dans autour des camions; 4) les chutes depuis un poteau; 5) les chutes associées aux renversements de nacelles; 6) les heurts et coincements; 7) les lésions occasionnées par la manipulation d'objets lourds; 8) les lésions causées par la chute d'outils ou de pièces métalliques; 9) les accidents se produisant lors de travaux aux abords des rues et routes. Ces 9 situations d'accidents ont été validées par des gens du milieu et des représentants des entreprises concernées.

La seconde phase a été réalisée grâce à la participation de 19 intervenants patronaux et syndicaux connus pour leur contribution en matière de santé-sécurité du travail des monteurs de lignes. A partir des opinions exprimées par ce groupe de référence, une liste de moyens de prévention associables à chacune des 9 situations d'accidents a été dressée: un total de 71 moyens de prévention a été relevé au cours d'une plénière. En phase 2 toujours, à l'aide d'un questionnaire complété individuellement par chaque membre du groupe de référence, nous avons apprécié le degré de consensus entre les parties sur l'importance relative de chacun de ces moyens, en relation avec chaque situation d'accidents à prévenir.

Un groupe de validation est intervenu en phase 3. Il est composé de monteurs de lignes d'expérience et de gestionnaires d'entreprises du secteur occupant des postes décisionnels dans l'organisation et la gestion du travail. Les 20 monteurs de lignes et 12 représentants d'entreprises qui le composent ont complété le questionnaire passé au groupe de référence. Les opinions de chacun de ces deux groupes ont été comparées.

Les analyses de variance effectuées à cet effet indiquent d'abord que le groupe de référence constitue une source d'information fiable lorsqu'interrogé sur les moyens de prévention. Nos résultats illustrent qu'une part considérable de ses suggestions et de ses priorités est endossée par le groupe de validation. En fait, sur au moins 60 des 71 moyens de prévention répertoriés, on observe un consensus élevé tant entre les parties patronales et syndicales qu'entre le groupe de référence et le groupe de validation.

Lorsqu'il s'en trouve, la source d'explication la plus hautement significative de la variation dans la cotation des moyens de prévention est le groupe auquel appartient un répondant, patronal ou syndical. Cela s'explique d'abord et avant tout par le fait que les cotations moyennes syndicales sont assez systématiquement plus élevées que les cotations moyennes patronales, dans le groupe de référence comme dans le groupe de validation, quelle que soit la situation d'accidents considérée. Il ne s'agit donc pas ici de désaccords entre les parties sur les moyens de prévention mais de différences dans l'expression de leur consentement: la partie syndicale se montre globalement plus insistante, et la partie patronale, plus réservée.

Certains contrastes significatifs ressortent toutefois selon le type de moyens sur lesquels les répondants ont à se positionner, d'une situation d'accidents à l'autre. La correction et 1'ajustement de méthodes de travail est le type de moyen le plus important en nombre (plus du tiers des moyens) et aussi celui pour lequel le consensus est le meilleur. Un assez haut degré de consensus se manifeste aussi en ce qui a trait auх obligations relatives à la formation et à l'information des travailleurs et des contremaitres ainsi qu'aux ajouts et ajustements proposés à la réglementation. Par contre, les moyens de prévention relatifs au matériel et à l'équipement de travail, surtout lorsqu'il s'agit d'y apporter des modifications (nacelles et camions notamment), mais aussi lorsqu'il est question d'en obliger la fourniture et l'entretien, sont des moyens dont la mise en application est compromise par des écarts d'opinions entre les parties. Ces écarts d'opinions sont présents dans le groupe de référence mais ils sont encore plus marqués dans le groupe de validation: les résistances patronales et les pressions syndicales s'y accentuent.

Il nous faut souligner que le groupe de validation dont les membres ont été recrutés sur une base volontaire, est peu représentatif des petits entrepreneurs. A notre avis, il se pourrait que les opinions de ces petits entrepreneurs soient encore plus modérées que celles des gros entrepreneurs, notamment dans le cas des moyens de prévention obligeant les employeurs à corriger, ajuster, fournir ou entretenir du matériel et de l'équipement de travail, la capacité de payer pouvant jouer sur l'expression de telles opinions.

Néanmoins, pour les intervenants du secteur soucieux de l'amélioration de la sécurité du travail des monteurs, les résultats issus de ce projet sont riches et diversifiés. Le fait d'avoir maintenu une étroite collaboration avec le milieu de travail tout au long de sa réalisation nous permet d'être confiants eu égard à la représentativité des situations types d'accidents décrites ainsi qu'à la validité de la liste des moyens établie pour en prévenir l'occurrence. De plus, parmi les moyens de prévention relevés, plus d'une cinquantaine peuvent déjà être pris en charge par le milieu de travail, à travers des politiques, règles et programmes de prévention adaptés aux besoins de chaque entreprise. En d'autres cas, les besoins en recherche et développement sont déjà identifiés et touchent un nombre relativement restreint d'équipements et outils de travail. Certes, l'utilité de ces résultats ne pourra être appréciée à sa juste valeur que lorsqu'ils seront mis en application sur le terrain et que l'on en aura mesuré l'impact sur la réduction du risque d'accidents et, plus globalement, sur l'amélioration de la sécurité du travail. Nous espérons vivement que cela se fera bientôt.

Mots-clés

Bâtiment et travaux publics, Construction industry, Montage d'installations, Erection and assembly work, Travail sur les installations électriques, Work on electrical equipment, Travaux de construction, Construction work, Analyse par comparaison, Comparative analysis, Esprit de sécurité, Safety consciousness, Organisation de la prévention, Safety and health organisation, Recommandation, directive, Classe d'accidents, Type of accidents, Point de concentration des accidents, Accident black spot, Analyse des causes d'accident, Analysis of accident causes, Réglementation, Regulation

Numéro de projet IRSST

0085-0240

Numéro de publication IRSST

RA-012

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