Type de document
Rapports de recherche scientifique
Année de publication
1990
Langue
Français
Résumé
1. Rappel des objectifs de recherche
Dans le cadre d'une analyse de détermination de l'ampleur des coûts indirects des accidents du travail, mesurer la relation existant entre les coûts indirects et les coûts directs.
Subséquemment à cette étape, proposer un cadre de référence théorique de détermination des coûts indirects et, suite à une analyse empirique multi-variée, tester la validité du cadre de référence proposé.
Finalement, proposer et diffuser auprès des intervenants d'autres méthodes d'estimation des coûts indirects permettant une plus grande fiabilité.
2. Méthodologie de recherche
La population visée est celle des accidents du travail avec pertes de temps qui se sont produits au Québec entre les mois d'avril et août 1988. L'envoi postal a été effectué auprès de 583 établissements de 100 employés et plus dans 13 des 15 secteurs des 3 groupes prioritaires de la CSST. Les secteurs "Administration public" et "Transport" ont été exclus de l'échantillon. L'échantillonnage a été effectué sur la base de la fréquence et de la gravité des accidents de chaque établissement. Un taux de réponse de 25, 9% a permis de recueillir 311 questionnaires provenant de 151 établissements.
Les variables indépendantes retenues pour fins d'analyse sont:
- les caractéristiques de l'entreprise (taille de l'établissement, secteur d'activité économique, taille du département où s'est produit l'accident, % d'utilisation de la capacité de production);
- les caractéristiques de l'accidenté (âge, formation requise);
- les caractéristiques de la lésion (nature, siège, gravité).
3. Résultats
Une première analyse bi-variée indique clairement l'existence d'une relation entre les coûts indirects et les coûts directs. Le ratio CI/CD moyen obtenu est de 0, 83. Il varie toutefois considérablement selon le secteur.
L'analyse multi-variée a permis d'améliorer sensiblement la fiabilité de l'estimation. L'équation obtenue peut se lire:
C. I. Moyens = (secteurs économiques)
- - 167, 01 + 0, 32 (Taille de l'établissement)
- - 707, 17 (Bâtiments et travaux pub. ) - 314, 27 (Mines et car. )
- - 876, 95 (Scierie) - 114, 40 (Produits et métal)
- - 874, 63 (Bois et meuble) - 532, 11 (Caout. et mat. plast. )
- - 758, 98 (Equip, de transp. ) - 601, 31 (Prem. transf. des métaux)
- - 436, 53 (Prod. min. non métal. ) - 550, 19 (Alim. et boissons)
- - 304, 14 (Pâtes et papier)
- + 4, 83 (Utilisation de la capacité de production)
- + 9, 62 (Age du travailleur accidenté)+ 66, 45 (Jours perdus) - 0, 84 (Jours perdus)
4. Discussion
Bien qu'un ratio de 0, 83: 1 puisse sembler un peu faible, il correspond néanmoins aux plus récents résultats de recherche dans le domaine. Ces résultats confirment que les conclusions de l'étude de Heinrich, effectuée à une autre époque (1926) et dans un autre contexte, ne peuvent être appliquées au Québec de 1989.
La seconde analyse indique clairement l'importance de considérer les variables: taille de l'établissement, secteur d'activité économique, % d'utilisation de la capacité de production, âge du travailleur et nombre de jours perdus dans l'estimation des coûts indirects. Il semble cependant que la taille du département, la nature et le siège de la lésion n'aient pas d'influence sur l'ampleur de ces derniers.
5. Conclusion
L'étude permet en premier lieu de confirmer l'existence de coûts indirects substantiels. Les employeurs ne peuvent plus ignorer cette réalité et la prise en compte de ces coûts devient un élément primordial dans l'établissement de la rentabilité de l'investissement en prévention.
Concernant l'utilisation d'un multiplicateur des coûts directs afin d'estimer les coûts indirects, les résultats permettent de justifier les doutes déjà émis au début de l'étude sur la fiabilité d'un tel instrument. La considération des autres variables proposées conduit à l'établissement d'une formule beaucoup plus précise basée sur des données empiriques. L'élaboration d'un modèle multi-varié a permis de démontrer la pertinence de considérer plusieurs variables lors de l'estimation des coûts indirects.
6. Retombées éventuelles
Au niveau scientifique, le nouveau modèle d'explication se doit maintenant d'être testé pour d'autres populations d'accidents dans l'optique de valider l'instrument. Ainsi, différentes études de cas pourraient être effectuées dans des secteurs spécifiques. Par ailleurs, la connaissance de l'ensemble des coûts des accidents du travail permet, dans le cadre d'une démarche globale d'évaluation des coûts de la santé et de la sécurité au travail, d'estimer de façon plus précise la rentabilité exacte de l'investissement en prévention.
Sur le plan appliqué, il devient maintenant possible pour les gestionnaires d'estimer précisément l'ampleur de leurs coûts indirects. Cette estimation peut s'effectuer par l'utilisation de l'équation ou par l'emploi de tables de coûts indirects.
Enfin, la diffusion des résultats est une étape cruciale de notre démarche. Des contacts seront établis auprès des associations sectorielles en santé et sécurité, des organisations syndicales et des médias. De plus, près de 150 établissements ayant participé à l'enquête recevront prochainement un résumé de l'étude.
Mots-clés
Coût des accidents du travail, Cost of occupational accidents, Enquête par questionnaire, Questionnaire survey, Québec, Modèle, Model, Organisation de l'entreprise, Business organization, Cause d'accident, Cause of accident, Lésion corporelle, Injury, Différence liée à l'âge, Age difference, Qualification
Numéro de projet IRSST
0087-0200
Numéro de publication IRSST
R-044
Citation recommandée
Brody, B., Létourneau, Y. et Poirier, A. (1990). Les coûts indirects des accidents du travail (Rapport n° R-044). IRSST. https://pharesst.irsst.qc.ca/rapports-scientifique/917
