Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2007

Langue

Français

Résumé

Problématique de santé et sécurité du travail et objectifs spécifiques :

Les élagueurs effectuent les travaux d'entretien des arbres. Leurs principales tâches sont l'émondage, l'élagage et l'abattage. Les méthodes d'accès à l'arbre sont les nacelles, les échelles, les grimpettes lors de l'abattage et les cordes. Les principaux risques sont les coupures par la scie à chaîne, les chutes de hauteur, la surdité, l'électrocution et les maux de dos. Les principaux employeurs sont les municipalités, les entreprises de distribution d'électricité (Hydro-Québec, Hydro-Sherbrooke, Hydro-Joliette, etc.) et les entreprises d'arboriculture qui sont souvent sous-traitantes des premières. Les travailleurs sont regroupés au sein de syndicats, généralement le SCFP dans les municipalités et chez Hydro-Québec (local 1500) et de la FTQ construction (local 1676) pour les travailleurs des entrepreneurs privés. Les risques liés aux chutes sont toujours présents lorsqu'on travaille dans un arbre. La réglementation est très claire à ce sujet : il y a obligation de protection pour tout travailleur exposé à une chute de plus de trois mètres. Les équipements de protection ont considérablement évolué en diversité et en qualité depuis les cinq dernières années; il est donc permis de croire que des solutions sont possibles. Les entreprises d'arboriculture ont un taux de cotisation de 20,60 $ (1999), alors que le taux de cotisation moyen au Québec en 1998 est de 2,47 $, celui du forage à forfait dans les mines de 16,46 $ et celui du montage de charpentes métalliques de 30,18 $. Le taux de cotisation illustre la très forte incidence des lésions professionnelles en arboriculture.

L'objectif du projet de recherche est de réduire les risques de chutes en revoyant les méthodes de travail et les équipements de positionnement pour augmenter la protection contre les chutes de hauteur.

Méthode :

Dans le cadre de cette étude, des évaluations expérimentales ont été effectuées pour mesurer l'efficacité, la fiabilité et la convivialité de plusieurs types de systèmes individuels de positionnement et de protection contre les chutes. L'efficacité et la fiabilité ont été évaluées par des essais mécaniques en laboratoire. Les évaluations de la convivialité ont été effectuées essentiellement dans un environnement contrôlé, vraisemblablement dans des boisés urbains et des parcs de la région de Montréal. Plus particulièrement, il s’agissait d'évaluer la perception psychophysique (niveau de l'effort occasionné, niveau de mobilité et niveau de sécurité globale de l'activité), les réactions physiologiques (rythme cardiaque) des élagueurs et l'activité musculaire des principaux muscles impliqués. Des arbres avec des architectures typiques ont été utilisés.

Résultats – grandes lignes :

Un harnais adapté au travail des élagueurs a été identifié; une fiche technique le décrivant a été produite. Ce harnais possède des cuissardes et plusieurs points d’attache frontale à la hauteur du bassin. Une attache dorsale est présente pour le travail à la nacelle et le sauvetage.

Les différents systèmes d’accès à l’arbre ont été examinés pour identifier le plus approprié selon le travail dans l’arbre et l’architecture de l’arbre. L’efficacité, soit la capacité d’arrêter une chute ou de réduire les forces maximums d’arrêt, a été évaluée par des essais mécaniques conformes aux normes CSA en protection contre les chutes. Par la suite, les systèmes qui ont rencontré les exigences des normes ont été évalués par des élagueurs en situations de travail simulées. Les perceptions des élagueurs ont été recueillies autour de critères comme la sécurité, le confort, la nuisance, l’appréciation globale, etc. Ainsi, les évaluations ont permis de classer les systèmes par ordre de pertinence pour une situation donnée.

Enfin, le niveau de protection antichute selon les situations et les systèmes est discuté. Cette discussion met en lumière l’amélioration significative de la protection contre les chutes.

L’utilisation de nœuds de type Prussik est courante en élagage. Les essais qui ont été réalisés dans cette étude l’ont été sur des cordes neuves avec des nœuds correctement faits. Pour déterminer la fiabilité de ces techniques, il est recommandé de faire des essais sur des nœuds trop serrés, correctement serrés et lâches et de faire des essais sur des cordes usagées.

Résultats – résumé :

Nacelle :

Le lien de retenue actuel est perçu comme étant le plus sécuritaire et un des plus confortables. Par ailleurs, un lien de longueur fixe crée fréquemment un mou suffisant pour que le lien interfère avec d’autres équipements. L'enrouleur-dérouleur installé à la ceinture du harnais semble être le meilleur compromis entre le confort et la sécurité à offrir au travailleur puisque ce système n’est pas en conflit avec les boyaux hydrauliques et la nacelle tout en offrant une mobilité plus grande que le lien de retenue actuel.

Harnais :

Les bretelles d’un harnais ne sont une source d’inconfort puisque le confort au niveau des épaules ne démontrait pas de différence significative entre le port des bretelles croisées élastiques par rapport aux deux ceintures qui ne possédaient pas de bretelles.

Au niveau des hanches, le port de cuissards permet une plus grande liberté de mouvement des membres inférieurs tout en donnant un bon support durant les suspensions en corde. De plus, les cuissards ne s’avèrent pas accrochants dans les branches et sont légers.

Les appréciations demeurent toujours positives pour l’utilisation d’un harnais complet tant pour les élagueurs expérimentés avec un harnais que les novices.

Si une sangle extensible est disponible, il est préférable de demeurer avec la configuration la plus simple possible (croisée) et le matériau extensible.

Essais mécaniques :

Tous les nœuds de corde ont arrêté la chute d’une masse de 100 kg lorsque testés comme un coulisseau selon la norme CSA-Z259.2.1-1998. Cependant, la validité des résultats des nœuds se limite à une corde neuve de même diamètre, de même état, avec des nœuds exécutés et serrés correctement par un spécialiste.

Dans les « nœuds » mécaniques, le I’D offre une résistance résiduelle acceptable. Sa conception est telle que peu importe les mouvements intempestifs de panique (positions extrêmes des 2 côtés, relâchement du système) de l’utilisateur, il bloque la corde. À cause de cette caractéristique, le I’D est recommandé.

Le protège-cambium (friction saver) avec absorbeur d’énergie a montré une réduction de la force maximum d’arrêt de 50 %. Ce produit en développement lors des essais montre donc tout le potentiel de réduction de la force maximum d’arrêt, force qui est supportée par l’élagueur et la fourche d’ancrage.

Les dispositifs étrangleurs faits à partir d’un protège-cambium et d’autres équipements d’élagage ont montré une performance comparable au Pole Chocker lorsque testé dans les mêmes conditions. Le Pole Chocker est certifié en vertu de la norme CAN/CSA-Z259.14.01.

Systèmes et méthodes d’accès à l’arbre et de travail dans l’arbre :

Lors d’une ascension avec l’aide du tronc, les résultats démontrent une préférence marquée des systèmes mécaniques par rapport aux nœuds conventionnels. Cette préférence s’explique par le peu de friction des systèmes mécaniques avec la corde lors des mouvements d’ascension.

Lorsque l’ascension se fait de manière libre, la technique utilisant les membres inférieurs (footlock) est préférée aux niveaux de la pénibilité et de l’appréciation globale.

Durant une longue ascension, les travailleurs disent unanimement que l’utilisation d’un système mécanique est plus efficace qu’un nœud de corde. Cependant, la majorité des travailleurs affirment que ces types de systèmes ne sont pas adaptés aux travaux de tous les jours et que leurs utilisations se limitent seulement à de longues ascensions.

Pour une ascension faite dans la ramure et avec le système préinstallé, l’introduction du ID comme équipement de travail demandera une démonstration de sa fiabilité aux travailleurs parce que ce système était perçu moins sécuritaire probablement parce qu’il est nouveau et qu’il est opéré par une deuxième personne, bien qu’il bloque la corde peu importe la réaction de l’opérateur (fail safe). Certains systèmes mécaniques sont très appréciés pour la montée, mais craints pour la descente en raison du peu de contrôle. Ainsi, les systèmes à nœud demeurent peut-être la meilleure solution.

Les essais d’ascensions avec l’aide de la ramure ont démontré qu’un nœud de corde était aussi, sinon plus, apprécié et perçu plus sécuritaire qu'un système mécanique. Un nœud à deux points d'ancrage est intéressant puisque le nœud ne doit pas être défait à chaque franchissement d'obstacle.

Les commentaires des travailleurs nous démontrent une appréciation de la poulie tendeur pour les installations à deux points d'ancrage tels le nœud Blake et le nœud Distel.

L’appréciation globale des différents systèmes lors du travail à l’éperon démontre une préférence pour le système I’D, car le contrôle du système de protection contre les chutes est assuré par un collègue au sol permettant au travailleur de se concentrer pleinement sur son ascension ou son travail à exécuter.

Le système de type « Gri Gri » n’est pas recommandé puisque ce système est principalement destiné à un usage récréatif comparativement au système I’D. De plus, les essais mécaniques ont montré la supériorité du I’D.

Protection contre les chutes : positionnement et arrêt de chute

L’objectif du projet de recherche est de réduire les risques de chutes en revoyant les méthodes de travail et les équipements de positionnement pour augmenter la protection contre les chutes de hauteur.

Ascension au footlock :

Bien que la corde d’ascension soit unique sans qu’une deuxième corde offre la protection contre les chutes (arrêt de chute), le risque de défaillance est très peu probable et même si un glissement des pieds avec un relâchement des mains simultanément survient, les forces sont très faibles. Permettre l’utilisation d’une corde unique lors de l’ascension au footlock est une exemption semblable à celle accordée aux monteurs de lignes de transport d’énergie dans le Code de sécurité pour les travaux de construction (S-2.1, r.6, a 2.10.12 (6)). Une fois que l’élagueur a accédé à l’arbre au footlock, une deuxième corde d’ascension devrait être installée dans une deuxième fourche avec son protège-cambium absorbeur d’énergie. Cette deuxième corde servirait en situation d’urgence pour secourir un élagueur suspendu dans l’arbre.

Déplacements dans la ramure de l’arbre :

Si les branches sont rapprochées, l’élagueur utilise ses deux mains et ses deux pieds pour grimper d’une façon semblable à grimper une échelle. Si la structure de l’arbre est moins dense, par exemple un feuillu urbain, l’élagueur utilise alors la corde d’ascension. Elle devient alors une corde antichute (arrêt de chute).

Travail dans l’arbre :

Le travail dans l’arbre nécessite l’utilisation d’objets tranchants comme l’émondoir, la scie, la scie mécanique (la scie à chaîne), etc. L’utilisation de deux cordes devient nécessaire, par exemple, la corde d’ascension et la corde de travail ou longe ajustable. Une corde remplit la fonction de positionnement et une autre corde, la fonction d’arrêt de chute; la redondance nécessaire est assurée. La fonction de chaque corde change selon la posture, mais en tout temps une corde assure le positionnement et une autre corde, l’arrêt de chute; la protection contre les chutes est toujours assurée.

Grimpage à l’éperon :

Les systèmes de positionnement auxquels est greffé un étrangleur qui se referme automatiquement autour de l’arbre s’il y a une chute, offrent une protection équivalente à celle offerte aux monteurs de lignes sur poteaux de bois qui utilisent son équipement conforme à la norme CAN/CSA-Z259.14-01. Les équipements qui utilisent une corde d’ascension et un bloqueur I’D avec un 2e élagueur au sol, offrent une protection complète, car la corde et le I’D sont un système d’arrêt de chute indépendant du positionnement assuré par les mains et les grimpettes (éperons) de l’élagueur.

Travail à l’éperon :

Lorsque l’élagueur utilise un outil tranchant, deux cordes doivent être utilisées. Un premier système par exemple, assure le positionnement; un deuxième système, sous le premier, assure la redondance, les deux possèdent un étrangleur, advenant que le premier soit coupé, le deuxième maintient l’élagueur.

ISBN

9782896311460 (PDF)

9782896311453 (version imprimée)

Mots-clés

Arboriculture, Protection contre les chutes de hauteur, Protection against falls from heights, Organisation de la prévention, Safety and health organisation, Travail en hauteur, Work at height, Essai du matériel, Equipment testing, Équipement de protection individuelle, Personal protective equipment, Ceinture harnais et corde de sécurité, Belt harness and lifeline, Nacelle de travail, Aerial device, Nouage, Knotting, Grimpette, Climber, Technique d'escalade, Climbing technique, Méthode de travail et sécurité, Safe working method

Numéro de projet IRSST

0099-0250

Numéro de publication IRSST

R-505

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