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Année de publication

2017

Langue

Français

Résumé

Cette étude s’inscrit dans un processus d’exploitation des données statistiques de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), conjointement avec les données du recensement (remplacé en 2011 par l’Enquête nationale auprès des ménages [ENM]), processus qui a débuté il y a plus de 30 ans à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). Elle permet notamment d’identifier des groupes de travailleurs et des industries-catégories professionnelles dont les problèmes de SST sont les plus importants, ce qui constitue une information précieuse pour la planification de la recherche et de la prévention.

Ce rapport présente, pour la période 2010-2012, des indicateurs de risque (taux de fréquence calculer avec des effectifs de travailleurs en équivalent temps complet [ETC]), de gravité (durée moyenne d’indemnisation, atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique [APIPP]), de risque-gravité (taux de fréquence-gravité ETC) et de coût des lésions professionnelles acceptées et de celles avec perte de temps indemnisée (PTI). Les caractéristiques descriptives des lésions sont aussi présentées.

Les indicateurs ont été calculés sur la base des heures travaillées converties en nombre d’employés en ETC ( 1 ETC correspond à 2 000 heures travaillées) plutôt que sur la base des effectifs en nombre d’individus. L’utilisation des effectifs en ETC vise à tenir compte de l’importance du travail atypique, en particulier du travail à temps partiel ou occasionnel, et des différences qui existent selon l’âge et le sexe. Des indicateurs distincts pour les jeunes (15-24 ans), les travailleurs de 55 ans ou plus, les maladies professionnelles et les industries cibles sont également présentés. Par ailleurs, des tableaux de classement des industries-catégories professionnelles pour l’ensemble des travailleurs, selon le sexe et le groupe d’âge, sont présentés dans le deuxième document de cette étude : « II – Tableaux de classement par industrie-catégorie professionnelle ».

Au cours de la période 2005-2007 à 2010-2012, le nombre annuel moyen de lésions professionnelles indemnisées par la CNESST a poursuivi la diminution amorcée depuis la fin des années 1980. D’ailleurs, cette baisse est observée jusqu’en 2013, dernière année pour laquelle des statistiques compilées étaient disponibles au moment de l’étude. Cette tendance n’est toutefois pas spécifique au Québec puisqu’on la retrouve aussi dans l’ensemble du Canada.

Les travailleurs manuels des activités de soutien à l’agriculture et à la foresterie, des entrepreneurs spécialisés de la construction, et ceux des mines et carrières continuent d’être parmi les regroupements de travailleurs ayant les taux de fréquence-gravité ETC les plus élevés. Toutefois, avec des taux du même ordre de grandeur, des secteurs d’activité économique des services ressortent aussi. Par exemple, les travailleurs manuels des grossistes-distribueurs de produits pétroliers, ceux de la gestion des déchets et de l’assainissement, des services d’hébergement, des magasins d’appareils électroniques et ménagers et ceux des établissements de soins infirmiers, pour n’en nommer que quelques-uns. Ainsi, certaines industries moins fréquemment ciblées se démarquent uniquement lorsque l’indicateur est produit en tenant compte de l’industrie et de la catégorie professionnelle. Le classement des professions selon la catégorie professionnelle est essentiellement basé sur l’effort physique déployé par le travailleur. Il y a trois catégories professionnelles : les professions manuelles, les non-manuelles et, une catégorie intermédiaire, les professions mixtes.

En 2010-2012, on compte annuellement, en moyenne, plus de 92 400 lésions acceptées par la CNESST, dont près de 69 000 lésions avec perte de temps indemnisée. Tant chez les hommes que chez les femmes, les travailleurs qui occupent des professions manuelles ont un taux de fréquence des lésions (6,4 par 100 travailleurs ETC) beaucoup plus élevé que les travailleurs qui occupent des professions non manuelles (0,6 %) ou mixtes (2,6 %). Par ailleurs, plus de 66 % des lésions professionnelles avec PTI surviennent à des hommes. Cette situation est en bonne partie attribuable au fait que les hommes se retrouvent en plus grande proportion que les femmes dans des professions à risque.

Malgré que, toutes professions confondues, ce soit les hommes qui ont un taux de fréquence-gravité des lésions professionnelles plus élevé, les femmes ont un taux plus élevé que les hommes pour chaque catégorie professionnelle. Il en ressort que le taux global plus élevé des hommes tiennent en grande partie au fait que les hommes et les femmes ne se répartissent pas également entre les professions, plutôt qu’à un risque plus élevé de lésion professionnelle chez les hommes. Par ailleurs, la distribution des lésions selon leurs caractéristiques (siège et nature, genre d’accident et agent causal) présente des différences entre les femmes et les hommes.

Les analyses différenciées selon le groupe d’âge indiquent que, pour la période 2010-2012, la situation des jeunes se distingue par un taux de fréquence en ETC passablement plus élevé que la moyenne, toutes professions confondues. Toutefois, les écarts sont pratiquement inexistants et peuvent même s’inverser lorsqu’on tient compte de la catégorie professionnelle. Cela s’explique, en grande partie, par le fait que les travailleurs manuels et mixtes occupent une place beaucoup plus importante chez les 15-24 ans. Par ailleurs, ce qui distingue le plus les travailleurs âgés de 55 ans ou plus des jeunes, ce sont leurs indicateurs de gravité qui sont plus élevés. L’étude met également en lumière certaines différences en ce qui a trait aux descripteurs de lésions professionnelles selon l’âge (siège, nature, genre d’accident, agent causal).

Les maladies professionnelles représentent environ 6 % des lésions professionnelles acceptées au cours des années 2010-2012, soit, en moyenne, près de 5 800 nouveaux cas par année. Moins nombreuses que les accidents du travail, elles ont toutefois des conséquences plus graves, en moyenne. Ainsi, près de 69 % des employés ayant eu une maladie professionnelle ont une atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP) et la durée moyenne d’indemnisation des cas ayant entraîné une absence du travail est importante. Globalement, le taux de fréquence des maladies professionnelles est plus élevé chez les travailleurs masculins manuels, parfois mixtes, des industries primaires et de la fabrication. L’écart entre les hommes et les femmes est en grande partie attribuable à la situation des travailleurs âgés de 55 ans ou plus. Les troubles de l’oreille (qui touchent davantage les hommes) et les troubles musculosquelettiques (qui touchent davantage les femmes) comptent respectivement pour près de 79 % et plus de 12% des maladies professionnelles acceptées, soit plus de 9 maladies professionnelles sur 10 au total. Depuis 2005-2007, le nombre de maladies professionnelles a augmenté tandis que le nombre d’accidents du travail a diminué.

Le coût des lésions professionnelles, tel qu’estimé dans la présente étude, constitue une mesure globale de l’impact des lésions professionnelles, en considérant à la fois les coûts financier et humain assumés par les employeurs, les travailleurs et la collectivité. Il synthétise l’effet mesuré par plusieurs indicateurs en un seul. Le coût des lésions professionnelles acceptées survenues au cours d’une année est estimé à 4,84 milliards de dollars ($ de 2011), en moyenne, pour la période 2010-2012. Le coût moyen d’une lésion professionnelle s’élève à 52 400 $. Le coût moyen d’une maladie professionnelle (211 600 $) est environ 5 fois supérieur à celui d’un accident (41 800 $). L’exposition au bruit (188 100 $) et les accidents de transport (130 600 $) sont les genres d’accident ou d’exposition qui engendrent les coûts moyens par lésion les plus élevés. L’exposition au bruit (777 M$) ainsi que les chutes au niveau inférieur et sauts (397 M$) sont les genres d’accidents ou d’exposition qui occasionnent le plus de coûts par année.

Le chapitre 9 présente les industries-catégories professionnelles qui se situent en tête de liste pour les principaux indicateurs produits. Il appert que les 14 industries-catégories professionnelles ayant les taux de fréquence-gravité ETC des lésions avec PTI les plus élevés représentent près de 8 % de la main-d'œuvre, mais 24 % des lésions avec PTI. Il y en a 6 pour lesquelles les coûts par employé ETC demeurent parmi les plus élevés. Ces indicateurs ont donc toute leur pertinence pour identifier les regroupements de travailleurs les plus affectés par les lésions professionnelles indemnisées par la CNESST.

Note

Ce rapport a une annexe, RA-963.

Abstract

This study is part of a process of exploitation of statistical data from the Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), and census data (replaced by the National Household Survey (NHS) in 2011), a process that began over 30 years ago at the Institut de recherché Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST). It makes it possible to identify groups of workers and industries-occupational categories with the greatest problems in terms of OHS, and provides valuable information for planning research and prevention activities.

This report presents risk indicators for the 2010–2012 period (frequency rate calculated with numbers of full-time equivalent (FTE) workers), severity indicators (average duration of compensation, permanent physical or mental impairment (PPMI)), risk-severity indicators (FTE frequency-severity rate), and indicators for the cost of workplace injuries (including illness) that are accepted and those with compensated time loss. The descriptive characteristics of the injuries are also presented.

The indicators were calculated based on the hours worked, converted into numbers of FTE employees (1 FTE corresponds to 2000 hours worked), instead of being based on workforce in terms of numbers of individuals. FTE employees are used to take into account the significance of atypical work, in particular part-time or casual work, and differences according to age and gender. Distinct indicators for youth (15 to 24 years old), workers aged 55 and over, occupational diseases and targeted industries are also presented. Moreover, classification tables of industries-occupational categories for all workers, according to gender and age group, are presented in the second document of this study: “II – Tableaux de classement par industrie-catégorie professionnelle” (classification table by industry-occupational group).

Over the period 2005–2007 to 2010–2012, the average annual numbers of workplace injuries compensated by the CNESST continued the downward trend that had begun at the end of the 1980s. The decline was observed until 2013, the last year for which compiled statistics were available at the time of the study. This trend is not restricted to Québec, as it is also found everywhere else in Canada.

Manual workers in support activities for agriculture and forestry, specialty trade construction contractors, and those working in mines and quarries, continue to be among the groups of workers with the highest FTE frequency-severity rates. However, the economic activity sectors of services also stand out, with similar rates. Examples of these include manual workers in petroleum and petroleum products merchant wholesalers, waste management and remediation services, accommodation services, electronics and appliances stores and ambulatory health, nursing and residential care facilities. Thus, some industries that are targeted less often stand out only when the indicator is produced by taking into account the industry and the occupational category. The classification of occupations according to occupational category is primarily based on the physical effort required of the worker. There are three occupational categories: manual, non-manual and an intermediate mixed category.

In the period from 2010 to the end of 2012, on average, more than 92,400 injuries were accepted annually by the CNESST, of which almost 69,000 injuries had time-loss compensation. Among both men and women, workers in manual occupations had a much higher rate of injury (6.4 per 100 FTE workers) than workers in non-manual (0.6%) or mixed occupations (2.6%). As well, men sustain more than 66% of workplace injuries with time-loss compensation. This situation is mainly due to the fact that men are found in higher proportions than women in high-risk occupations.

Despite the fact that, for all occupations combined, men have the highest workplace injury frequency-severity rate, the rate is higher for women than men for each occupational category. The higher overall rate among men is mainly due to men and women not being equally distributed throughout the labour force, and not because men incur a higher level of risk of occupational injury. Furthermore, there are some differences in statistical distribution of the injuries by descriptor (injury site, nature, type of accident, causal agent) between men and women.

Differentiated analyses according to age group show that, for the 2010–2012 period, the situation of youth was different, in that their FTE rate was significantly higher than the mean, across all occupations. However, the differences between youth and other age groups are almost inexistent and can even reverse when the occupational category is taken into account. To a large extent, this can be explained by the fact that 15 to 24-year-olds are much more present in manual and mixed occupations. However, severity indicators are higher among workers aged 55 or more than among youth. The study also highlights differences regarding workplace injury descriptors according to age (injury site, nature, type of accident, causal agent).

Occupational diseases represented approximately 6% of the workplace injuries accepted in the 2010–2012 period, i.e., on average, almost 5800 new cases per year. Although they occur less often than workplace accidents, their consequences, on average, are more serious. Thus, almost 69% of employees who had an occupational disease had permanent physical or mental impairment (PPMI), and the average duration of compensation of cases that resulted in absence from work was considerable. Overall, the frequency rate of occupational diseases is higher among male manual and, sometimes, mixed manual workers, in primary industries and manufacturing. The gap between men and women is mainly due to the situation of workers aged 55 and over. Hearing disorders (which affect men more) and musculoskeletal disorders (which affect women more) make up almost 79% and over 12%, respectively, of the accepted occupational diseases, i.e., more than 9 occupational diseases out of 10, in total. Since 2005–2007, the numbers of occupational diseases has increased while the number of workplace accidents has decreased.

The cost of workplace injuries, as estimated in this study, constitutes a comprehensive measure of their impact, as it reflects both the financial and human costs assumed by employers, workers and society. It synthesizes the effect measured by several indicators into a single one. The cost of accepted workplace injuries that occurred over one year is estimated at $4.84 billion (in 2011 dollars), on average, for the 2010–2012 period. The average cost of a workplace injury is $52,400. The average cost of an occupational disease ($211,600) is about five times higher than that of an accident ($41,800). Exposure to noise ($188,100) and transportation accidents ($130,600) are the types of accident or exposure that lead to the highest average cost per injury. Exposure to noise ($777 million) and falls from heights and jumping down ($397 million) are the types of accidents or exposure that result in the highest costs per year.

Chapter 9 presents the industries and occupational categories that are at the top of the list for the principle indicators produced. Fourteen industries and occupational categories with the highest rates of FTE frequency-severity rates of injuries with time-loss compensation represent slightly less than 8% of the labour force, but 24% of injuries with time-loss compensation. Among them, six have among the highest FTE costs per employee. These indicators are therefore very relevant for identifying the groups of workers most affected by the workplace injuries compensated by the CNESST.

Note

This report has an appendix, RA-963.

ISBN

9782896319251

Mots-clés

Réparation-accidents et maladies, Work compensation, Aspect économique-accidents et maladies, Economical aspect-accidents and diseases, Lésion corporelle, Injury, Différence liée à l'âge, Age difference, Différence liée au sexe, Sex difference, Taux de fréquence, Frequency rate, Taux de gravité, Severity rate, Analyse des données, Data analysis, Québec

Numéro de projet IRSST

2013-0025

Numéro de publication IRSST

R-963

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