Type de document

Portraits statistiques

Année de publication

2006

Langue

Français

Résumé

L’exposition aux vibrations générées par l’opération d’outils vibrants représente un problème de santé qui n’a pas été largement documenté au Québec. Cette exposition est reliée à la survenue du syndrome des vibrations main-bras (« HAVS » ou « hand-arm vibration syndrome »). Ce syndrome comporte trois composantes, dont l’atteinte vasculaire (i.e. syndrome de Raynaud) est la mieux connue.

Le présent rapport vise à documenter l’importance et les caractéristiques des lésions liées aux vibrations au Québec à partir des données informatisées de la CSST. Un autre rapport, la partie II du projet, est aussi produit à partir des informations détaillées extraites des « dossiers papiers » des réclamations, mais uniquement pour les cas de syndrome de Raynaud.

Dans la présente étude, nous distinguons deux catégories de lésions liées aux vibrations : le syndrome de Raynaud et les autres natures. Cette dernière catégorie est composée de lésions aux membres supérieurs dont le genre d’accident est « frottement, abrasion ou secousse par vibration ».

De 1993 à 2002, il y a eu en moyenne, par année, près de 30 cas de syndrome de Raynaud et environ 20 cas de la catégorie autres natures indemnisés par la CSST. La catégorie autres natures est principalement constituée de cas de syndrome du canal carpien et de cas de tendinites.

Syndrome de Raynaud

À eux seuls, les cas de syndrome de Raynaud représentent moins de 1 % des maladies professionnelles indemnisées par la CSST. Par ailleurs, il faut savoir que les maladies professionnelles constituent moins de 4 % des lésions indemnisées. Les autres lésions professionnelles (96 %) surviennent suite à un accident du travail.

Malgré que les lésions liées aux vibrations comptent un nombre relativement petit de cas, ceux-ci occasionnent des débours de la CSST de plus d’un million de dollars par année uniquement pour les cas de syndrome de Raynaud. Ceci correspond à un débours moyen par lésion de plus de 35 000 $, soit huit fois plus que pour la moyenne des lésions indemnisées et 4,4 fois plus que pour la moyenne des maladies professionnelles indemnisées.

Concernant le syndrome de Raynaud, 98 % des personnes indemnisées sont des hommes et la moitié de ceux-ci sont âgés de 51 ans ou plus, l’âge moyen étant de 49,3 ans.

À elle seule, la région de l’Abitibi-Témiscamingue compte plus de la moitié des cas indemnisés pour le syndrome de Raynaud, soit 162 cas en 10 ans. La seconde région en importance, le Saguenay-Lac-St-Jean, compte 48 cas indemnisés en 10 ans, soit 16 % des cas.

Plus de la moitié de ces cas indemnisés concernent des travailleurs des mines ou des services miniers et environ 10 % des travailleurs de l’exploitation forestière. Ce sont les professions de mineurs, carriers, foreurs de puits et travailleurs assimilés ainsi que de travailleurs forestiers et bûcherons qui sont les plus concernées par le syndrome de Raynaud.

Les cas indemnisés de syndrome de Raynaud sont principalement liés au genre d’accident Frottement, abrasion ou secousse par vibration (52 %) ou aux mouvements répétitifs (23 %).

Dans la moitié des cas, l’agent causal de la lésion codé est soit le travailleur lui-même (mouvement corporel ou posture du travailleur) ou des machines de construction, de mines ou des outillages forestiers.

Dans 82 % des cas, le syndrome de Raynaud produit une atteinte permanente à l’intégrité physique ou psychique (APIPP) du travailleur. Cette proportion est 8 fois plus élevée que pour l’ensemble des lésions indemnisées par la CSST, et plus du double de celle des maladies professionnelles. Par ailleurs, le taux moyen d’APIPP est ici de 7,7 %, ce qui est semblable au taux moyen au Québec.

Alors que dans près de 43 % des dossiers, il n’y a eu aucune journée d’arrêt de travail indemnisée par la CSST, la durée moyenne de la période d’indemnisation, incluant les cas sans arrêt de travail, a été de 421 jours, ce qui est huit fois plus que pour l’ensemble des lésions et quatre fois plus que pour l’ensemble des maladies professionnelles. Cette donnée est d’autant plus percutante qu’en raison de la période de maturité des données, les durées d’indemnisation sont sous-estimées, en particulier pour les cas de syndrome de Raynaud.

Dans plus d’un cas sur trois, la période d’indemnisation dépasse une année; c’est dix fois plus élevé que pour l’ensemble des lésions et cinq fois plus que pour l’ensemble des maladies professionnelles.

Autres natures de lésions liées aux vibrations

Le profil statistique des lésions de la catégorie autres natures est très différent de celui des syndrome de Raynaud. Cette catégorie de lésion regroupe surtout des syndromes du canal carpien, 54 % des cas, ainsi que des tendinites, 36 % des dossiers. Dans trois cas sur quatre, les cas de tendinite sont déclarés suite à un accident du travail; cette proportion est de 12 % pour les cas de syndrome du canal carpien.

Plus du quart des lésions de la catégorie autres natures surviennent à des travailleurs de la région Chaudière-Appalaches et 14,9 % à ceux de la région Bas St-Laurent.

En ne tenant compte que des dossiers indemnisés pour des cas de maladie professionnelle, il y a ici une plus grande diversité d’activités économiques que dans le cas des syndromes de Raynaud. Plus de la moitié des cas surviennent dans les industries du matériel de transport (17,9 %), les mines (19,4 %), l’exploitation forestière (10,4 %), et chez les entrepreneurs spécialisés de la construction (6,0 %).

Ce premier portrait statistique des lésions liées aux vibrations pointe vers des secteurs d’activité, des professions et des régions vers lesquels il faut orienter la prévention, ne serait-ce qu’en raison des conséquences importantes de ces lésions. Cette prévention sera d’autant plus utile que, dans le cas du syndrome de Raynaud, il s’agit d’une maladie réversible lorsqu’elle est détectée aux premiers stades de la maladie.

Mots-clés

Vibration, Outil vibrant, Vibrating tool, Exposition, Exposure, Réparation des maladies professionnelles, Compensation of occupational diseases, Syndrome de Raynaud, Raynaud's phenomenon, Syndrome du canal carpien, Carpal tunnel syndrome, Tendinite, Tendinitis, Mouvement répétitif, Repetitive movement, Main, Hand, Bras, Arm, Évaluation statistique, Statistical evaluation, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-3040

Numéro de publication IRSST

R-446

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