Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2003

Langue

Français

Résumé

L’objectif de cette recherche est double. Premièrement, il s'agit d’analyser si et en quoi le processus d’implantation d’ISO a un impact sur la performance en SST d’une entreprise. Deuxièmement, l'étude tente d’établir un profil comparatif des similarités et des différences dans les objectifs, les motifs ainsi que les modalités stratégiques d’implantation d’ISO selon le niveau de performance en SST, de façon à mettre en évidence les meilleures pratiques actuelles en ce domaine.

Ce projet de recherche est à caractère empirique; à partir d’un échantillon contrôle (ISO/NON-ISO) de 317 entreprises, 230 entrevues téléphoniques ont été réalisées, complétées par des 28 entrevues sur le terrain. Les trois principales dimensions de l’étude portaient sur 1) le processus ISO : objectifs, motifs stratégiques et stratégies d’implantation, 2) les variables médiatrices : caractéristiques internes, pratiques générales de gestion et sous-système SST et 3) le niveau de performance en SST tel qu’il est mesuré par le taux d’incidence et l’indice de gravité. Le taux de réponse a été de 72,5 %.

Pour le premier objectif de recherche, les résultats de tests bivariés (T de Student, Wilcoxon, analyse de covariance) sur la différence entre les niveaux de performance en SST selon que l’entreprise soit certifiée ISO ou non, n’ont pas fait ressortir de différences significatives entre les deux groupes de l’échantillon, ni sur le taux d’incidence ni sur l’indice de gravité, lorsque celui-ci est corrigé pour l’effet de taille.

Pour le deuxième objectif, le profil général de l’échantillon des entreprises ISO est celui d’entreprises rentables (71,7 %), fonctionnant à plus de 85 % de leur capacité, de plus de 20 ans d’existence (65,5 %), dont les relations de travail sont bonnes/assez bonnes (60,9 %), la participation moyenne (44,3 %) et le taux de roulement faible (71,7 %). Les diverses analyses statistiques des résultats sur les différences possibles dans les conditions et les pratiques d’implantation dans les entreprises ISO montrent que les principaux facteurs étant reliés à une différence significative de niveau de performance en SST sont le niveau d’exportation de l’entreprise, la qualité des relations de travail, le taux d’absentéisme, les assignations temporaires, le niveau et les difficultés de contrôle des coûts d’implantation d’ISO, le nombre de niveaux hiérarchiques impliqués et le niveau de profit de l’entreprise.

L’ensemble des résultats ne permet pas de conclure que les entreprises certifiées ISO ont un niveau de performance significativement supérieur aux entreprises non certifiées au sein de notre échantillon, ou qu’il y ait un profil distinct d’ensemble de conditions et de caractéristiques d’entreprise qui soit associé à une performance supérieure en SST en matière de certification ISO. Diverses voies d’explication de ces résultats sont possibles. D’une part, les résultats montrent qu’il y a peu ou pas d’intégration des préoccupations SST lors de l’implantation ISO, ce qui expliquerait que la dynamique de l’un n’influence pas la performance de l’autre. D’autre part, le contexte et les pressions réglementaires en SST au Québec ces dernières années ont fait que l’ensemble des entreprises manufacturières ont eu à revoir et professionnaliser leur gestion des opérations, ceci par une approche plus intégrée des activités de fabrication créant, par effet d’entraînement, un rehaussement des conditions et des pratiques de gestion en SST. Si tel est le cas, les résultats sur les conditions et les pratiques d’implantation mettraient en évidence les extrêmes positifs et négatifs des profils de ces dernières, selon que l’entreprise ait un fort taux d’exportation, de bénéfice, etc. qui témoignent d’une gestion supérieure dans l’ensemble, ou qu’elle soit en moins bonne position financière avec des relations de travail difficiles, une difficulté de contrôle des coûts, etc. qui témoignent d’un plus grand dysfonctionnement d’ensemble. Il semble alors que pour la majorité des entreprises, la certification ISO n’est pas l’élément déterminant de professionnalisation. Une voie différente d’explication tient aux indicateurs utilisés. Ces indicateurs sont de nature historique et à caractère accidentel plutôt que préventifs. Ils mesurent les résultats en termes d’accidents et non en termes d’activités de prévention. Si tel est le cas, cela suggère que ces indicateurs, bien qu’importants et formels, ne permettent pas pour autant, de par leur caractère relié aux fins accidentelles, de circonscrire les améliorations dans les moyens d’opération qui ont une incidence préventive directe ou indirecte et qui auraient avoir eu pour impact de limiter et de réduire le nombre d’incidents ainsi que leur gravité. Sur ce point les entrevues sur terrain ont permis de constater le caractère plus ou moins courant de telles pratiques. Dans une perspective des recherches futures relativement aux améliorations des performances en SST des entreprises québécoises, il serait utile d’élargir la notion ainsi que les cibles de mesure de performance en SST pour une entreprise pour inclure des mesures d’activités de prévention, comme il en existe présentement et qui, par définition, sont de nature autre et même antagonique aux mesures accidentelles. Comme suite de recherche et de valorisation future auprès des entreprises, la priorité devrait être d’identifier et de promouvoir les moyens qui favorisent une meilleure intégration des préoccupations de SST dans la dynamique et le contenu du processus de certification ISO.

Mots-clés

Contrôle de la qualité, Quality control, Normalisation, Standardisation, Santé et sécurité du travail, Occupational health and safety, Entreprise, Business, Enquête, Survey, Déclaration des accidents du travail, Notification of occupational accidents, Taux de fréquence, Frequency rate, Taux de gravité, Severity rate, Québec

Numéro de projet IRSST

0097-0060

Numéro de publication IRSST

R-327

Partager

COinS