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Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2012

Langue

Français

Résumé

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) touchent chaque année plus de 45 000 travailleurs québécois dans tous les secteurs d’activité. Dans un modèle de représentation biopsychosocial des TMS, la question des croyances des principaux acteurs sociaux à propos de l’incapacité et la douleur est fondamentale pour le processus de réadaptation. Plusieurs intervenants de la santé, employeur ou assureur, croient que l’employé ne doit pas se présenter au travail avant d’être complètement rétabli de sa blessure. Paradoxalement, d’autres croient qu’il n’existerait qu’un rapport ténu entre l’absence au travail et la douleur. À notre connaissance, encore peu de travaux se sont intéressés à l’association entre douleur perçue et statut de travail. C’est pour combler en partie cette lacune que nous avons entrepris cette étude.

Le but de cette étude était de mieux comprendre l’association de l’évolution de l’intensité de la douleur perçue par la personne ayant un TMS avec son statut du travail et la réintégration de ses activités habituelles. Les questions spécifiques étaient : (1) Quels sont les profils d’évolution de l’intensité de la douleur chez les travailleurs souffrant de TMS? (2) Quelles sont les différences entre les profils d’évolution de l’intensité de la douleur lorsque l’on considère les variables sociodémographiques (âge, sexe, pathologie, nombre de semaines d’absence du travail), le statut du travail et la réintégration des activités habituelles?

Une étude rétrospective sur des données recueillies entre 1997 et 2009 dans l’unité clinique du CAPRIT (Centre d’action en prévention et réadaptation de l’incapacité au travail) a été effectuée. Cette étude a utilisé une banque de données contenant des renseignements cliniques sur des travailleurs ayant suivi le programme de réadaptation au travail PRÉVICAP, ainsi que des informations récoltées aux suivis à un et trois ans après le programme. Des analyses de classification hiérarchiques (hierachical cluster analysis) et en nuées dynamiques (k-meansclustering) et des mesures d’association statistiques (chi-carré et ANOVA) ont été utilisées pour analyser les données.

Des analyses de classification par profils de l’évolution de l’intensité de la douleur ont été créées à partir des données de 107 travailleurs ayant reçu le programme PRÉVICAP et ayant répondu aux suivis à un et trois ans. Des associations significatives entre le statut de travail à un et trois ans, la réintégration des activités habituelles et les profils d’évolution de l’intensité de la douleur ont pu être observées. Les travailleurs qui ont eu une diminution de l’intensité de la douleur ont un taux d’emploi et une réintégration des activités habituelles plus élevés au suivi de trois ans que ceux qui ont eu une augmentation de la douleur dans le temps. Il semblerait donc que l’évolution de la perception de l’intensité de la douleur est liée au statut de travail.

Abstract

Musculoskeletal disorders (MSDs) affect more than 45,000 Québec workers every year in all activity sectors. In a biopsychosocial model of MSDs, the issue of the beliefs held by the main stakeholders about disability and pain is central to the rehabilitation process. Many health professionals, employers, and insurers believe that injured employees should not return to work until they have completely recovered from their injury. Paradoxically, others believe that only a tenuous relationship exists between work absence and pain. To the best of our knowledge, little work has focused to date on the correlation between perceived pain and work status. This study sought to fill that gap.

The aim of the study was to gain a better understanding of the correlation between the evolution of pain intensity perceived by an individual with an MSD and his work status and reintegration into his usual activities. Two specific questions were addressed: (1) what are the profiles of pain intensity evolution in workers with MSDs, and (2) what are the differences in the profiles of pain intensity evolution when sociodemographic variables (age, gender, pathology, number of weeks of work absence), work status, and reintegration into usual activities are taken into account.

A retrospective study was done using data collected between 1997 and 2009 in the clinical unit of the Centre d’action en prévention et réadaptation de l’incapacité au travail (CAPRIT, or Centre for Action in Work Disability Prevention and Rehabilitation). This study drew on a database containing clinical information on workers who had participated in the PRÉVICAP rehabilitation program, as well as information gathered in the follow-ups performed at one and three years post-program. Hierarchical cluster analyses, k-means cluster analyses, and statistical correlation measures (chi-square and ANOVA) were used for the data analysis.

Cluster analyses by profile of pain intensity evolution were performed using data on 107 workers who had taken part in the PRÉVICAP program and in the one- and three-year follow-ups. Significant correlations were observed between work status at one and three years post-program, reintegration into usual activities, and profiles of pain intensity evolution. The workers who experienced a decrease in their pain intensity had a higher rate of employment and of reintegration into their usual activities at the three-year follow-up than those whose pain increased over time. It would appear therefore that the evolution of perceived pain intensity is related to work status.

ISBN

9782896316236

Mots-clés

Troubles musculosquelettiques, Musculoskeletal disease, Maintien en emploi, Job maintenance, Réadaptation, Rehabilitation, Recherche sur la douleur, Research on pain, Québec

Numéro de projet IRSST

0099-8260

Numéro de publication IRSST

R-744

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