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Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2019

Langue

Anglais

Résumé

Les fontaines biologiques appelées fontaines de biodégradation ou simplement biofontaines contiennent des dégraissants qui renferment des bactéries dont la tâche est de dégrader, par minéralisation, les salissures hydrocarbonées (huiles et graisses). Les fabricants de dégraissants pour biofontaines affirment que les microorganismes utilisés dans leurs préparations sont inoffensifs puisqu’ils se classent dans le groupe de risque 1; ils se référent alors à la classification des microorganismes en quatre groupes de risque infectieux. Cependant, des auteurs ont identifié plusieurs bactéries du groupe 2 (risque infectieux modéré pour la personne, mais faible pour la communauté) dans les liquides des biofontaines, par exemple Pseudomonas aeruginosa. Aucune donnée métrologique n’était toutefois disponible pour évaluer le risque d’exposition par inhalation des travailleurs. Cette recherche visait à combler cette absence de données.

Cinq biofontaines ont fait l’objet d’une surveillance durant un an. Tous les deux mois, des prélèvements de bioaérosols y ont été effectués en utilisant des impacteurs à un étage de marque Andersen et des cassettes en polystyrène à trois sections. Des échantillons de 50 mL de liquide dégraissant ont été prélevés dans un tube stérile à partir des biofontaines. De plus, lors de la première visite, un échantillon de 50 mL de liquide vierge, qui n’a jamais été utilisé, a été prélevé directement du contenant de dégraissant pour chacune des biofontaines. Les différents prélèvements ont servi au dénombrement des bactéries cultivables et à leur identification, soit directement par incubation des géloses provenant des impacteurs Andersen, soit par l’étalement de 200 µL de l’extrait provenant du filtre de polycarbonate ou des échantillons de liquide. Différentes méthodes ont été utilisées pour l’identification bactérienne : coloration différentielle de Gram, épreuve catalase, test d’oxydase, plaques d’identification Microscan, analyse du profil en acides gras et analyses au spectromètre de masse.

Le suivi annuel des liquides des cinq biofontaines a permis de mesurer des concentrations de microorganismes cultivables variant de 3,6 x 104 à 2,6 x 107 UFC/mL. Soixante espèces bactériennes y ont été identifiées. Ces espèces appartiennent aux groupes de risque 1 et 2; la présence de bactéries à Gram positif et négatif a aussi été notée. Plusieurs genres bactériens ont été dépistés dont Bacillus, Pseudomonas, Citrobacter, Burkholderia, Staphylococcus et Stenotrophomonas. En revanche, dans les liquides inutilisés des cinq biofontaines, seule l’espèce Bacillus subtilis a été détectée. Les biofontaines sont donc rapidement colonisées par différents microorganismes exogènes comme Pseudomonas aeruginosa. Le danger d’un contact cutané est principalement lié à l’infection de plaies ou encore à l’ingestion involontaire, par exemple, en portant sa main à la bouche ou en portant à la bouche des objets contaminés. Des mesures d’hygiène individuelle rigoureuses, dont le lavage des mains avant et après l’utilisation des biofontaines, ainsi que le port de gants sont donc nécessaires.

Cette étude a établi que les travailleurs utilisant une biofontaine étaient très faiblement exposés aux bioaérosols. Alors que les niveaux d’intervention recommandés pour une exposition professionnelle aux bioaérosols sont de l’ordre de 104 UFC/m³, les concentrations moyennes ambiantes mesurées durant cette étude étaient toutes inférieures à 480 UFC/m³. En outre, l’utilisation d’une soufflette pour sécher les pièces dégraissées dans les biofontaines ne fait pas augmenter de façon appréciable l’exposition des travailleurs aux microorganismes cultivables. Aucune protection respiratoire n’est donc recommandée lors de l’utilisation des biofontaines.

Abstract

Biological degreasing stations, also called bioremediating parts-washing systems, biological parts washers or simply biowashers, use a degreasing agent containing bacteria that break down fats, oils and greases (FOG) by mineralization. The manufacturers of these agents claim the microorganisms used are harmless, since they are classified as Risk Group 1 according to the four-group infection risk ranking system. Some researchers, however, identified a number of Risk Group 2 bacteria (moderate individual risk, low community risk), such as Pseudomonas aeruginosa, in biological degreasing station solutions, but no metrological data were available for assessing the occupational risk of exposure through inhalation. The purpose of this study was to provide such data.

Five biological degreasing stations were monitored for a year. Bioaerosols were sampled every two months using an Andersen single-stage impactor and three-piece polystyrene filter cassettes. Sterile tubes were used to collect 50-mL samples of degreasing fluid from the biological degreasing stations. In addition, for each biological degreasing station, a 50-mL sample of unused degreaser was collected straight from its container at the first visit. The samples were used to count and identify culturable bacteria, either directly by incubation of the agar medium from the Andersen impactors or using 200-µL smears of extracts from the polycarbonate filter or the liquid samples. Several methods were used to identify the bacteria: Gram staining, catalase test, oxidase test, MicroScan plate reading, fatty acid profile analysis and mass spectrometry analysis.

The year-long monitoring of liquids from the five biological degreasing stations demonstrated that culturable microorganism concentrations ranged from 3.6 x 104 to 2.6 x 107 CFU/mL. Sixty species of bacteria classified as Risk Group 1 or Risk Group 2 were identified, including Gram-positive as well as Gram-negative bacteria. Several bacteria genera were found, including Bacillus, Pseudomonas, Citrobacter, Burkholderia, Staphylococcus and Stenotrophomonas, though only the species Bacillus subtilis was found in the unused solutions for all five biological degreasing stations. In other words, the biological degreasing stations were rapidly colonized by exogenous microorganisms such as Pseudomonas aeruginosa. The main risk with skin contact is wound infection or accidental ingestion—should the mouth come in contact with the hand or with a contaminated object, for example. Strict personal hygiene measures, including wearing gloves and hand-washing before and after using the biological degreasing station, are therefore necessary.

This study shows that workers using a biological degreasing station have very low exposure to bioaerosols. While recommended intervention levels for occupational exposure to bioaerosols are around 104 CFU/m³, the average ambient concentrations measured during this study were all below 480 CFU/m³. Moreover, use of an air blower to dry parts degreased in the biological degreasing stations did not significantly increase worker exposure to culturable microorganisms. No respiratory protection is therefore recommended during biological degreasing station use.

ISBN

9782897970529

Mots-clés

Dégraissage, Degreasing, Évaluation de l'exposition, Exposure evaluation, Microorganisme, Microorganism, Dégraissant, Degreasing agent, Aérosol, Aerosol, Échantillonnage dans l'air, Air sampling, Atelier d'entretien, Maintenance shop, Toxicité par inhalation, Inhalation toxicity, Québec, Biofontaine, Nettoyant bactérien

Numéro de projet IRSST

2014-0022

Numéro de publication IRSST

R-1045

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