Type de document
Portraits statistiques
Année de publication
2014
Langue
Anglais
Résumé
Comme dans la majorité des pays industrialisés, le cancer constitue la première cause de décès au Québec : en 2013, on estime à 20 200 le nombre de décès par cancer et à 48 700 le nombre de nouveaux diagnostics de cancer.
La cancérogénèse est un processus multifactoriel et complexe, qui débute plusieurs années avant que le cancer n’apparaisse cliniquement. Un cancer est considéré d’origine professionnelle lorsqu’il résulte de l’exposition, en milieu de travail, à un agent chimique, physique ou biologique, ou encore de conditions inhérentes à une activité de travail. Il s’agit d’un cancer qui ne se serait probablement pas produit si la personne n’avait pas exercé ce travail. Plusieurs études ont estimé que de 2 à 8 % de l’ensemble des cancers seraient attribuables au travail, selon les pays et le nombre de sièges et de types de cancer considérés. Cependant, pour certains sièges ou types de cancer, la proportion attribuable au travail est beaucoup plus élevée, allant par exemple jusqu’à plus de 90 % pour le mésothéliome de la plèvre chez les hommes. Afin de prioriser les besoins en recherche et en prévention, il faut d’abord connaître l’ampleur du problème et ce rapport présente, dans ce but, une estimation du nombre des cancers d’origine professionnelle chez les travailleurs québécois.
L’importance du nombre de ces cancers a été estimée de deux façons complémentaires : d’abord à l’aide des données québécoises d’indemnisation pour cancer d’origine professionnelle et en utilisant des proportions publiées de cancers attribuables au travail. Ces deux sources de données comportent certaines limites, mais ont l’avantage d’être rapidement disponibles et de permettre l’ordonnancement des cancers à des fins de priorisation de recherche et pour guider les actions de prévention.
Selon les statistiques d’indemnisation pour cancer de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), au Québec, moins de 100 travailleurs ont été indemnisés par année entre 2005 et 2007 pour un nouveau diagnostic de cancer lié au travail. Parmi les dossiers ouverts entre 1997 et 2005, 362 décès par cancer ont été indemnisés, dont six chez des femmes (tous des mésothéliomes). Chez les hommes, plus de la moitié de ces cancers étaient des mésothéliomes, de la plèvre ou du péritoine, suivis par les cancers du poumon. La majorité des cancers indemnisés l’ont été pour des travailleurs de la fabrication, des mines et de la construction. En partie à cause des difficultés à prouver une relation causale et aussi de la longue période de latence entre l’exposition en milieu de travail et la survenue du cancer, il ressort que très peu de cancers font l’objet d’une indemnisation par la CSST.
La deuxième méthode utilisée pour estimer le nombre de cancers d’origine professionnelle consistait à appliquer des proportions de cancer attribuables au travail (publiées par des chercheurs provenant de pays relativement comparables au Québec, soit la Finlande et la Grande-Bretagne) au nombre total de décès par cancer et de nouveaux cas de cancer diagnostiqués annuellement au Québec. Cette méthode a permis d’estimer que 6 % (entre 5 et 8 %) de tous les nouveaux cancers pourraient être causés par le travail (8 à 13 % chez les Québécois et 2 à 3 % chez les Québécoises), pour un total de 1 800 à 3 000 nouveaux cancers annuellement entre 2002 et 2006. Les cancers d’origine professionnelle touchant le plus de Québécois seraient ceux de la trachée, des bronches et des poumons, de la prostate, de la peau (excluant le mélanome) et de la vessie de même que le mésothéliome, le cancer du côlon et les lymphomes non hodgkiniens. Les cancers touchant le plus de Québécoises seraient ceux du sein et de la trachée, des bronches et des poumons. Il a aussi été estimé que 8 % (entre 7 et 11 %) de tous les décès par cancer (11 à 17 % chez les hommes et 2 à 4 % chez les femmes) seraient associés au travail, soit de 1 110 à 1 700 décès par cancer annuellement entre 2002 et 2006. Les décès par cancer seraient les plus fréquents pour le cancer de la trachée, des bronches et des poumons pour les deux sexes et ensuite pour le mésothéliome, le côlon et la prostate chez les hommes et le cancer du sein chez les femmes.
Les chiffres présentés plus haut mettent en évidence l’importance, sous-estimée, du fardeau des cancers d’origine professionnelle au Québec. Nous n’avons pas tenté de chiffrer l’impact socio-économique de ces maladies. Cet exercice a été effectué en Alberta, avec les données de cancer de 2006 et les coûts de 2008. Les chercheurs ont estimé que, pour 761 nouveaux cas annuels de cancer liés au travail et 2 700 personnes vivant avec un cancer d’origine professionnelle, chaque année 15,7 millions de dollars étaient dépensés en coûts médicaux directs et 64,1 millions de dollars en coûts socio-économiques indirects. Le constat ne peut être moins élevé au Québec où l’estimation est de 1 800 à 3 000 nouveaux cas de cancer liés au travail par année.
La longue latence entre l’exposition à un cancérogène et la survenue des cancers signifie que les cancers observés maintenant sont le résultat d’expositions datant de 10 à 50 ans. Cependant, les travailleurs québécois continuent d’être exposés à des cancérogènes et il faut agir maintenant pour influencer l’état de santé qu’ils auront au cours des prochaines décennies.
Abstract
As in most industrialized societies, cancer is the leading cause of death in Quebec: in 2013, it is estimated that 20,200 people will die of cancer and that 48,700 new cases will be diagnosed.
Carcinogenesis is a complex, multifactorial process that begins many years before clinical symptoms of cancer appear. Cancer is considered to be occupational in origin when it results from workplace exposure to a chemical, physical or biological agent, or from conditions inherent in a work activity. The disease would probably not have developed if the person had not done that job. A number of studies have estimated that from 2% to 8% of all cases of cancer are attributable to work, depending on the country and the number of cancer sites and types considered. However, for some sites or types, the proportion of cases attributable to work is far higher: occupation is thought to account, for instance, for over 90% of all cases of pleural mesothelioma in men. To be able to prioritize research and prevention needs, an accurate picture of the extent of the problem is needed. The purpose of this report is therefore to present an estimate of the number of cases of occupational cancer among Quebec workers.
The number of cases of workplace cancer was estimated by means of two complementary methods: first, using Quebec workers’ compensation data for cases of occupational cancer and, second, based on the published percentages for forms of cancer attributable to work. While these two data sources have certain limitations, they offer the advantage of being readily available and allowing forms of cancer to be classified for the purposes of setting research priorities and guiding prevention initiatives.
According to cancer compensation data from the Commission de la santé et de la sécurité du travail (workers’ compensation board, or CSST), in Quebec, fewer than 100 workers were compensated annually between 2005 and 2007 for a new diagnosis of work-related cancer. In 362 of the files opened between 1997 and 2005, compensation was paid out to people who died of cancer, including six women (all from mesothelioma). For men, over half of cases were mesothelioma, of the pleura or the peritoneum, with the second leading cause being lung cancer. The majority of workers compensated had been employed in manufacturing, mining or construction. Owing in part to the difficulty of establishing a cause-and-effect relationship and also to the lengthy latency period between workplace exposure and development of the disease, compensation is paid out by the CSST in only a small number of cancer cases.
The second method used to estimate the number of cases of occupational cancer consisted in applying the percentages of cancer cases attributable to work (published by researchers in places fairly similar to Quebec, such as Finland or the United Kingdom) to the total number of deaths from cancer and the number of new cases of cancer diagnosed each year in Quebec. This method indicates that 6% (between 5% and 8%) of all new cases of cancer could be work-related (8% to 13% for Quebec men and 2% to 3% for Quebec women), for a total of 1,800 to 3,000 new cases of cancer annually between 2002 and 2006. The forms of occupational cancer that affect the greatest number of Quebecers are cancer of the trachea, bronchus and lungs, prostate, skin (excluding melanoma) and bladder, along with mesothelioma, cancer of the colon and non-Hodgkin's lymphomas. The most common forms of cancer for Quebec women are breast cancer and cancer of the trachea, bronchus and lungs. It has also been estimated that 8% (between 7% and 11%) of all cancer deaths (11% to 17% among men and 2% to 4% among women) are work-related, which would correspond to 1,110 to 1,700 deaths a year from cancer between 2002 and 2006. The most common forms of cancer that lead to death are cancer of the trachea, bronchus and lungs for both sexes, followed by mesothelioma, colon and prostate cancer among men, and breast cancer among women.
The above figures highlight the (underestimated) extent of the burden of occupational cancer in Quebec. We did not attempt to put a dollar figure on the socioeconomic impact of these diseases. An assessment of this kind was conducted in Alberta, however, using cancer data from 2006 and cost data from 2008. The researchers estimated that for 761 new cases of work-related cancer annually and 2,700 people living with some form of occupational cancer, $15.7 million was spent in direct medical costs and $64.1 million in indirect socioeconomic costs every year. The total burden must be at least as high in Quebec, where it is estimated that there are 1,800 to 3,000 new cases of work-related cancer annually.
The long latency period between exposure to a carcinogen and the appearance of cancer symptoms means that cases being seen now are the result of exposure from 10 to 50 years ago. Yet Quebec workers are still being exposed to carcinogens, and now is the time to act if we want to have an impact on their health in the coming decades.
ISBN
9782896317486
Mots-clés
Cancer, Maladie professionnelle, Occupational disease, Mortalité, Mortality, Siège de lésion, Location of injury, Profession, Occupation, Différence liée au sexe, Sex difference, Différence liée à l'âge, Age difference, Réparation des maladies professionnelles, Compensation of occupational diseases, Évaluation statistique, Statistical evaluation, Québec, Canada, Finlande, Finlande, Royaume-Uni, United Kingdom
Numéro de projet IRSST
2010-0007
Numéro de publication IRSST
R-836
Citation recommandée
Labrèche, F., Duguay, P., Boucher, A. et Arcand, R. (2014). Estimating the number of cases of occupational cancer in Quebec (Rapport n° R-836). IRSST.