La prévention primaire des maux de dos dans le secteur de la construction : une recension des écrits
Type de document
États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature
Année de publication
1998
Langue
Français
Résumé
Le secteur de la construction possède des caractéristiques uniques dans l'industrie: des lieux de travail et un environnement en constante évolution, une main d'œuvre mobile, une majorité d'entreprises peu structurées, beaucoup de petits employeurs et de sous-traitants, une grande diversité des partenaires, des enjeux économiques complexes, tous ces aspects et d'autres font de la construction un secteur très particulier. Son profil de santé et sécurité du travail est aussi différent: on y enregistre le plus grand nombre de décès liés au travail dans l'ensemble des activités économiques, le nombre d'accidents est élevé et les maux de dos constituent une préoccupation grandissante, par leur gravité et leurs conséquences à long terme notamment.
Avant d'entreprendre une démarche d'intervention sur le terrain, la direction de la prévention-inspection de la CSST a souhaité faire faire le tour de la littérature scientifique sur la prévention primaire des maux de dos dans le but d'identifier les moyens de prévention disponibles ou utilisés dans d'autres pays industrialisés. Six corps de métier ont été ciblés: les ferrailleurs, les opérateurs de machinerie lourde, les charpentiers-menuisiers, les couvreurs, les monteurs de charpentes métalliques et les manœuvres. Devant la multiplicité des facteurs en jeu dans l'étiologie des maux de dos, le comité a limité l'étendue de cette recension à la prévention des risques biomécaniques ou physiques et des risques liés à la gestion ou à l'organisation du travail.
Cette recension des écrits a mis en évidence les lacunes des connaissances sur les méthodes de prévention primaire des maux de dos dans le secteur de la construction. Les analyses des risques encourus par les travailleurs sont plus nombreuses que celles présentant des solutions. Cependant, plusieurs écrits font état de moyens visant à augmenter la sécurité sur les chantiers de construction. Ces documents sont surtout le produit d'observations faites sur le terrain ou de réflexions sur la problématique du secteur, et en minorité le résultat d'études empiriques. Une recension des moyens de prévention primaire des maux de dos passait donc par l'inventaire des moyens de prévention des accidents.
Les moyens de prévention de l'ensemble des accidents qui sont envisagés pour le secteur de la construction appartiennent à deux domaines: la gestion et l'ingénierie. Les moyens de gestion ont pour objectif de réduire l'exposition des travailleurs aux divers facteurs de risque à travers une meilleure planification des travaux et de la sécurité. Ils sont applicables aux activités de gestion que l'on peut relier à chacune des étapes du développement d'un projet de construction, c'est-à-dire, la conception des plans, la planification des opérations, leur mise en marche et l'organisation des travaux sur le chantier. Quant aux moyens d'ingénierie, ils ont pour but l'innovation et la reconception des environnements de travail et des façons de travailler dans un optique largement ergonomique; ils se sont développés dans le cadre de la prévention des lésions du système musculosquelettique. Par définition, ils sont surtout techniques et reposent à la fois sur le développement des connaissances en ingénierie et en ergonomie.
Les principaux moyens de gestion recommandés pour réduire les accidents du travail dans l'industrie de la construction sont :
- la planification de la sécurité et son intégration dès les toutes premières étapes de la conception d'un projet. Celle-ci requiert en premier lieu l'engagement et le support de la direction d'un projet quant à la sécurité des travaux et des personnes; et à plus long terme, la sensibilisation et la mobilisation des différents acteurs engagés dans le processus et ayant un pouvoir de décision, depuis les manufacturiers, les architectes ou ingénieurs, les promoteurs, jusqu'aux contremaîtres et aux travailleurs;
- une gestion de qualité, laquelle a été associée à une réduction des accidents du travail comme des incidents et des défaillances de l'équipement ou de l'œuvre lui-même;
- une coordination des travaux qui veille à l'intégration de la sécurité dans les étapes préparatoires du projet comme durant son exécution et à l'harmonisation des mesures de sécurité des différents entrepreneurs et corps de métier présents simultanément sur un chantier;
- l'amélioration de la formation de tous, des architectes aux travailleurs, la révision des contenus des formations pour les ajuster aux réalités et contraintes des chantiers, la définition de priorités, notamment en ce qui a trait aux clientèles, les jeunes et les nouveaux sur un chantier étant les premières cibles.
À cause de leur nature même, les moyens d'ingénierie trouvés dans les écrits étaient plus spécifiques à la prévention des maux de dos qu'à celle de l'ensemble des accidents. Cette approche préventive repose sur certains principes comme: la nécessité d'aménager les espaces de travail de manière à ce que les travailleurs aient le moins possible de manutention et de mouvements de torsions et/ou flexions à faire; la réduction des efforts à fournir et du poids des charges à déplacer en recourant entre autres à la mécanisation; et le besoin d'innovation technique pour que les outils, équipements et matériaux soient plus légers, plus maniables, de dimensions réduites et vibrent moins.
L'application efficace des moyens d'ingénierie sur un chantier est en bonne partie liée à l'utilisation simultanée de moyens de gestion, plus précisément de mesures concrètes d'organisation du travail axées sur la planification raisonnée et sécuritaire de toutes les activités de manutention et sur l'allégement des aspects pénibles du travail en général.
On remarquera que quelques-uns des métiers ciblés (comme les manœuvres et les monteurs de charpentes métalliques) n'ont pratiquement pas fait l'objet d'études sur les moyens de prévenir les maux de dos professionnels. On sait que la fréquence et la gravité des maux de dos y sont élevés, mais on connaît mal comment le travail se fait et quels sont les risques qui y sont associés. Cela semble être le cas d'un bon nombre des métiers de la construction. Même si peu de recherches ont été menées sur la prévention des accidents, et surtout des maux de dos en relation avec divers corps de métiers de la construction, il faut reconnaître qu'il y a actuellement une prise de conscience quant au besoin de recherche dans ce secteur, notamment sur les méthodes de travail et sur l'organisation du travail.
Mots-clés
Maux de dos, Backache, Travaux de construction, Construction work, Organisation de la prévention, Safety and health organisation, Québec, Bibliographie, Bibliography, Technique de prévention, Safety and health engineering
Numéro de projet IRSST
0097-0320
Numéro de publication IRSST
R-190
Citation recommandée
Gervais, M. (1998). La prévention primaire des maux de dos dans le secteur de la construction : une recension des écrits (Rapport n° R-190). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/expertises-revues/121
