Type de document
États de la question, rapports d'expertise et revues de littérature
Année de publication
2015
Langue
Anglais
Résumé
L’arthrose est une maladie chronique caractérisée par une dégénérescence progressive du cartilage et de l’os sous-chondral, entraînant de la douleur, des limitations fonctionnelles et des incapacités à long terme. Les articulations portantes sont particulièrement vulnérables au développement de la maladie, mais l’arthrose du genou (AG) est plus susceptible de causer des incapacités fonctionnelles. Bien que la maladie soit principalement présente chez les personnes âgées de plus de 65 ans, l'Agence de santé publique du Canada estime que la prévalence de l’AG chez les personnes âgées de 55 à 64 ans sera de 66 % en 2026. Cet accroissement anticipé de la prévalence est fort préoccupant sachant que l’arthrose compte parmi les maladies chroniques les plus importantes en matière d’utilisation des services de santé. Les impacts négatifs de l’AG sur les plans sociaux et économiques sont multiples. Ces données soulignent l’importance de proposer une prise en charge plus efficiente de l’AG tout au long du continuum de soins et services (prévention-traitement-réadaptation).
Dans le courant actuel de la pratique basée sur les données probantes, les cliniciens et gestionnaires sont de plus en plus appelés à consulter les écrits scientifiques afin de proposer les meilleures interventions à leur clientèle. Or, cette maladie a donné lieu à un nombre considérable de publications découlant de domaines d’études variées. Cette abondance d’information fait en sorte qu’il devient difficile, pour les personnes impliquées dans les soins et services offerts aux personnes atteintes de s’y retrouver et d’en faire une utilisation efficace.
L’objectif général de ce projet était d’élaborer une synthèse des connaissances sur les facteurs de risque de l’AG, sur les outils d’évaluation et sur les interventions utilisés dans les soins et services dispensés aux personnes atteintes de cette maladie. Le premier objectif spécifique était d’effectuer une synthèse des preuves scientifiques portant sur l’ensemble des facteurs de risque associés au développement et à la progression de l’AG. Le deuxième objectif spécifique était de recenser les outils d’évaluation utilisés lors de la réadaptation des personnes souffrant d’AG et de les documenter en regard de leur pertinence et de leurs qualités métrologiques. Enfin, le troisième objectif spécifique était d’effectuer une synthèse des preuves scientifiques portant sur les interventions proposées aux personnes souffrant d’AG.
L’approche adoptée a été celle de la revue systématique ou critique de la littérature scientifique. Des stratégies de recherche pour chacun des objectifs spécifiques ont été adoptées dans le but de répertorier la littérature pertinente dans diverses bases de données électroniques (MEDLINE, SCOPUS, AMED, etc.) et des recherches manuelles ont également été menées. Enfin, une synthèse des meilleures preuves a été faite à partir des études de bonne qualité (objectifs spécifiques 1 et 3) et de l’ensemble des études jugées d’intérêt (objectif 2) et est présentée dans le présent rapport. Les résultats détaillés présentés sous forme de tableaux récapitulatifs se retrouvent dans un document distinct (disponible sur le site du REPAR/FRQS hyperlien).
En ce qui concerne l’objectif spécifique 1, il a été établi que l’avancement en âge, le fait d’être une femme, l’obésité et des valeurs élevées de l’indice de masse corporelle (IMC), le travail à genou ou accroupi et la manutention de charges importantes, les activités physiques d’intensité élevée pratiquées sur une longue période et une haute densité minérale osseuse sont les facteurs de risque les plus importants de l’AG. Pour ces facteurs, les preuves ont été de modérées à solides. Beaucoup d’hétérogénéité interétudes a été relevée en ce qui a trait à la caractérisation de l’exposition.
Pour ce qui est de l’objectif 2, la validité de critère d’une mesure clinique de l’alignement du genou à l’aide d’un inclinomètre est démontrée. Les sous-échelles de douleur de la majorité des questionnaires algofonctionnels possèdent une bonne validité et une bonne fidélité. Certains outils, comme le Intermittent and Constant Osteoarthritis Pain (ICOAP), s’avèrent toutefois intéressants pour apprécier des aspects plus spécifiques, comme la douleur intermittente et la douleur constante. Concernant les fonctions articulaires et musculaires, le concept de patron capsulaire de Cyriax n’est pas validé alors que les méthodes d’évaluation de la force musculaire isométrique et isocinétique de personnes atteintes d’AG sont fiables. Les résultats de notre étude confirment la robustesse des qualités psychométriques (qui sont de l’ordre de bonne à excellente) de plusieurs outils servant à évaluer les composantes Activité et/ou Participation, notamment le Western Ontario and McMaster Universities Osteoarthritis Index (WOMAC), l’Oxford Knee Score (OKS), le Patient Function Numerical Rating Scale (NRS) et le Lequesne Algofunctional Index (LAI). Enfin, le Work Limitations Questionnaire (WLQ) montre de bons résultats de consistance interne de même que de validité de contenu et de construit lors de la mesure des effets de l’AG sur les performances au travail. Cependant, le WLQ a une réponse au changement plus faible que la Work Instability Scale for Rheumatoid Arthritis (RA-WIS).
En ce qui concerne l’objectif spécifique 3, l’exercice physique a montré un niveau d’efficacité pouvant aller jusqu’à modéré; celui-ci doit être pratiqué régulièrement afin de préserver les effets positifs en regard de la douleur et de la fonction. Les injections d’acide hyaluronique sont efficaces pour soulager la douleur : leur action n’est ni immédiate, ni durable. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont des effets analgésiques intéressants, mais sont accompagnés d’effets secondaires notables. En ce qui concerne les suppléments, la thérapie électrique, l’acupuncture, la chaleur, le froid, les orthèses et la thérapie au laser, les preuves quant à leur efficacité respective sont souvent contradictoires ou reposent sur des études de faible qualité et peu homogènes.
En guise de conclusion, pour l’objectif 1, les constats que nous avons tirés rejoignent dans l’ensemble ceux des auteurs de revues systématiques et de méta-analyses publiées antérieurement. Toutefois, la force des preuves scientifiques aurait probablement été plus importante pour certains facteurs de risque si les façons de caractériser l’exposition avaient été plus homogènes. Dans la même veine, le rôle de quelques facteurs de risque aurait pu être clarifié si plus d’études observationnelles de bonne qualité avaient été trouvées à leur sujet. Si dans l’ensemble nous avons pu faire un portrait assez exhaustif des facteurs associés au développement de la maladie, on ne peut en dire autant des facteurs liés à sa progression. Pour ce faire, davantage d’études de cohorte auraient été requises.
Pour l’objectif 2, nous reconnaissons qu’il y a grand intérêt dans la validation transculturelle de questionnaires algofonctionnels et pour les études de validation d’outils de mesures procurant un score global à partir de la somme des scores de plusieurs dimensions ou catégories de la classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (CIF). Bien que ces outils soient pour la plupart valides et fidèles, plusieurs sont génériques. Nous sommes portés à conclure qu’il existe un besoin de développer ou valider des outils qui seront plus efficaces pour mesurer chacune des catégories de la CIF. Ceci s’applique particulièrement aux composantes Activités et Participation.
Pour l’objectif 3, un constat peut être dégagé : à l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement ou de thérapie miracle pour les personnes aux prises avec l’AG. L’exercice est très certainement à recommander; celui-ci devra être pratiqué régulièrement afin de préserver les effets positifs y étant associés. Les injections d’acide hyaluronique sont efficaces, mais leur action n’est ni immédiate, ni durable. Les AINS ont des effets analgésiques importants, mais il s’agit d’une solution viable à court terme qui est de surcroît accompagnée d’effets secondaires notables. De ce fait, différentes modalités de traitement doivent être envisagées dans une prise en charge efficace de l’AG. Cela rejoint des points soulevés dans plusieurs guides de pratique reposant sur des revues de la littérature.
Abstract
Osteoarthritis is a chronic disease characterized by progressive degeneration of the cartilage and subchondral bone, resulting in pain, functional limitations and long-term disability. The weight-bearing joints are especially vulnerable to developing the disease, but knee osteoarthritis (OA) is more likely to cause functional disabilities. Although the disease is mainly found in people aged 65 and up, the Public Health Agency of Canada estimates that the prevalence of knee OA in people aged 55 to 64 was 66% in 2026. This anticipated growth in prevalence is a serious concern given that osteoarthritis is one of the most important chronic diseases in terms of using health care services. Knee OA has many adverse social and economic impacts. These data highlight the importance of proposing more efficient knee OA management throughout the care and services continuum (prevention-treatment-rehabilitation).
In current evidence-based practice trends, clinicians and managers are increasingly required to consult the scientific literature in order to propose better interventions to clients. This disease has given rise to a considerable number of publications in a variety of research areas. It has become difficult for people who provide care and services to knee OA patients to make sense of such an abundance of information and use it effectively.
The general objective of this project was to develop a synthesis of knowledge on risk factors for knee OA, evaluation tools and care and services for people with the disease. The first specific objective was to produce a synthesis of scientific evidence on all risk factors associated with the development and progress of knee OA. The second specific objective was to identify evaluation tools used in the rehabilitation of knee OA patients and analyze their relevance and metrological characteristics. The third specific objective was to produce a synthesis of scientific evidence on intervention options for knee OA patients.
The approach used was a systematic or critical review of the scientific literature. Research strategies were adopted for each specific objective in order to identify the relevant literature in various electronic databases (MEDLINE, SCOPUS, AMED, etc.). Manual searches were done as well. Lastly, a synthesis of best evidence was done based on high-quality studies (specific objectives 1 and 3) and all studies considered of interest (objective 2) and is presented in this report. Summary tables of detailed results are found in a separate document (available at the site of the REPAR/FRQS hyperlink).
For specific objective 1, it was determined that advanced age, being female, obesity and high body mass index (BMI), working in a kneeling or squatting position and handling heavy loads, high-intensity physical activities performed over a long period and high bone mineral density are the most significant risk factors for knee OA. The evidence for these factors was moderate to strong. Significant inter-study heterogeneity was found in the characterization of exposure.
For objective 2, the criterion validity of a clinical measurement of knee alignment using an inclinometer was demonstrated. The pain subscales of most of the algofonctional questionnaires have good validity and reliability. Some tools, such as the Intermittent and Constant Osteoarthritis Pain (ICOAP), are useful for assessing more specific aspects such as intermittent and constant pain. For joint and muscle function, the concept of Cyriax’s capsular pattern has not been validated, whereas methods for measuring the isometric and isokinetic muscle strength of knee OA patients are reliable. The results of our study confirm the robustness of the psychometric properties (which are good to excellent) of several tools for assessing the Activity and/or Participation components, specifically the Western Ontario and McMaster Universities Osteoarthritis Index (WOMAC), the Oxford Knee Score (OKS), the Patient Function Numerical Rating Scale (NRS) and the Lequesne Algofunctional Index (LAI). Lastly, the Work Limitations Questionnaire (WLQ) scored well for internal consistency and content and construct validity in measuring the effects of OAK on work performance. However, the WLQ is less responsive to change than the Work Instability Scale for Rheumatoid Arthritis (RA-WIS).
As for specific objective 3, physical exercise has been shown to be up to moderately effective; it must be practiced regularly in order to maintain its positive effect on pain and function. Hyaluronic acid injections are effective in relieving pain: their action is neither immediate nor lasting. Non-steroidal anti-inflammatories (NSAIDs) are good painkillers, but have significant side effects. As for supplements, electric therapy, acupuncture, heat, cold, ortheses and laser therapy, evidence of their respective effectiveness is often contradictory or based on low-quality or non-homogeneous studies.
In conclusion, for objective 1, our findings are consistent overall with those of the authors of previously published systematic reviews or meta-analyses. However, the scientific evidence probably would have been stronger for certain risk factors if the methods of characterizing exposure had been more consistent. Likewise, the role of several risk factors could have been clarified if more high-quality observational studies had been found on the subject. Although overall we were able to develop quite a comprehensive profile of factors associated with the development of knee OA, the same cannot be said for progression-related factors. This would have required more cohort studies.
For objective 2, we recognize that there is great interest in cross-cultural validation of algofonctional questionnaires and studies to validate measurement tools that provide an overall score based on the sum of scores in several dimensions or categories of the international classification of functioning, disability and health (ICF). Although most such tools are valid and reliable, several are generic. This indicates a need to develop or validate tools that will be more effective for measuring each ICF category. This applies especially to the Activities and Participation components.
For objective 3, one finding emerges: at present, there is no miracle treatment or therapy for people suffering from knee OA. Exercise is definitely recommended and must be practiced regularly to maintain its positive effects. Hyaluronic acid injections are effective, but their action is neither immediate nor lasting. NSAIDs are effective painkillers but are viable only in the short term and, furthermore, have serious side effects. Accordingly, different treatment options should be considered for effective management of knee OA. This is consistent with the points raised in many practice guides based on literature reviews.
ISBN
9782896318339
Mots-clés
Ostéoarthrite, Osteoarthritis, Genou, Knee, Critère de risque, Hazard criteria, Diagnostic, Diagnosis, Traitement médical, Medical treatment, Douleur, Pain
Numéro de projet IRSST
2010-0013
Numéro de publication IRSST
R-892
Citation recommandée
Gaudreault, N., Durand, M.-J., Moffet, H., Hébert, L., Hagemeister, N., Feldman, D., . . . Maynard-Paquette, A.-C. (2015). Literature review of risk factors, evaluation instruments, and care and service interventions for knee osteoarthritis (Rapport n° R-892). IRSST.