Type de document

Rapports de recherche scientifique

Année de publication

2024

Langue

Français

Résumé

Chaque année, de nombreux travailleurs ont de la difficulté à retourner au travail en raison d'une incapacité. L’incapacité au travail due à un problème de santé, lorsqu’elle persiste dans le temps, a des répercussions importantes pour les travailleurs, mais aussi pour leurs employeurs. Bien qu’il existe des interventions reconnues efficaces pour favoriser la reprise du travail, une des barrières est liée à la capacité du clinicien à établir une relation soutenante avec la personne en absence. Il existe une approche de communication qui soutient la relation, mais celle-ci est encore peu implantée dans la pratique courante en réadaptation.

L’objectif général de cette étude visait ainsi à rendre une façon de communiquer plus accessible et opérationnalisée aux cliniciens travaillant en contexte de réadaptation au travail pour personne ayant un trouble musculosquelettique. Pour cela, il a fallu élaborer un modèle logique de l’entretien motivationnel et ensuite évaluer sa faisabilité, à savoir s’il est utilisable par les cliniciens et acceptable pour les travailleurs.

D’abord, un consensus d’experts-cliniciens en réadaptation au travail a été recherché, afin d’obtenir un modèle suffisamment détaillé. Celui-ci devait inclure les effets à atteindre, les activités à réaliser et les outils pour soutenir la réalisation des activités prévues dans le modèle. Malgré ce niveau de détail, les experts ont recommandé de développer une trousse de formation permettant d’illustrer le modèle détaillé, avec des vidéos de cas types de travailleurs avec qui les cliniciens ont plus de défis de communication. Les outils ont aussi été illustrés avec des exemples s’appliquant à la réadaptation au travail.

Dans un deuxième temps, l’étude a permis d’explorer si le modèle de l’entretien motivationnel (EM) pour le contexte de la pratique de la réadaptation au travail opérationnalisé par sa trousse de formation est utilisable par des cliniciens pour des travailleurs en réadaptation au travail pour un trouble musculosquelettique et d’établir les recommandations de modifications pour l’améliorer. Les cliniciens devaient premièrement consulter la trousse de formation sur un site Web gratuit et s’exercer. Deuxièmement, chacun devait faire l’expérimentation de l’EM avec un « patient simulé ». Il s’agissait d’une personne formée pour simuler un patient et réagir à l’interaction avec le clinicien formé. Cette expérimentation était évaluée par des experts en entretien motivationnel. Leur analyse et leur rétroaction étaient transmises à chaque clinicien, pour qu’ils puissent avoir une rétroaction objective de leur capacité à réaliser l’EM et plus facilement établir lors de l’entrevue individuelle leur avis sur l’utilisabilité de la trousse et les recommandations de modification dans la trousse. La majorité des cliniciens participants ont mentionné explicitement être satisfaits de la trousse de formation, en général. Les autres ont rapporté plusieurs éléments qu’ils ont aimés. Les capsules vidéo, les verbatims des capsules illustrant certaines composantes de l’EM, le modèle logique de l’EM, les outils proposés pour mettre en pratique l’EM et le jeu-questionnaire à la fin de la formation pour mesurer les compétences acquises permettent de bien saisir l’esprit de l’EM.

Pour l’exploration de l’acceptabilité avec les travailleurs, ceux-ci ont été rencontrés pour obtenir leur avis, après avoir visionné deux vidéos illustrant l’approche. Les participants avaient tous un trouble musculosquelettique. Ils étaient à différents moments de leur réadaptation au travail (début du programme à récemment terminé). Ils avaient en moyenne six mois de délai entre leur événement et la rencontre. En visionnant une illustration de l’EM avec une ergothérapeute et une travailleuse, ces personnes ont globalement perçu l’EM positivement. L’EM avait beaucoup de sens pour la majorité des participants. Par exemple, les participants ont nommé que l’approche était sécurisante et réduisait l’isolement. Ils ont aussi vu la possibilité de se sentir plus outillés et soutenus dans leur cheminement. Ils mentionnent, entre autres, que les décisions et les objectifs semblent davantage émerger des travailleuses dans la vidéo. Les reflets de la clinicienne sur les vidéos permettaient de mieux faire réfléchir et accepter sa condition. L’avantage perçu était que cette façon de communiquer pourrait favoriser leur ouverture.

En conclusion, la retombée de cette étude est d’avoir un modèle et une trousse de formation pour opérationnaliser l’EM pour le contexte de la pratique de la réadaptation au travail. Concernant la faisabilité, globalement, les cliniciens ont jugé l’opérationnalisation, c’est-à-dire la trousse, utilisable avec quelques modifications. L’EM a aussi été jugée acceptable par les travailleurs. La prochaine étape sera de tester son implantation. Une adaptation pour le système d’assurance pourrait également être une avenue.

Abstract

Every year, many workers struggle to return to work due to a work-related disability. When a work disability caused by a health problem persists over time, it has major repercussions for workers, but also for their employers. While a number of interventions are known to be effective in promoting the return to work, one remaining obstacle relates to the clinician’s ability to establish a supportive relationship with the person who is off work. There is a communication approach conducive to this supportive relationship, but it is still very little used in current rehabilitation practice.

The general objective of this study was therefore to make this particular communication approach – known as motivational interviewing (MI) – more readily accessible by operationalizing it for clinicians working in the work rehabilitation context with people who have a musculoskeletal disorder (MSD). This required developing a logic model for MI and then evaluating its feasibility, i.e. to determine whether it is usable by clinicians and acceptable to workers.

First, a consensus was sought among expert clinicians in work rehabilitation in order to obtain a sufficiently detailed model. The model had to include the outcomes to be achieved, activities to be carried out, and tools for supporting implementation of the activities identified. Despite this level of detail, the experts recommended developing a training toolkit to illustrate the detailed model, with videoclips showing typical cases of workers with whom clinicians experience greater communication challenges. The use of the tools was also illustrated through examples applicable to work rehabilitation.

Second, the study explored whether the MI logic model for the work rehabilitation context operationalized through its training toolkit is usable by clinicians with workers doing rehabilitation for an MSD. It also sought recommendations for changes that would improve the model. The participating clinicians first had to consult the training toolkit on a free website and familiarize themselves with it. Next, they had to try using it with a ‘simulated patient.’ The latter was a person trained to act like a patient and to react to the interactions with the trained clinician. This trial run was evaluated by MI experts. Their analysis and feedback were passed on to each clinician (1) to provide objective feedback on the latter’s ability to conduct MI and (2) to make it easier to elicit, during one-on-one interviews with them, their opinions on the usability of the toolkit and their recommendations for any changes. The majority of the participating clinicians explicitly expressed their overall satisfaction with the training toolkit. The others reported a number of elements that they liked. They said that the videoclips, the scripts of the videoclips illustrating certain components of MI, the MI logic model, the tools proposed for putting MI into practice, and the quiz at the end of the training for measuring the skills acquired helped them gain a deeper understanding of the “spirit” of MI.

Workers were met, after they had watched two videoclips illustrating the approach, to obtain their opinions on the acceptability of MI. All the participants had an MSD, but were at different stages in their work rehabilitation (ranging from having recently started to recently completed the program). An average of six months had elapsed between the disability-triggering event and our meeting with the workers. Their viewing of an illustration of MI involving an occupational therapist and a worker left them with a generally positive perception. The MI approach made a lot of sense for most of the participants. For example, they stated that the approach felt safe and could reduce the worker’s sense of isolation. They also noted that the worker might feel better equipped and supported in their rehabilitation process. Among other things, they mentioned that the decisions made and goals pursued in the video seemed to emerge from the workers. They felt this would help the workers to better accept and reflect on both their condition and the observations offered by the clinician in the videos. They perceived this way of communicating as having the advantage of encouraging the worker to open up.

In conclusion, the benefit of this study is that it provides a logic model and training toolkit that operationalizes MI for work rehabilitation practice. The clinicians generally regarded the operationalization (i.e. the toolkit) as feasible, with a few changes. MI was also considered acceptable by the workers. The next step will be to test its implementation. Adaptations to the insurance system could also be an avenue for future study.

ISBN

9782897973049 (PDF)

Mots-clés

Réadaptation, Rehabilitation, Troubles musculosquelettiques, Musculoskeletal disease, Communication verbale, Speech communication, Maintien en emploi, Job maintenance, Motivation, Relations humaines, Human relations, Comportement humain, Human behaviour, Attitude mentale

Numéro de projet IRSST

2019-0025

Numéro de publication IRSST

R-1205-fr

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