Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2020

Langue

Français

Résumé

Selon les intervenants de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), presque 50 % des travailleurs touchés par une lésion professionnelle sur l’île de Montréal seraient issus de l’immigration (ou de groupes ethnoculturels) (CNESST, 2010). Il ne s’agit que d’une estimation, puisque les indicateurs ethnoculturels tels que le pays de naissance, la langue maternelle ou autres ne sont pas des données colligées par la CNESST. Dans le cadre du projet de l’IRSST intitulé Comprendre le processus de réadaptation et de retour au travail dans le contexte des relations interculturelles (Côté et al., 2017), travailleurs, employeurs, cliniciens et intervenants de la CNESST ont été interrogés au sujet des obstacles et des facilitateurs relatifs au retour au travail. Pour le volet clinicien et intervenant de la CNESST, des stratégies ont été identifiées, ainsi que des besoins en matière de développement de compétences interculturelles (CI). Selon les intervenants, l’acquisition de compétences interculturelles peut faciliter la communication interculturelle par les habiletés relationnelles, la capacité d’écoute et de compréhension. La présente recherche a pour objectif le développement du contenu d’un outil d’aide à l'amélioration des compétences interculturelles des intervenants de la CNESST à partir d'une démarche de coconstruction. Cette étude prévoit : la coconstruction d’un outil d’aide à la communication interculturelle pour les intervenants de la CNESST (objectif 1), la documentation du processus de coconstruction de l'outil d'aide à la communication interculturelle (objectif 2) et l’évaluation du développement des compétences interculturelles d’un groupe d’intervenants de la CNESST (objectif 3).

Un groupe de travail, composé de dix intervenants (conseillers en réadaptation, agents d’indemnisation) et d’un animateur, un groupe de validation composé de quatorze intervenants (conseillers en réadaptation, agents d’indemnisation) ainsi qu'un comité directeur, se sont réunis sur une base régulière pendant environ dix-huit mois dans la perspective de la recherche collaborative et suivant une approche de coconstruction. Pour atteindre l’objectif général de cette recherche, plusieurs approches méthodologiques et outils de collectes de données ont été utilisés. Tout d’abord, pour répondre à l’objectif 1, a) la recherche collaborative (Desgagné, Chené et Roy, 1997) et b) la méthode des situations en contexte interculturel (Apedaile et Schill, 2008; Mutha, Allen et Welch, 2002; Van Staalduinen, Towle, Godolphin et Laing, 2003; White et Gratton, 2017). Pour répondre à l’objectif 2, c) l’observation participante lors de chacune des rencontres avec le groupe de travail et le comité directeur. Puis, pour répondre à l’objectif 3 sur le développement de la compétence interculturelle, d) les questionnaires : Intercultural Effectiveness Scale (IES) (Portalla et Chen, 2010) et Intercultural Sensitivity Scale (ISS) (Chen et Starosta, 2000) ont été appliqués aux intervenants et e) un groupe de discussion (avec le comité directeur).

La coconstruction visait à la fois à définir la forme de l’outil d’aide à la communication interculturelle, son contenu et les objectifs pédagogiques. Comme le processus n’était pas prédéterminé, cette recherche a permis d’identifier les étapes charnières, les différents enjeux qui ont pu ralentir et les facteurs qui ont rendu possible la construction d’un outil d’aide à la communication interculturelle. Grâce à cette recherche, il a été possible de mesurer l’évolution de la compétence interculturelle des intervenants à partir de trois instances d’observation : a) le groupe de travail composé des professionnels de l’indemnisation et de la réadaptation; b) le comité de direction composé de gestionnaires, et c) un groupe de validation composé de professionnels de l’indemnisation et de la réadaptation.

L’étude montre l’importance d’intégrer les trois dimensions individuelle, collective et organisationnelle dans la définition de la compétence interculturelle et dans la mise en œuvre d’une démarche collaborative et réflexive de ce type de compétence dans les organisations en santé et sécurité du travail (SST). Elle fait ressortir en outre l’importance de certaines thématiques servant de base aux échanges : le sens du travail, le sens de la douleur et de la capacité de travail, la surqualification, les différentes logiques ou parcours d’insertion en emploi pour les immigrants. Ces thèmes définissent de grands enjeux de société qui débordent largement le cadre d’exercice des professionnels de la réadaptation au travail, mais demeurent essentiels pour comprendre la problématique complexe de la SST et des travailleurs immigrants.

Abstract

According to the OHS practitioners at the Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), nearly 50% of workers with an occupational injury on the island of Montreal are immigrants (or from ethnocultural minority groups) (CNESST, 2010). This is an estimate only, as the CNESST does not collect data on ethnocultural indicators such as country of birth or mother tongue. In the context of the IRSST project titled Understanding the process of rehabilitation and returning to work in the context of intercultural relations (Côté et al., 2017), workers, employers, clinicians and CNESST practitioners were interviewed on the subject of factors hindering and facilitating the return to work. Strategies implemented by clinicians and CNESST practitioners were identified, as well as their needs in terms of developing intercultural competencies. According to the practitioners interviewed, acquiring intercultural competencies can facilitate intercultural communication by improving their interpersonal and active listening skills and their understanding. The aim of this study was to develop content for a support tool designed to improve the intercultural competencies of CNESST practitioners by means of a co-construction process. This study involved co-constructing an intercultural communication support tool for these practitioners (objective 1), documenting the co-construction process used (objective 2), and evaluating the development of intercultural competencies in a group of CNESST practitioners (objective 3).

Three groups ‒ a working group composed of 10 practitioners (rehabilitation counsellors and compensation agents) and a facilitator, a validation group comprising 14 practitioners (rehabilitation counsellors and compensation agents), and a steering committee ‒ each met on a regular basis over an 18-month period to conduct collaborative research using a co-construction approach. Several methodological approaches and data collection tools were used to achieve the study’s general objective. First, for objective 1, (a) collaborative research (Desgagné, Chené and Roy, 1997) and (b) the methodology of intercultural situation workshops (Apedaile and Schill, 2008; Mutha, Allen and Welch, 2002; Van Staalduinen, Towle, Godolphin and Laing, 2003; White and Gratton, 2017) were used. For objective 2, (c) participant observation was used during each meeting of the working group and of the steering committee. Next, for objective 3 concerning the development of intercultural competency, (d) the Intercultural Effectiveness Scale (IES) (Portalla and Chen, 2010) and Intercultural Sensitivity Scale (ISS) (Chen and Starosta, 2000) questionnaires were administered to the practitioners, and (e) a focus group was held (with the steering committee).

The aim of the co-construction process was to define the form that the intercultural communication support tool should take, as well as its content and pedagogical objectives. As the process was not pre-determined, the study identified the key steps involved, the various issues that might have slowed it down, and the factors facilitating the construction of the intercultural communication support tool. The study measured the progression in the practitioners’ intercultural competency in three observational forums: (a) the working group composed of compensation and rehabilitation professionals; (b) the steering committee composed of managers; and (c) a validation group comprising compensation and rehabilitation professionals.

The study shows the importance of integrating the three dimensions ‒ individual, collective and organizational ‒ into the definition of intercultural competency and into the implementation of a collaborative and reflective process on this type of competency in occupational health and safety (OHS) organizations. It also highlights the importance of certain themes serving as the basis for discussion: the meaning of work, pain and work capacity; overqualification; and the different work reintegration patterns or trajectories of immigrants. These themes define major societal issues that extend far beyond the practice framework of work rehabilitation professionals, but they nonetheless remain essential if we are to understand the complex problem of OHS as it affects immigrant workers.

ISBN

9782897971229

Mots-clés

Travailleur immigrant, Immigrant worker, Maintien en emploi, Job maintenance, Communication, Variable culturelle, Cultural variable, Migration, Formation à la prévention, Safety and health training

Numéro de projet IRSST

2016-0044

Numéro de publication IRSST

R-1101

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